Interdictions rapides et réussies au Manitoba et au Nouveau-Brunswick
Janvier 2005 - No 55
Alors que le gouvernement du Québec tarde à préciser les améliorations qui seront apportées à la Loi sur le tabac, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba goûtent déjà aux bienfaits d’un air exempt de fumée. Dans ces deux provinces, l’usage du tabac est interdit à l’intérieur de tous les lieux publics depuis le 1er octobre 2004. Malgré quelques contestations, les nouvelles règles semblent plutôt bien respectées.
Nouveau-Brunswick
Bien qu’il soit encore tôt pour se prononcer définitivement sur le sujet, on constate que la plupart des gens respectent la Loi sur les endroits sans fumée, affirme Lynn Ann Duffley, directrice des questions d’intérêt public et communications à la division néo-brunswickoise de la Société canadienne du cancer.
« Il est évident que certaines personnes trouvent cela difficile, admet-elle. Mais, en se promenant dans les rues, on remarque plusieurs petits groupes de fumeurs sur les trottoirs, ce qui indique que les gens vont maintenant à l’extérieur pour fumer. »
« Au niveau des restaurants, il n’y a pas de problème, je pense que la loi a été acceptée autant par les propriétaires que par le public, indique le directeur général de l’Association de l’industrie touristique du Nouveau-Brunswick, Réal Robichaud. Toutefois, en ce qui concerne les bars, certains tenanciers nous ont dit avoir enregistré des pertes de revenus allant de 15 à 40 %. »
« On constate que l’entrée en vigueur de la loi a eu moins d’impact dans les zones urbaines que dans les régions rurales, mais avant de tirer des conclusions hâtives, on va attendre l’été prochain afin de voir ce qui en est vraiment », poursuit M. Robichaud.
Manitoba
Du côté du Manitoba, Andrew Loughead, analyste des politiques au ministère de la Santé, confirme que l’entrée en vigueur de l’amendement à la Loi sur la protection de la santé des non-fumeurs s’est passée sans trop d’anicroches.
Dans cette province, les médias furent toutefois plus nombreux à rapporter le mécontentement des propriétaires de bars. Certains ont même avancé qu’ils envisageaient de se regrouper pour contester le règlement.
« On a eu des problèmes avec un établissement en particulier qui défiait la loi, avoue M. Loughead. Toutefois, il s’agit d’un cas isolé et il fait actuellement face à plusieurs chefs d’accusation. »
Quelques fumeurs se plaignent de devoir sortir à l’extérieur par temps froid, « mais ça fait partie de la période d’adaptation », assure le représentant du gouvernement. Bien que des sanctions soient prévues pour les fumeurs en infraction, aucune contravention ne leur avait été remise en novembre. « On préfère mettre la responsabilité sur les épaules des tenanciers plutôt que sur celles des fumeurs », explique M. Loughead. Ceux-ci s’exposent à des amendes pouvant aller de 500 à 3 000 dollars, dans le cas d’une première offense.
Des outils pour changer d’air
Afin de faciliter leur passage vers des environnements sans fumée, les gouvernements du Nouveau-Brunswick et du Manitoba ont tous les deux instauré une ligne sans frais permettant de recueillir les commentaires et interrogations de la population. Au cours des six semaines suivant l’entrée en vigueur de la loi néo-brunswickoise, environ 25 appels ont été reçus. Le ministère de la Santé et du Mieux-être du Nouveau-Brunswick et Santé Manitoba ont également doté leur site Internet respectif d’une « foire aux questions » afin de renseigner les internautes d’une manière plus générale.
« Même si les fumeurs et les commerçants auront besoin de quelques mois pour s’ajuster, dit Mme Duffley, l’important est que tous les travailleurs soient maintenant protégés des toxines contenues dans la fumée de tabac. »
Josée Hamelin