La ministre McLellan priée de veiller à l’interdiction des cigarettes « légères »

Nommée ministre de la Santé du Canada par Jean Chrétien lors du remaniement du 15 janvier, Anne McLellan a rapidement été priée de mener à terme l’interdiction des appellations trompeuses des cigarettes. Ce projet avait été entrepris rondement par son prédécesseur Allan Rock, lequel vient d’être muté au ministère de l’Industrie.

Le 24 janvier, durant la Semaine nationale sans fumer, cinq organismes de santé ont souligné à Mme McLellan que des millions de fumeurs Canadiens continuent d’être trompés par les termes rassurants de leurs paquets de cigarettes, tels que «douces» ou «légères».

L’Association dentaire canadienne, l’Association pour les droits des non-fumeurs (ADNF), la Fondation canadienne des maladies du cœur, les Médecins pour un Canada sans fumée et la Société canadienne du cancer (SCC) ont rappelé à la ministre les réflexions d’un groupe international d’experts qui s’étaient penchés, à Gatineau en août dernier, sur la problématique des cigarettes dites «légères». «La première conclusion du groupe, a indiqué Lyne Deschênes de la SCC, c’est que les cigarettes légères et douces ne sont pas plus sécuritaires que les régulières. »

Malgré cette intervention publique, les organismes antitabac ne s’inquiètent pas outre mesure de la nomination d’Anne McLellan. «Il est normal que l’équipe de la ministre prenne environ un mois pour s’installer et se familiariser avec ses nouveaux dossiers, a commenté Francis Thompson de l’ADNF. Nous avons un préjugé favorable envers Mme McLellan car, déjà au ministère de la Justice, elle a dû croiser le fer avec l’industrie du tabac, concernant la poursuite à propos de la contrebande et la défense en cour de la Loi sur le tabac. » Analyste des politiques à Ottawa, M. Thompson est satisfait du passage d’Allan Rock à Santé Canada. «Nous espérons que les actions antitabac de M. Rock se basaient sur une volonté générale du cabinet libéral, et non pas sur ses opinions personnelles », soupèse-t-il.

Le message à la nouvelle ministre sur les cigarettes légères a coïncidé avec la publication du rapport des délibérations du groupe d’experts, un attrayant volume de 84 pages intitulé Mettre fin au mensonge. Rédigé par le Conseil canadien pour le contrôle du tabac et disponible dans les deux langues, ce document abondamment illustré devient un outil de base pour l’interdiction des appellations trompeuses, non seulement au pays mais dans le monde entier.

À Santé Canada, on procède présentement à l’analyse de la consultation tenue préalablement à l’élaboration d’un règlement qui bannirait les termes controversés. Les parties intéressées ont eu jusqu’au 14 janvier pour soumettre leurs mémoires. On peut s’attendre à ce que l’industrie du tabac mette à l’épreuve la volonté politique du gouvernement sur ce sujet, à la suite du départ d’Allan Rock.

Denis Côté