La Coalition réclame un resserrement des règles qui entourent la vente des cigarillos

Inquiète de la consommation grandissante des cigarillos chez les jeunes, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) demande à Québec et Ottawa de mieux circonscrire leur vente. Par le biais de plaintes, déposées auprès des deux paliers de gouvernement à la mi-octobre, elle suggère une série de mesures destinées à rendre ce produit moins attrayant.

Alors que certains se vendent pour aussi peu que 1,20 $ chacun, ces petits cigares aromatisés, dont la taille et la forme rappellent étrangement celles de la cigarette, ont la cote auprès des adolescents. Malgré la baisse du tabagisme constatée au cours des dernières années, leur consommation de cigares (qui inclut celle des cigarillos, faute d’études spécifiques sur le sujet) a augmenté de plus de 30 % entre 1998 et 2004. Selon la dernière Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, 18 % des jeunes auraient déjà expérimenté le cigare. Bien que les mineurs n’aient théoriquement pas le droit d’acheter de tabac, près d’un détaillant sur trois accepte de leur en fournir.

Selon des données de Santé Canada, les ventes québécoises de cigares et de cigarillos auraient fait un bond de plus de 300 % entre 2000 et 2005, passant de 20,27 millions d’unités vendues à plus de 83,5 millions. Le coordonnateur de la CQCT, Louis Gauvin, est persuadé que l’essor de ce marché correspond à l’accroissement de la promotion dont bénéficient les cigarillos depuis trois ans.

Saveurs ajoutées : goût masqué

Il est difficile de croire qu’un produit à saveur de cerise, de vanille ou de cannelle, portant parfois la mention sweets, puisse être nocif pour la santé, mais c’est pourtant le cas, avise la Coalition. Même si plusieurs fumeurs de cigares et de cigarillos n’inhalent pas la fumée (se contentant de la garder en bouche pour ensuite l’expirer), le National Cancer Institute américain considère qu’ils s’exposent à peu près aux mêmes risques de cancers et de maladies coronariennes que les consommateurs de cigarettes.

Des recherches sur l’initiation tabagique révèlent que c’est pour rendre les premières bouffées moins irritantes que les compagnies de tabac ajoutent des saveurs à leurs produits. Afin d’éviter que les jeunes en fassent les frais, la CQCT souhaite qu’un règlement les empêche d’en insérer dans les cigarillos, ou qu’à tout le moins, la mention de l’arôme ne puisse plus figurer sur les emballages.

Un sondage effectué ce printemps par la firme Environics Research Group, pour le compte de Santé Canada, révèle que 70 % des Canadiens considèrent que les compagnies de tabac ne devraient pas avoir le droit d’ajouter de saveurs à leurs produits, notamment parce qu’elles représentent un attrait pour les jeunes.

Un pas vers la dépendance

En vertu des lois fédérale et québécoise sur le tabac, il est interdit de vendre des cigarettes dans un paquet qui en contient moins de 20. Or, les cigares et les cigarillos échappent tous deux à cette règle. Pourtant, un document d’archives de British American Tobacco confirme que la vente à l’unité joue un rôle important dans le maintien de la dépendance des fumeurs pauvres, qui autrement n’auraient pas les moyens de continuer à fumer.

Avec leur saveur de friandises et leur prix de détail qui varie entre 1 $ et 2 $, les cigarillos ont tout pour plaire aux adolescents, estime la Coalition, et c’est justement pour cette raison que leur vente à l’unité devrait être interdite. « Les jeunes commencent à fumer ces petits cigares parce qu’ils sont abordables, explique Louis Gauvin, et une fois qu’ils sont dépendants, ils se tournent vers la cigarette, qui est moins dispendieuse dans les quantités nécessaires pour assouvir leurs besoins en nicotine. »

L’apposition de mises en garde aussi prépondérantes que celles qu’on retrouve sur les paquets de cigarettes et l’application des sections des lois fédérale et provinciale sur le tabac touchant la promotion des produits susceptibles de créer une fausse impression font également partie des solutions préconisées par la Coalition.

Josée Hamelin