Nouvelles brèves

Faibles taxes québécoises
La saison des budgets des gouvernements provinciaux et fédéral est de retour et, avec elle, la question des taxes sur les produits du tabac.

Ainsi, dans le budget 2012-2013 qu’il a déposé en février, le gouvernement indépendant du Nunavut a augmenté ses taxes de 8 $ pour une cartouche de 200 cigarettes.

En Colombie-Britannique, le gouvernement libéral de Christy Clark mettra fin en 2013 à la taxe de vente harmonisée (TVH) et réintroduira la taxe de vente provinciale (TVP). Le retour officiel de la TVP – réclamé par les électeurs lors d’un référendum en 2011 – permettra de maintenir le prix du tabac malgré la disparition de la TVH.

Au Québec, le budget 2012-2013 du gouvernement libéral n’inclut pas de hausse de taxe sur le tabac. Une situation que dénonce la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) : « Cela fait plus de huit ans que le Québec a augmenté de façon substantielle les taxes sur le tabac ». Résultat : les taxes québécoises sur le tabac restent les plus basses au pays. À peine 21,80 $ pour une cartouche de 200 cigarettes, contre 44,55 $ en moyenne dans le reste du Canada.

Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la santé, une hausse de 10 % du prix de vente du tabac dans les pays développés correspond à une chute d’environ 4 % du nombre de fumeurs. Au Québec, « une augmentation d’environ 8 $ la cartouche […] résulterait en plus de 38 000 fumeurs de moins, sans parler de revenus supplémentaires récurrents de l’ordre de 270 millions $ », calcule le CQCT.

Le budget Bachand prévoit toutefois quelques mesures qui rendront la fabrication, la distribution et la vente du tabac plus dispendieuses, dont « une nouvelle tarification pour l’émission des permis liés au commerce du tabac » et la hausse de « certaines amendes prévues par la Loi concernant l’impôt sur le tabac ».

31 mai : Journée mondiale sans tabac

En 2012, la Journée mondiale sans tabac se déroulera sous le thème de « L’ingérence de l’industrie du tabac ». Cette manifestation annuelle, organisée par l’Initiative pour un monde sans tabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), aura lieu le 31 mai. Cette année, la campagne visera à éduquer les responsables politiques et le grand public sur les tactiques répréhensibles de l’industrie pour promouvoir l’usage du tabac, ainsi qu’à ses efforts de plus en plus agressifs pour compromettre la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. L’industrie s’oppose notamment aux espaces extérieurs sans fumée et aux interdictions liées à la publicité.

Au cours de l’année, l’OMS encouragera vivement les pays à respecter les obligations auxquelles ils sont soumis par la Convention, à rester fermes face aux interférences de l’industrie et à exposer celles-ci dès que cela est possible. Pour souligner la Journée mondiale sans tabac, de nombreux groupes liés à la santé ou à la lutte antitabac organiseront des manifestations, des campagnes de sensibilisation et d’autres activités.

Des parcs sans fumée

Les résidants de la ville de Côte Saint-Luc, sur l’île de Montréal, ont moins de chance de voir des fumeurs depuis que la ville a adopté, en février, un règlement interdisant de fumer dans ses parcs. La ville d’Ottawa a implanté un règlement similaire quelques jours plus tard. Côte Saint-Luc et Ottawa rejoignent ainsi la ville de L’Ancienne-Lorette, dans la région de Québec, où un tel règlement est en vigueur depuis 2010.

Le règlement de Côte Saint-Luc, adopté à l’unanimité, interdit de fumer à moins de 20 mètres des terrains de jeux, des terrains de sport, des piscines et des pataugeuses. Il prohibe aussi la cigarette dans l’ensemble des parcs lors d’événements spéciaux comme la célébration de la Fête nationale du Québec.

Les contrevenants sont passibles d’une amende de 50 $ à 300 $ pour une première offense et de 100 $ à 600 $ pour une deuxième.

Mettre fin à la complicité

Les adolescents qui composent le Réseau conseil de la gang allumée (RCGA) se demandent ce que la société fait pour prévenir le tabagisme chez leurs pairs. Selon ce groupe de 16 jeunes « conseillers » du ministre de la Santé du Québec, « c’est réellement un jeu d’enfant pour un adolescent québécois de se procurer des cigarettes ».

Lors d’un point de presse le 17 janvier, quatre membres du RCGA ont annoncé la mise en ligne d’une nouvelle vidéo sur le site lagangallumee.com et sur YouTube, où les 16 jeunes « allumés » expriment leur espoir que cesse la complicité dans l’initiation des ados à une dépendance mortelle.

Quand des jeunes commencent leur expérimentation du tabagisme, alors qu’ils sont sujets à la pression des pairs et au défi de l’autorité, c’est vraiment facile pour eux de trouver des complices, veut rappeler le RCGA. Qu’il s’agisse d’un dépanneur connu pour vendre du tabac sans demander de carte d’identité, d’un adulte « cool » acceptant d’acheter pour leur compte, d’un ami qui peut s’en procurer, de produits de contrebande vendus au coin de la rue, d’un frère ou d’une soeur plus vieux, ou d’un parent désirant rendre service : « Ça suffit! », disent les jeunes allumés.

Pas de pitié pour les cigarettiers

L’industrie du tabac a essayé de l’arrêter, mais sans succès : Robert Proctor a publié, fin février, son payé de 750 pages sur les pratiques peu éthiques des grands manufacturiers de tabac, même s’il a dû investir plus de 50 000 $ de ses fonds personnels en frais d’avocat pour y arriver.

L’auteur a mis 10 ans pour rédiger Golden Holocaust: Origins of the Cigarette Catastrophe and the Case for Abolition. En effet, cet historien de l’Université de Standford a pris le temps de fouiller méticuleusement les fameux « documents secrets », c’est-à-dire ceux que l’industrie du tabac a rendus publics suite au Master Settlement Agreement, en 1998, aux États-Unis. Au total, ce sont ainsi plus de 13 millions de documents (ou quelque 70 millions de pages) qui ont été dévoilés au sujet des stratégies publicitaires, manufacturières, de marketing, de recherche et de développement des cigarettières.

Plusieurs critiques ont louangé Golden Holocaust pour avoir documenté la longue histoire de fraude de cette industrie. Mais Proctor rappelle que tout n’est pas réglé : même si le grand public connaît désormais davantage les dangers du tabac et la tromperie pratiquée par l’industrie, six trillions de cigarettes sont encore fumées chaque année tandis que six millions de personnes en meurent.

Survol des tendances

Saviez-vous qu’au Canada, en 2010, plus de la moitié (56,2 %) des fumeurs dont la consommation de tabac est quotidienne allument leur première cigarette dans les 30 premières minutes après leur réveil? Saviez-vous qu’il y avait environ cinq fois plus d’hommes qui avaient fumé un cigarillo qu’une pipe, durant les 30 jours précédant l’entrevue avec Statistique Canada?

Ces renseignements, et une foule d’autres, proviennent de l’édition 2012 du Tobacco Use in Canada : Patterns and Trends, un annuaire gratuit de 124 pages qui trace un portrait détaillé et historique de la prévalence du tabagisme, de l’usage des produits du tabac, et des comportements des fumeurs qui tentent ou non d’en finir avec leur dépendance.

Cette année, le Centre Propel de l’Université de Waterloo, en Ontario, a introduit une nouveauté : une section de 28 pages sur les principaux règlements et lois appliqués par les pouvoirs publics canadiens afin de dénormaliser les produits du tabac et de protéger les non-fumeurs. Le rapport peut être téléchargé depuis www.tobaccoreport.ca.

Y’a rien de plus dégueu
Une des nombreuses créations de la campagne primée québécoise, destinée aux 11 à 14 ans.

La campagne « Y’a rien de plus dégueu qu’une cigarette » revient pour une deuxième édition de la mi-mars au début de mai. L’initiative du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec, conçue par l’agence de publicité CART1ER, retire aux cigarettes et aux cigarillos leur aspect cool tout en utilisant le langage des jeunes.

Les fumeurs s’initient à la cigarette à 12 ans, en moyenne, rappelle le Ministère. C’est donc à cet âge qu’il faut les sensibiliser aux dangers du tabac. Concrètement, « Y’a rien de plus dégueu » propose aux jeunes de refuser avec humour les cigarettes que les fumeurs leur offrent. De répondre, par exemple, « Aurais-tu à la place une gomme à la litière de chat? Ce serait quand même moins dégueu ».

Selon le MSSS, cette campagne composée de spots télévisés, de publicités web et d’une page Facebook, entre autres, a eu un bon succès en 2011. Mentionnons que cette page Facebook a récolté près de 21 000 fans. En 2011, « Y’a rien de plus dégueu » a aussi reçu un prix Boomerang, qui récompense les meilleures communications interactives. Pour plus d’informations : www.facebook.com/degueu.

Congrès mondial contre le cancer

La Fondation québécoise du cancer, l’Université McGill et l’Université de Montréal seront les hôtes du prochain Congrès mondial contre le cancer qui aura lieu du 27 au 30 août 2012 au Palais des congrès de Montréal.

De nombreux ateliers aborderont des questions reliées au tabagisme. Par exemple, le chef du Secrétariat de la Convention-cadre sur la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé, Haik Nikogosian, résumera les avancées des deux dernières années; des conférences examineront l’article 12 (Éducation, communication, formation et sensibilisation du public) de la Convention-cadre; des ateliers s’arrêteront sur les mises en garde, sur les emballages neutres et sur l’utilisation des médias sociaux dans la lutte contre le tabagisme.

Environ 3000 participants de plus de 120 pays sont attendus à cette rencontre dont le thème est Lutter ensemble, c’est possible. S’y inscrire avant le 22 avril permet d’économiser de 10 à 30 % sur le plein tarif. Pour plus d’informations : www.worldcancercongress.org.