Des mises en garde sur chaque cigarette
Décembre 2018 - No 135
Le Canada pourrait devenir le premier pays du monde à exiger l’impression d’une mise en garde sur les cigarettes.
Imaginez qu’à chaque bouffée de cigarette, les fumeurs se heurtent à la réalité des méfaits du tabac. C’est ce qui pourrait survenir au Canada où, dans le cadre de la mise à jour des avertissements de santé sur les produits du tabac, Santé Canada songe à ajouter une mise en garde sur chaque cigarette.
Un rajeunissement attendu de longue date
À l’heure actuelle, le Canada exige seulement des mises en garde sur les emballages des produits du tabac. Les meilleures pratiques recommandent de les renouveler tous les 12 ou 18 mois. Celles qui apparaissent sur les paquets de cigarettes et de petits cigares n’ont toutefois pas été revues depuis sept ans, tandis que celles ajoutées à la plupart des autres produits du tabac célèbrent leur… 18eanniversaire ! Néanmoins, le renouvellement des mises en garde sur les produits du tabac est enfin à l’ordre du jour, à la suite de l’adoption, en 2018, de la Loi sur le tabac et les produits de vapotage, puis de la publication de la Stratégie canadienne sur le tabac. L’introduction attendue de l’emballage neutre en 2019 représente une raison supplémentaire d’aller de l’avant, note Santé Canada.
Santé Canada mène une consultation à ce sujet qui a débuté en octobre et qui se terminera le 4 janvier 2019. L’organisme fédéral y invite les Canadiens à réfléchir à tous les aspects des mises en garde, incluant leur emplacement, leur taille et leurs énoncés. Outre l’avertissement imprimé sur les surfaces principales des emballages, Santé Canada veut revoir les conseils pour se libérer du tabac qui apparaissent à l’intérieur des paquets ainsi que les énoncés sur les émissions et les constituants toxiques ajoutés sur les côtés des emballages.
27 milliards d’occasions de parler des méfaits du tabac
Imprimer un avertissement de santé sur chaque cigarette ou, encore, les minutes de vie perdues à cause d’elle est une excellente idée, estime Rob Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer. « Les Canadiens fument 27 milliards de cigarettes chaque année, dit-il. Une mise en garde sur chacune d’elle représenterait 27 milliards de messages additionnels sur les méfaits du tabac ainsi des occasions innombrables de discuter d’une information impossible à ignorer. » Cette mesure réduirait l’attractivité du produit et augmenterait les intentions de cessation, rapportent quelques études récentes, dont celle de Louise Hassan et son équipe parue en 2015 dans Tobacco Control.
Santé Canada propose de nombreuses autres idées pour renforcer les mises en garde. Par exemple, que les prospectus d’information glissés dans les emballages soient agrandis et collés au paquet pour réduire le risque qu’ils soient jetés. Les messages sur l’abandon du tabac imprimés à l’intérieur des paquets pourraient également être revus afin de leur ajouter des couleurs vives ou des dessins engageants. L’information sur les paquets au sujet du soutien à la cessation pourrait aussi être revue afin de la rendre plus visible et facilement compréhensible.
Enfin, Santé Canada souhaite que des mises en garde soient ajoutées sur les emballages de tous les produits du tabac, incluant la chicha et le tabac chauffé. L’organisme fédéral songe aussi à exiger que les avertissements de santé occupent 75 % de la surface de tous les emballages, ce qui n’est pas le cas actuellement. Comme au Québec, ces avertissements pourraient aussi occuper une surface minimale, indépendamment de la grosseur des emballages. Au bout du compte, l’ensemble de ces révisions, ajoutées aux mises en garde sur les cigarettes, changeront durablement le visage des produits du tabac et rappelleront, plus que jamais, les méfaits du tabac et les aides qui existent pour s’en libérer.
Anick Labelle