Nouvelles brèves

Recul du tabagisme

18 % de la population de 15 ans et plus au Canada fume la cigarette. Au Québec, c’est 19 % qui en fait autant. Voilà quelles sont les dernières estimations produites par Statistique Canada grâce à l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC). Ces estimations de prévalence du tabagisme, les plus basses depuis que cette enquête est menée, sont basées sur des réponses données dans la première partie de 2008 (février à juin), et sont disponibles sur le site de Santé Canada depuis le 19 janvier.

De tels résultats, précis à plus ou moins 1,6 point près, pourraient apaiser un peu le vent de pessimisme qui a soufflé dans le monde de la lutte contre le tabagisme en 2008, après la publication des résultats de 2007. L’état de la situation est nettement moins sinistre qu’au 20e siècle, en particulier au Québec. Les politiques pour prévenir l’acquisition de la dépendance au tabac et favoriser l’arrêt tabagique ont un effet. Parmi les jeunes Québécois de 15 à 19 ans, la proportion de fumeurs de cigarettes est passée de 36 % en 1999 à 17 % en 2008. Aucune autre province n’affiche une telle diminution.

La dépendance à la fumée du tabac tient cependant encore prisonniers 4,9 millions d’hommes et de femmes au Canada, dont 1,3 million au Québec : le tabagisme demeure donc un problème majeur de santé publique, sachant que l’inhalation fréquente de fumée du tabac débilite physiquement et raccourcit la vie.

 À Toronto, on ne joue plus avec la fumée

Le conseil municipal de la cité de Toronto a adopté en janvier une résolution pour interdire de fumer à proximité (neuf mètres) de ses terrains de jeu, ses pataugeoires et ses jeux d’eau récréatifs. L’interdiction entrera en vigueur quand le gouvernement provincial aura fixé le montant des amendes possibles.

Fumer accroît le risque de cancer colorectal

Fumer régulièrement augmente de 18 % le risque d’une personne d’être atteinte de cancer colorectal et de 25 % son risque d’en mourir. C’est ce qu’ont établi l’épidémiologue Edoardo Botteri, de l’Institut européen d’oncologie de Milan, et d’autres scientifiques italiens et américain, au terme d’une méta-analyse de 121 études réalisées auprès d’un total de 40 000 personnes atteintes de la maladie et de 100 000 personnes qui ne l’étaient pas.

Les résultats de la méta-analyse sont parus le 17 décembre dernier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Une consommation régulière d’alcool; une alimentation à forte teneur en viande, graisses et protéines; et un manque d’exercice continuent de figurer parmi les autres facteurs de risque de cancer colorectal.

Chimie du tabac : de la belle vulgarisation

La composition des cigarettes ou la composition de la fumée de tabac vous intrigue? Vous voudriez qu’un être cher comprenne en quelques minutes les effets de la fumée sur la santé du corps?

Depuis la mi-janvier, Santé Canada met en ligne de courtes explications illustrées et animées sur ces sujets.

Le petit cours se divise en trois sections, qu’il est préférable de regarder dans l’ordre où elles sont proposées : Du plant de tabac à la cigarette, Que se produit-il quand le tabac brûle?, et Le tabagisme, votre corps et vous! À conseiller notamment aux personnes qui croient que le tabac est un poison à cause des produits chimiques « ajoutés »…

On ne remonte pas la pente en fumant

Aux stations de ski alpin de Mont-Ste-Anne, de Mont St-Sauveur et de Stoneham, les amateurs d’air pur ne se font plus enfumer, nulle part. Les nouveaux règlements en vigueur cette saison-ci interdisent non seulement de fumer dans les bâtiments et les télécabines, mais aussi dans les files d’attente des télésièges.

Louis Gauvin et Heidi Rathjen honorés

Louis Gauvin et Heidi Rathjen, de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, ont été honorés à titre de « Non-fumeur de l’année 2008 » par l’Association pour les droits des non-fumeurs (ADNF). Le 11 décembre dernier à Montréal, en reconnaissance d’une « contribution remarquable à la santé publique », un parchemin leur a été remis par Garfield Mahood, directeur de l’ADNF, et son lieutenant québécois, François Damphousse. Mme Rathjen, directrice de campagne de la Coalition, et M. Gauvin, coordonnateur et fondateur, étaient ravis d’être ainsi récompensés par leurs pairs, MM. Mahood et Damphousse étant eux aussi des pionniers réputés dans la réduction du tabagisme.

Parrainée par l’Association pour la santé publique du Québec, la Coalition fut lancée en 1996 pour appuyer la législation québécoise contre le tabac. Elle s’est distinguée en établissant une plate-forme de revendications, maintenant endossée par plus de 700 organismes. D’ailleurs, une mise à jour complète de cette plate-forme s’effectue actuellement, compte tenu des progrès substantiels réalisés dans la lutte antitabac. Mme Rathjen et M. Gauvin sont fréquemment invités à titre de conférenciers experts de cette spécialité, non seulement au Canada mais aussi à l’étranger.

 Yves Archambault à la retraite

Professionnel au Service de lutte contre le tabagisme du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, Yves Archambault prendra sa retraite à la mi-mars. Sage et discret, M. Archambault est le doyen de son département, spécialisé en tabagisme depuis une vingtaine d’années. Au début des années 1990, il était même le seul fonctionnaire du Ministère à traiter du sujet, à temps partiel de surcroît. Depuis lors, le personnel et le budget de son secteur se sont fortement accrus.

Travaillant dans l’ombre du chef de service, Yves Archambault détient une connaissance approfondie des dossiers du tabagisme. C’est souvent lui qui préparait les allocutions de ses patrons, quand ce n’est celles du ministre. À la rencontre des intervenants tabac de juin 2008, animée par le Ministère, il s’était permis une présentation plus personnelle, non officielle, brossant le tableau de ce que pourrait être la lutte antitabac durant la prochaine décennie. L’organisme Info-tabac se joint à ses partenaires afin de remercier M. Archambault pour l’ensemble de son action, et lui souhaiter une agréable retraite si méritée.

La vague anti-étalage emporte l’Acadie

Depuis le 1er janvier, il est interdit d’exposer les produits du tabac à la vue du public dans les points de vente de la province du Nouveau-Brunswick. Le Territoire du Yukon a déjà voté une loi en ce sens qui entrera en vigueur le 15 mai. Parmi les dix provinces et trois territoires de la fédération canadienne, il ne restera alors que Terre-Neuve-et-Labrador qui autorisera encore cette pratique commerciale. Mais probablement pas pour longtemps.

De la nicotine propre dans les dépanneurs

La province de Terre-Neuve-et-Labrador a procédé dans les derniers mois de 2008 à une consultation sur son projet d’interdire prochainement l’étalage des produits du tabac aux points de vente. Le document de consultation du ministère provincial de la Santé a ouvert la possibilité qu’une législation soit en vigueur dès le 1er septembre 2009. Le gouvernement terre-neuvien propose aussi d’interdire la vente de produits du tabac dans des endroits consacrés au loisir, de restreindre la publicité dans les points de vente, et que les détaillants de tabac vendent aussi des timbres transdermiques, de la gomme, des pastilles et des inhalateurs de nicotine, afin de favoriser les tentatives de renoncement au tabac.

10e Défi « J’arrête, j’y gagne! »

C’est à compter du 1er mars, et pendant six semaines, que les participants du 10e Défi « J’arrête, j’y gagne! » doivent obligatoirement s’abstenir de fumer. Les inscriptions ont pris fin le 28 février. Parmi les quelque 260 000 participants des neuf éditions annuelles antérieures, environ les deux tiers respectaient leur engagement, selon des sondages indépendants. Au bout d’un an, la proportion de non-fumeurs s’élève entre 25 et 30 %, ce qui demeure un taux très élevé, comparativement aux tentatives solitaires, qui réussissent dans moins de 5 % des cas.

L’équipe d’Acti-menu, instigatrice du Défi, compte sur l’entraide entre les participants pour obtenir un sevrage réussi, qu’il s’agisse de duos de fumeurs qui s’épaulent, ou d’un fumeur parrainé par un non-fumeur. Elle rappelle que, selon une étude parue dans le New England Journal of Medicine au printemps 2008, les risques de rechute sont diminués de 67 % si le conjoint arrête en même temps, de 36 % s’il s’agit d’un ami et de 25 % pour un parent. Renseignements sur www.defitabac.ca.

Possession de tabac par un mineur

Depuis la mi-janvier 2009, l’Association canadienne des dépanneurs (CCSA/ACDA) de Dave Bryans et de Michel Gadbois réclame des gouvernements provinciaux ce qu’elle réclamait l’an passé du gouvernement fédéral : rendre illégale la possession de tabac par un mineur. Pour étayer sa prise de position, l’ACDA cite une étude parue dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health en octobre 2008 et basée sur une expérience dans des villes américaines.

Heidi Rathjen, directrice de campagne de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), réaffirme qu’une telle approche serait contre-productive, en plus d’être coûteuse à appliquer. La CQCT pense que de rendre la possession du tabac illégale pour un mineur ajouterait à l’affaire un aspect de risque et d’interdit qui est justement ce qui attire des adolescents susceptibles de fumer : se rebeller contre l’autorité. La possession de tabac par les jeunes de moins de 16 ans a été illégale entre 1908 et 1993, et durant ces années, le taux de tabagisme chez les mineurs a fluctué indépendamment de la loi, atteignant plus de 50 % en 1974, rappelle Heidi Rathjen.

La directrice de campagne de la CQCT observe que les ressources suffisent à peine pour veiller à l’application de la législation actuelle dans des points de vente légaux, lesquels sont immobiles et beaucoup moins nombreux que les jeunes qui fument au pays. Miser sur des enquêtes de police, les tribunaux de la jeunesse et des sanctions pénales, pour régler un complexe problème de toxicomanie, est une stratégie perdante, aux yeux d’Heidi Rathjen, et « punir les jeunes tombés dans un piège, plutôt que réduire l’attrait du tabac, n’est pas non plus une solution éthique ».

Rapport de l’INSPQ

Protéger contre la fumée, prévenir l’initiation au tabac, taxer le produit, soutenir le fumeur qui veut arrêter : toutes ces politiques sont familières aux lecteurs d’Info-tabac. Mais ont-elles des résultats?

Dans Monitorage du Plan québécois de lutte contre le tabagisme 2007, on trouve les données essentielles pour surveiller l’évolution du tabagisme, identifier les diverses stratégies utilisées et voir venir les problèmes. Publié en juin 2008 par l’Institut national de santé publique du Québec, ce document de 115 pages est le premier du genre. Il offre une perspective historique saisissante sur la lutte au tabagisme et ses échos.