Nouvelles brèves

Champix : remboursé mais surveillé

Le tartrate de varenicline, un médicament (voir Info-tabac nos 64 et 68) qui bloque l’effet de plaisir ressenti par les fumeurs, est dorénavant remboursé par le Régime d’assurance médicaments du Québec. La compagnie Pfizer, qui le commercialise sous le nom de Champix, avait soumis une demande en ce sens il y a quelques mois. Selon le Conseil du médicament – qui a suggéré au ministre de la Santé d’assurer sa couverture – il serait, du point de vue pharmacoéconomique, « une option moins coûteuse et plus efficace que le bupropion [Zyban], les traitements de remplacement de la nicotine [timbres, gommes et inhalateur] et la cessation sans assistance ».

Du côté américain, où ce comprimé est vendu sous le nom de Chantix, il est actuellement sous enquête par la FDA (Food and Drug Administration). L’agence fédérale aurait reçu plus de 5 000 plaintes de consommateurs disant avoir subi des effets secondaires différents de ceux mentionnés par le fabricant. Ces derniers pouvaient aller de pensées suicidaires à un comportement agressif, en passant par des périodes de somnolences.

Chez nous, Santé Canada avait reçu 107 rapports d’effets indésirables en association avec Champix en date du 22 novembre 2007. Parmi ceux-ci, 46 impliquaient des effets secondaires de nature psychiatrique (dépression, idées noires et agressivité). Toutefois, puisque ces données ont été recueillies par le biais de déclarations volontaires, cela ne signifie pas nécessairement que lesdits effets ont étés causés par le produit. Santé Canada évalue actuellement l’innocuité du médicament et s’il y a lieu, il avisera la population des mesures à prendre pour gérer les risques.

MCSF s’implante au Québec

L’organisme Médecins pour un Canada sans fumée (MCSF) a maintenant pignon sur rue à Montréal. Logé à même les locaux de l’Association pour la santé publique du Québec, son nouveau bureau est dirigé par Flory Doucas, qui a auparavant oeuvré à l’Association pour les droits des non-fumeurs de même qu’à la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Particulièrement intéressée aux questions de la promotion, du marketing et des nouveaux produits, Mme Doucas explique que c’est parce que le Québec demeure une plaque tournante pour l’industrie du tabac que son organisation a choisi de s’y installer.

Fondé en 1985, MCSF est un organisme de bienfaisance qui se donne pour mission de réduire les maladies liées à l’usage du tabac et de diminuer l’exposition des populations à la fumée secondaire. Il compte plus de 1 500 membres (tous médecins) partout au pays.

Cartes postales de monchoix.ca

Bien qu’il se soit montré plutôt discret au cours des derniers mois, le groupe protabac monchoix.ca – qui est financé par les trois grandes compagnies de cigarettes canadiennes – a été plutôt occupé cet automne. De la fin août au début octobre, ses membres étaient invités à envoyer des cartes postales préconçues à différents élus afin de leur faire part de certaines doléances.

Ainsi, au cours de la semaine du 26 août, ils demandaient au premier ministre canadien, Stephen Harper, de faire en sorte que la publicité télévisée de Nicorette soit retirée des ondes parce qu’ils la jugeaient « insultante » et « illégale ». Le mois suivant, c’est le chef de l’Opposition officielle du Québec, Mario Dumont, qui était sollicité. Au nom d’une « classe de gens opprimés », monchoix.ca réclamait qu’il suggère au gouvernement d’amender la Loi sur le tabac québécoise afin de permettre l’aménagement d’endroits publics réservés aux fumeurs.

Entièrement consacrée au tabagisme, la dernière édition (volume 6, numéro 1) de Drogues, santé et société – une revue scientifique multidisciplinaire publiée deux fois par année – a été lancée le 23 novembre en marge des Journées annuelles de santé publique. Né de la collaboration entre l’Institut national de santé publique du Québec et la direction de la revue, l’ouvrage de 368 pages présente 11 articles de fond sur des sujets aussi variés que la réduction des méfaits, la schizophrénie, la grossesse et la concomitance entre l’usage du tabac et de l’alcool. Plus d’une vingtaine d’auteurs incluant des médecins, des chercheurs et des gens issus du domaine de l’éducation et du milieu gouvernemental ont participé à la rédaction.

On peut télécharger les articles ou la version intégrale de la revue gratuitement au www.drogues-sante-societe.org. Quant au format imprimé, qui peut être commandé au même endroit, les individus doivent débourser 25 $ pour se le procurer tandis qu’il coûte 40 $ aux institutions, le tout excluant les frais de livraison.

Départ de Lise Talbot

Après avoir passé huit ans à la tête du Service de lutte contre le tabagisme du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, Lise Talbot a récemment quitté son poste. Mme Talbot a entre autres participé à la mise en oeuvre de la Loi sur le tabac de 1998 de même qu’à l’élaboration et à l’implantation du renforcement législatif de 2005, qui a proscrit l’usage du tabac des bars et des restaurants québécois, en plus de chasser la cigarette du terrain des écoles primaires et secondaires. Son successeur n’est pas encore connu puisque le Ministère procède actuellement à la sélection des candidats potentiels.

JASP 2007

Un nombre record (1 865) de participants ont assisté aux 11ièmes Journées annuelles de santé publique (JASP) qui avaient lieu du 20 au 23 novembre à l’hôtel Le Reine Elizabeth de Montréal. Ayant pour thème « Laisser des empreintes durables », l’événement 2007 consacrait une journée entière (celle du 23) à une possible intégration des pratiques visant à diminuer l’usage de l’alcool, du tabac, des drogues et des jeux de hasard. Même s’il tue encore plus que les autres problématiques réunies, le tabac a encore une fois servi d’exemple par l’efficacité des interventions mises en place pour dissuader sa consommation.

Dans le cas de l’alcool et du jeu, certains intervenants ont critiqué le double discours du gouvernement qui d’un côté fait la promotion de ces comportements avec Loto-Québec et la Société des alcools et de l’autre dit vouloir les réfréner à l’aide de programmes dont le rendement n’est pas toujours démontré.

Directeur du Département de médecine communautaire et des soins de santé de l’Université du Connecticut, Thomas F. Babor est venu expliquer, lors d’une séance plénière, qu’on peut traiter ces dépendances de manière conjointe. Cette éventualité a toutefois été débattue lors d’une table ronde clôturant la journée thématique. Les prochaines JASP, qui devraient se tenir à Québec du 17 au 20 novembre 2008, s’attarderont entre autres aux inégalités sociales.

Allume ton artiste

Dans le cadre de la première édition du concours Allume ton artiste, les jeunes des gangs allumées pour une vie sans fumée sont invités à mettre sur pied un projet (vidéo, chanson, pièce de théâtre, etc.) dont l’objectif est de réduire le tabagisme dans leur milieu. Nouvelle version du défunt « Dis-le avec ta gang allumée », la formule de cette année – toujours en collaboration avec Musique Plus – fait appel à des artistes des domaines de la musique et de l’humour. Ceux-ci auront à choisir, parmi les 18 projets présélectionnés (un par région), les six qui les auront le plus « allumés ».

En plus de bénéficier de conseils pour que leur création ait davantage de punch, les auteurs des six projets gagnants passeront une journée entière avec un des deux groupes (Les Satiriques ou CEA) au cours de laquelle ils auront notamment droit à un spectacle intime. Le tout sera évidemment filmé et les meilleurs moments seront présentés lors d’une émission spéciale diffusée le 17 mai sur les ondes de Musique Plus. Les jeunes qui souhaitent participer ont jusqu’au 29 février 2008 pour s’inscrire. D’autres détails au : www.lagangallumee.com.