Nouvelles brèves

L’Inde ratifie

Le 5 février, l’Inde a ratifié la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé. Dans le sillon de son engagement, la plus populeuse démocratie au monde interdira toute la publicité du tabac dès le 1er mai prochain. La loi bannira aussi les ventes aux mineurs et l’usage du tabac dans les lieux publics intérieurs.

Sondage dissimulé en Alberta

Début janvier, The Edmonton Journal a publié les résultats d’un sondage sur la fumée de tabac dans l’environnement (FTE). Réalisée par l’Alcohol and Drug Abuse Commission (une agence gouvernementale qui aide les Albertains à se libérer du tabac, des drogues et de l’alcool), l’enquête a révélé que la plupart des habitants de l’Alberta approuvent l’idée de bannir le tabac des les lieux publics. Ainsi, 77 % des répondants aimeraient voir la FTE disparaître des restaurants, 88 % des endroits où des enfants sont admis et 78 % de leurs lieux de travail.

Pour présenter ces résultats remarquables, la journaliste du Edmonton Journal a dû se prévaloir de la Loi sur l’accès à l’information afin d’en obtenir une copie. D’après le directeur du mouvement antitabac Action on Smoking and Health, Les Hagen, ces documents auraient dû être publics. « Est-ce que le gouvernement prend vraiment à coeur la santé des Albertains ou essaie-t-il plutôt de protéger les compagnies de tabac? », s’est-il demandé. De son côté, le gouvernement a indiqué qu’il effectue souvent des enquêtes de ce type et jamais auparavant, il n’a reçu de demande pour que ces données soient publiées.

6 semaines du Défi

À la mi-février, les inscriptions au 5e Défi « J’arrête, j’y gagne! » entraient au même rythme que lors des dernières années, a révélé sa coordonnatrice, Louise Labrie, et il est probable que le total dépassera les 30 000. Encouragés par une marraine ou un parrain non-fumeur, les participants devront s’abstenir du tabac durant les six semaines allant du 1er mars au 11 avril. Toute la campagne 2004 repose d’ailleurs sur le chiffre « 6 », en rapport aux six semaines de sevrage, comme on a pu le constater à la télévision, sur des panneaux géants, des dépliants et des napperons de restaurant.

Plus de 3 000 familles ont déjà déclaré leur milieu de vie sans fumée, dans le cadre du volet Objectif Famille sans fumée, une nouveauté du Défi. On a lancé cela pour donner un coup de pouce aux fumeurs, qui rechutaient parfois à cause du tabagisme d’une autre personne à la maison. C’est aussi un prétexte pour parler de la fumée des autres, un sujet délicat », indique Mme Labrie. Les familles participantes sont invitées à remplir, signer et afficher une déclaration disponible sur le site www.defitabac.qc.ca.

Les grands médias maintiennent leur contribution, en offrant de la publicité à taux réduits, et en diffusant des informations relatives au Défi. Du 16 au 20 février, une équipe du Défi a pris part à l’émission L’Union fait la force sur les ondes de Radio-Canada. La chaîne TVA se signalera quant à elle en mars, durant les nouvelles de 17h, alors que l’animateur Claude Charron suivra l’arrêt tabagique de quatre fumeurs.

Les taxes montent

Quelques jours avant Noël, les fumeurs de la Colombie-Britannique ont eu droit à une petite « surprise » : les taxes sur le tabac ont augmenté de 3,80 $ par cartouche. Suite à cette majoration, le prix moyen de la cartouche de 200 cigarettes se chiffre maintenant à 79,60 $. « L’usage du tabac occasionne des coûts significatifs pour la santé publique, et la santé publique représente, elle aussi, des coûts considérables pour le gouvernement, a expliqué le ministre des Finances de la province, Gary Collin. Si cette hausse de taxes sert à encourager plus de gens à ne pas fumer, tout le monde en profitera. » Seulement 16 % de la population de la Colombie-Britannique fume, un des ratios les plus bas des pays industrialisés.

Ecclestone menaçant

Après avoir tenté de faire chanter les gouvernements du Québec et du Canada, en raison de leurs lois antitabac, le tsar de la formule 1, Bernie Ecclestone, menace maintenant l’Europe. « Nos commanditaires [les compagnies de tabac] souhaitent que nous nous établissions dans des marchés en croissance et l’Europe n’est plus un de ces marchés, confiait-il en janvier à Max, un magazine allemand. D’ici 10 ans, l’Europe aura le niveau économique d’un pays du tiers monde tandis que l’Asie et l’Amérique domineront le monde. »

Reprenant les propos d’Ecclestone, le président de la Fédération internationale automobile, Max Mosley, a récemment déclaré à la presse européenne qu’il était possible que l’Union européenne perde ses Grands Prix au bénéfice de pays d’Asie ou d’Extrême-Orient. Tandis que l’épreuve d’Imola (à Saint-Marin, enclavé sur l’Italie) en sera à sa dernière édition en 2005, la Chine et le Bahreïn organiseront leurs toutes premières courses l’an prochain.

Les légères aussi mortelles

Le British Medical Journal a publié, dans son édition du 10 janvier, les résultats d’une étude qui confirment que les cigarettes légères ne sont pas moins nocives que les cigarettes ordinaires. Réalisée par des chercheurs de l’Institut de technologie du Massachusetts et de l’Association américaine contre le cancer, l’enquête portait sur les fumeurs décédés d’un cancer du poumon. Elle conclut qu’il n’y a aucune différence de taux de mortalité entre les consommateurs de cigarettes régulières et ceux de légères.

Bien que différentes études aient déjà prouvé que les appellations trompeuses « douces » et « légères » donnent aux fumeurs l’impression que leurs cigarettes sont moins dommageables pour la santé, le gouvernement du Canada ne semble pas être prêt à les interdire de sitôt. Directeur du Bureau de la réglementation et de la conformité de Santé Canada, Denis Choinière a assuré à Info-tabac que le gouvernement se préoccupe de la question. « Il s’agit d’un dossier très complexe et il faut prendre plusieurs facteurs en considération », a-t-il spécifié avant d’ajouter que pour l’instant, Santé Canada ne prévoit faire aucune annonce concernant les douces et légères.

Recours collectif refusé en Ontario

Le juge Warren Winkler, de la Cour supérieure de justice de l’Ontario, a refusé d’autoriser la tenue d’un recours collectif contre les trois principaux fabricants de cigarettes canadiens (Imperial Tobacco Canada, Rothmans – Benson & Hedges et JTI-Macdonald). Le 5 février, le magistrat a statué que la requête ne satisfaisait pas aux exigences d’un recours collectif, ajoutant qu’il faudrait au moins 1 000 ans pour résoudre un tel litige. La demande avait pour but d’indemniser quatre personnes (dont une qui est morte) ayant subi divers dommages en devenant dépendantes du tabac. Il aura fallu neuf ans d’étapes préliminaires avant que les audiences servant à déterminer la pertinence du recours n’aient finalement lieu en janvier 2004.

Conscient que le jugement ontarien pourra influencer les démarches en cours au Québec, le directeur du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), Mario Bujold, demeure confiant que le recours parrainé par son organisme sera autorisé. « Il ne faut pas oublier que l’autorisation du recours ontarien avait lieu dans une autre province, sous d’autres lois et d’autres procédures… a-t-il signalé. Je pense que l’étendue de notre recours est moins large et que les maladies qu’il couvre sont plus spécifiques. » Après moult retards, les dates d’audiences pour l’autorisation des deux recours collectifs québécois (celui du CQTS et celui des avocats Trudel et Johnston) ont finalement été fixées au mois de novembre 2004.

Inflammabilité réduite

À partir du 28 juin 2004, toutes les cigarettes vendues dans l’État de New York devront se conformer à une norme qui réduira leur degré d’inflammabilité. Confectionnées à partir d’un papier particulier dans lequel des bandes minces et épaisses se succèdent, ces cigarettes devront s’éteindre d’elles-mêmes lorsqu’elles ne seront pas consommées. De plus, les manufacturiers qui déclareront faussement que leurs produits respectent les standards s’exposeront à une amende de 10 000 $US, tandis que les détaillants qui seront pris à vendre de telles cigarettes auront à débourser entre 500 et 1 000 $US. Chaque année aux États-Unis, les incendies causées par des articles de fumeurs tuent près de 900 personnes et occasionnent des pertes de plus de 400 millions de $US.

Au Canada, le gouvernement pourrait bientôt exiger des manufacturiers de produits du tabac qu’ils ne fabriquent que des cigarettes à inflammabilité réduite. Santé Canada, qui achève de rédiger un règlement sur le potentiel d’allumage des cigarettes, aura des annonces à faire ce printemps, a-t-on appris.

Caroline Néron pose pour Imperial Tobacco

En octobre dernier, la comédienne et chanteuse Caroline Néron posait en première page du magazine québécois Rev. Pour ceux qui l’ignorent, comme c’était le cas de Mme Néron avant qu’Info-tabac ne lui apprenne, le magazine Rev appartient à Imperial Tobacco Canada (ITC), le principal fabricant de cigarettes au pays. Même si le contenu de la revue ne contient aucune trace de tabac, il comportait, jusqu’à récemment, des publicités d’événements commandités par la compagnie. Il est d’ailleurs mentionné, dans la cartouche, que Rev bénéficie du soutien financier de « Rumbling Walls Events Inc. », une compagnie d’ITC, mise sur pied pour contourner l’interdiction des commandites de tabac.

D’après la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, il ne fait aucun doute que ce magazine sert à recruter de nouveaux fumeurs. Il s’adresse à des jeunes, qui seront éventuellement invités dans des « partys-tabac » présentés dans des bars branchés. D’ailleurs, des pubs de « Definiti », l’entreprise d’ITC qui organise les partys-tabac, sont incluses dans Rev.

Un peu gênée d’avoir posé, sans le savoir, pour Imperial Tobacco, Caroline Néron a préféré ne pas commenter l’affaire. Rappelons que l’artiste a déjà été porte-parole du Défi «J’arrête, j’y gagne! »; elle a réussi son sevrage tabagique en 2001.