Nouvelles brèves

Recours collectifs québécois contre l’industrie
Le procès est reporté d’octobre à mars

Le 10 août, dans un jugement sur le déroulement d’un procès à se tenir bientôt devant lui, l’honorable Brian Riordan de la Cour supérieure du Québec a accueilli favorablement une demande de report du début des audiences présentée par les avocats d’Imperial Tobacco Canada (ITC), Rothmans Benson and Hedges (RBH) et JTI-Macdonald (JTI-Mac).

La triade de cigarettiers se voit réclamer une compensation et un dédommagement dissuasif d’un minimum de 22 milliards $ par deux groupes de victimes de l’industrie du tabac au Québec. Un premier groupe (Létourneau) se compose d’environ 2 millions de personnes qui étaient dépendantes du tabac en 1998 et qui dans certains cas le sont encore. Quant au second (CQTS et Jean-Yves Blais), il comprend 90 000 fumeurs et ex-fumeurs atteints de cancer du poumon, du larynx ou de la gorge, ou d’emphysème. (Voir le reportage du numéro 87 d’Info-tabac sur cette saga judiciaire commencée en 1998.)

Aux yeux du juge Riordan, le report est principalement justifié par un retard constaté d’environ trois mois du gouvernement fédéral canadien à produire certains rapports d’experts et autres documents sur lesquels le cartel de cigarettiers comptait pour organiser sa défense devant le tribunal à partir d’octobre.

Influence des amis
L’ETADJES sonde les jeunes avec des questionnaires remplis en classe.

Un élève du secondaire au Québec dont seulement quelques amis fument a 6,19 fois plus de chances d’être non fumeur qu’un élève dont la plupart ou tous les amis fument. Et si aucun de ses amis ne fume, ses chances d’être non fumeur sont 44,63 fois plus grandes que l’élève dont la plupart ou tous les amis fument.

Voilà quelques résultats de calculs effectués par Gaëtane Dubé, Issouf Traoré et Monique Bordeleau de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), à partir des données de 2008 de l’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire (ETADJES). Les chercheurs ne savent pas dans quelle mesure c’est l’influence des pairs et des amis qui entraîne à fumer ou si les jeunes choisissent leurs amis en fonction de leurs valeurs.

Dubé, Traoré et Bordeleau ont aussi observé que par comparaison avec un élève du secondaire dont un frère ou une sœur fume, ceux dont aucun membre de la fratrie ne fume ont 1,42 fois plus de chances d’être non fumeur. Autre observation, parmi plusieurs: les élèves du secondaire dont l’allocation financière hebdomadaire était de 10 $ ou moins en 2008 avaient 1,86 fois plus de chances d’être non fumeur que les élèves dont le budget hebdomadaire était de 51 $ ou plus. Les constats de l’ETADJES, de même que certains articles scientifiques que cette vaste enquête a générés, sont entièrement accessibles en ligne sur le site de l’ISQ.

Rectificatif : six logements et plus

Dans notre 88e édition, en page 8, nous écrivions que la Loi sur le tabac du Québec interdit de fumer dans les aires communes des immeubles de plus de six logements. Il aurait fallu lire que la loi québécoise interdit de fumer dans les aires communes des immeubles de six logements et plus.

Paquets australiens

Parmi les 173 pays ayant ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, l’Australie est à la veille d’être le premier à donner suite à la directive d’application du traité qui prévoit l’imposition d’emballages uniformes et neutres aux produits du tabac, afin de les dénormaliser. Au Parlement australien, le Tobacco Plain Packaging Bill et le Trade Marks Amendment Bill ont été adoptés par la Chambre des représentants le 24 août dernier et envoyés au Sénat pour adoption. Le second projet de loi vise à bien marquer l’intention gouvernementale de ne pas nuire à l’usage des marques de commerce des autres produits.

Le 31 août, la présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, a soumis au Sénat, en guise de mémoire, une lettre de trois pages où elle s’oppose aux deux projets de loi. En plus de faire aux parlementaires australiens une leçon de droit australien, l’organisme québécois prétend que l’emballage neutre va pousser les cigarettiers à baisser leurs prix, ce qui fera augmenter le tabagisme.

Vue d’ensemble de l’INSPQ

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) vient de faire paraître le premier d’une série de trois fascicules offrant une vue d’ensemble sur l’évolution du tabagisme au Québec depuis 1998. Ce premier fascicule s’intéresse en particulier à l’usage de la cigarette chez les élèves du secondaire. Ainsi par exemple, on peut voir que l’âge moyen d’initiation à la cigarette est passé de 12,0 ans en 1998 à 12,7 ans en 2008. L’ouvrage vise à informer les autorités de santé publique et leurs partenaires de l’état de réalisation des objectifs du Plan québécois de lutte contre le tabagisme de 2006-2010.

Le menthol plus accrocheur

Les consommateurs de cigarettes aromatisées au menthol ont plus de difficulté à arrêter de fumer que les autres fumeurs. Leurs chances de réussir sont 9 % inférieures. C’est ce que révèle une étude conduite par une équipe de recherche du New Jersey et parue dans l’édition du 15 août de l’American Journal of Preventive Medicine.

Grâce à sa propriété légèrement analgésique lorsqu’il est appliqué sur une muqueuse, le menthol contenu dans la fumée de certaines marques de cigarettes diminue la sensation d’irritation de la gorge éprouvée par certains fumeurs. La sensation seulement.

Dans l’argumentaire de 2009 de la Loi modifiant la Loi sur le tabac, c’est-à-dire la loi fédérale canadienne qui a interdit l’ajout de plusieurs aromates (mais pas le menthol) dans certains produits du tabac, Santé Canada rapportait qu’environ 2 % des fumeuses et des fumeurs canadiens consomment des cigarettes mentholées. Selon le Wall Street Journal, environ 30 % des cigarettes vendues aux États-Unis sont aromatisées au menthol.

Le coeur féminin est plus fragile

Les fumeuses courent un risque 25 % plus grand que les hommes qui fument d’être frappées par une crise cardiaque au cours de leur vie, selon une méta-analyse publiée dans la revue The Lancet du 10 août et qui porte sur 75 recherches auprès d’un total de plus de 2,4 millions de personnes. L’épidémiologue Rachel Huxley de l’Université du Minnesota et son confrère Mark Woodward de l’Université Johns Hopkins de Baltimore au Maryland, qui signent l’article, ne savent pas à quoi attribuer la vulnérabilité relativement plus grande du système cardio-vasculaire féminin au tabac, mais ils suspectent des différences d’ordre biologique. Les deux scientifiques envisagent aussi que cette différence de vulnérabilité pourrait être encore plus grande, puisque la consommation moyenne des fumeuses demeure nettement inférieure à celle des fumeurs presque partout dans le monde.