Ensemble, détrônons le cancer du côlon en évitant le tabagisme

Le cancer est une maladie de plus en plus présente qui fait des ravages dans la société. D’année en année, le nombre de diagnostics de cancer augmente, ayant grimpé de 193 000 en 2012 à 233 900 en 2022. Ce fait est observable notamment en raison du vieillissement de la population. Malgré cela, de plus en plus de gens survivent au cancer, grâce aux avancées médicales et scientifiques. Bien que nous ne soyons pas à l’abri de cette maladie, certains facteurs de risques peuvent être évités. C’est le cas, par exemple, du tabagisme, qui est la première cause de cancer évitable dans le monde.

Il y a déjà fort longtemps qu’on a établi le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon. Cependant, il ne s’agit pas du seul type de cancer pouvant survenir à la suite de la consommation de tabac. Selon l’étude ComPare publiée en 2019, il y a 15 types de cancers qui présentent, entre autres, le tabagisme comme facteur de risque. Parmi ceux-ci figure le cancer colorectal, dont un peu plus de 10 % des cas sont attribuables au tabagisme. Il s’agit là d’un pourcentage appréciable, si l’on considère qu’il y a environ 23 390 personnes atteintes de ce cancer au Canada.

 

Le cancer colorectal occupe la deuxième place, derrière le cancer du poumon, en fait de taux de mortalité au Québec. On lui attribue environ 2 550 décès en 2022. Il n’est donc pas étonnant de voir se multiplier les recherches sur le tabagisme et son lien avec ce cancer. C’est d’ailleurs le sujet d’une étude parue en 2023 dans le journal Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention.

Cette étude d’association qui se déroule à l’échelle du génome, du type plus communément appelé Genome Wide Association Study (GWAS), s’est intéressée à 34 études permettant de recueillir trois cohortes différentes composées d’un très grand nombre de participants, dont plus de 13 000 personnes atteintes de cancer et 16 000 personnes n’en souffrant pas. Les informations sur le statut tabagique de ces personnes étaient connues, soit l’intensité de la consommation (le nombre de cigarettes fumées par jour), et le nombre d’années qu’elle avait duré. Différentes analyses ont dégagé plusieurs corrélations et des données significatives.

« Notre étude a repéré de nouveaux loci génétiques (positions de gènes) qui pourraient influer sur le risque de cancer colorectal en fonction du statut et de l’intensité du tabagisme, en lien avec la suppression des tumeurs et la réponse immunitaire. »[1], conclut l’étude du chercheur Robert Carreras-Torres et de ses collaborateurs.

Les personnes qui fument beaucoup présentent un risque de cancer colorectal de 18 % à 20 % plus élevé que celles qui n’ont jamais fumé. De plus, il a été montré que l’augmentation du risque dépendait notamment de l’intensité de la consommation et de sa durée en nombre d’années. Pour une dizaine de cigarettes fumées par jour, il y a une augmentation du risque de cancer colorectal (OR 1,06), comparativement à ce qui se produit chez les personnes non fumeuses. Si une vingtaine de paquets de cigarettes est fumée chaque année, ce risque augmente davantage (OR 1,11), par rapport à celui que présentent les personnes qui ne fument pas. De plus, certaines personnes ayant peu fumé dans leur vie peuvent, en raison de leur bagage génétique, courir plus de risques d’être atteintes du cancer colorectal, par comparaison à d’autres personnes ayant connu une consommation équivalente.

Cet article paru récemment précède de peu le mois de la sensibilisation au cancer colorectal, c’est-à-dire mars. On ne parlera jamais assez de sensibilisation et de prévention au quotidien, à plus forte raison tant qu’il n’y aura pas de programme gouvernemental de dépistage du cancer colorectal, comme celui qui a été instauré pour le cancer du sein.

« Lorsque le cancer colorectal est détecté et traité à un stade précoce (stade 1 ou 2), les chances de réussite du traitement augmentent et celles de survie après cinq ans sont d’au moins 90 % »

Ensemble, détrônons le cancer du côlon

Dans le cadre du Mois national de la sensibilisation au cancer colorectal, la sixième édition de la campagne de prévention de la Société canadienne du cancer, intitulée Ensemble, détrônons le cancer du côlon, invite la population québécoise de 50 à 74 ans à parler de la détection précoce de ce cancer et à se renseigner sur le test de dépistage RSOSi (en anglais, le FIT) auprès d’un médecin ou d’une infirmière praticienne.

La prévention et la détection précoce peuvent tout changer dans certains cas de cancer. Pour le cancer colorectal, le test de dépistage RSOSi est décisif. S’il est réalisé à temps, il peut interrompre l’évolution de la maladie en permettant de recourir aux traitements nécessaires et de sauver des vies.

« Lorsque le cancer colorectal est détecté et traité à un stade précoce (stade 1 ou 2), les chances de réussite du traitement augmentent et celles de survie après cinq ans sont d’au moins 90 % », explique Alexandra Lalonde, gestionnaire de projet en prévention du cancer et en promotion de la santé à la Société canadienne du cancer.

Il est donc crucial de parler de l’importance de passer ce test tous les deux ans à vos patients, à votre entourage ou à un médecin, selon le cas, puisqu’il s’agit d’un des meilleurs moyens de détecter le cancer colorectal.

Il faut rappeler l’importance de cette détection précoce, et ce, tout au long de l’année, puisque le cancer ne prend pas de pauses.

Pour en savoir davantage, on pourra se rendre sur la page cancer.ca/detronons.

Caroline Normandin, Ph. D.