Nouvelles brèves

Loto-Québec innove

Les trois casinos québécois deviendront des « établissements non-fumeurs » à compter du 1er juillet 2003, annonçait Loto-Québec par voie d’un discret communiqué début décembre. Il s’agit d’une politique audacieuse, même à l’échelle internationale, puisque les établissements de jeu sont habituellement parmi les derniers à offrir des environnements sans fumée. Les restaurants et les bars des casinos, ainsi que ceux de l’hôtel Hilton Lac-Leamy (jumelé au casino de Gatineau et appartenant à Loto-Québec), s’intègrent dans cette transformation, accroissant d’autant son caractère avant-gardiste pour le Québec. Des fumoirs seront toutefois aménagés dans les trois casinos.

« Amorcée depuis un bon moment, cette démarche souscrit à une demande formulée par l’ensemble de notre clientèle et de nos employés », explique le président de Loto-Québec, Gaétan Frigon. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac n’a pas tardé à féliciter l’organisme d’État et ses syndicats pour « cette heureuse et importante initiative de santé publique » qu’elle qualifie d’exemple à suivre. « Rien n’empêche les restaurateurs, individuellement ou selon leurs bannières, d’aller au-delà des normes minimales de la loi », suggère son coordonnateur Louis Gauvin.

Kingston sans fumée

Située à mi-chemin entre Toronto et Montréal, à l’amont du fleuve Saint-Laurent, Kingston s’ajoute aux villes ontariennes interdisant de fumer dans ses bars et ses restaurants. Devant le succès de la réglementation complète de la Ville d’Ottawa, le conseil municipal de Kingston a adopté, le 26 septembre, une interdiction similaire effective au 1er mai 2003. Une seule exception est prévue : les organisateurs de bingo pourront aménager des salles pour fumeurs, séparées et ventilées, n’excédant pas 50 % des places. L’usage du tabac sera même banni des patios extérieurs, de manière à ne pas avantager certains établissements au détriment des autres.

Réalisé pour le compte des services de santé publique de la région, un sondage avait démontré que 85 % des résidents appuyaient une telle interdiction généralisée; pas moins de 92 % des non-fumeurs ont affirmé qu’ils « passaient des moments moins agréables lorsqu’installés près de fumeurs ». Regroupant 113 000 habitants, Kingston est formée de trois municipalités fusionnées en 1998, dont bien sûr l’historique ville de Kingston fondée en 1673.

Conférence d’Helsinki

C’est dans à peine sept mois, du 3 au 8 août 2003, qu’aura lieu à Helsinki en Finlande, le 12e grand rendez-vous mondial de la lutte au tabagisme. Présentée tous les trois ans, la Conférence mondiale sur le tabac ou la santé (World Conference on Tobacco or Health) réunit des milliers de délégués, provenant des cinq continents, qui examinent les meilleures pratiques de leurs stratégies antitabac.

Par un cahier publicitaire envoyé aux délégués de la dernière Conférence, tenue à Chicago en août 2000, les organisateurs scandinaves rappellent aux intéressés qu’ils ont jusqu’au 15 janvier pour soumettre leurs propositions de présentations orales ou sur affiches. Quant aux frais d’inscription, ils passeront de 450 à 590 euros au 1er avril. On peut faire venir le cahier Preliminary Programme and Call for Abstracts en écrivant à wctoch2003@congcreator.com.

La Finlande constitue un leader européen en matière de protection des non-fumeurs. Les lieux de travail sont pour la plupart désignés comme étant sans fumée, à l’exception des restaurants qui peuvent prévoir jusqu’à 50 % des places pour les fumeurs.

Suède sans fumée

Il est probable que les Suédois dépasseront bientôt leurs voisins finlandais dans leurs restrictions du tabagisme. Selon une intention gouvernementale déposée le 29 novembre, l’usage du tabac sera banni dans tous les lieux publics dès le 1er janvier 2004, incluant les bars et les restaurants. Ce projet est vigoureusement soutenu par les syndicats de salariés travaillant dans les restaurants qui se plaignent des risques liés au tabagisme passif. La Suède deviendrait le premier pays au monde à se doter d’une telle interdiction généralisée, fumer n’étant plus permis qu’à l’extérieur ou à domicile.

Heather écrit à Jean

Atteinte d’un cancer du poumon contracté à son travail dans des restaurants enfumés, Heather Crowe a écrit à tous les ministres provinciaux du travail, leur demandant d’interdire la fumée de tabac au boulot, sans exception. Objet d’une vaste campagne de Santé Canada contre la FTE, Mme Crowe, 57 ans, répète qu’elle aimerait être la dernière personne au pays à mourir d’avoir été obligée de respirer la fumée des autres à son travail. Agissant à titre de bénévole pour Médecins pour un Canada sans fumée, elle offre même d’aller rencontrer chaque ministre concerné pour lui exposer son point de vue. Elle aurait certes une oreille attentive auprès du ministre québécois du Travail, Jean Rochon, médecin de santé publique et père de la loi québécoise sur le tabac.

« Des exceptions pour des bars et des restaurants dévalorisent la santé et la sécurité des serveurs et des serveuses, comme moi-même. Nos poumons ne sont pas moins importants. Il n’est donc pas acceptable que l’on continue de nous accorder une protection inférieure », a écrit Mme Crowe le 25 novembre au ministre responsable de la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) du Québec.

En octobre, la « Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail » de l’Ontario, l’équivalent de notre CSST, a donné raison à Mme Crowe, estimant qu’elle a été victime d’une maladie causée à son travail; elle recevra donc une compensation pour ses frais médicaux et son salaire perdu… Cette décision est intéressante pour la pression qu’elle impose aux commissions provinciales de protection des travailleurs d’agir contre la FTE.

Cigarettes non-incendiaires

Santé Canada étudie la possibilité de réglementer le potentiel d’allumage des cigarettes. L’objectif serait de réduire les décès, les blessures et les dommages matériels causés par les incendies provoqués par celles-ci. Le Ministère vient de publier un document de consultation à ce sujet, pour inciter les intéressés à émettre leurs commentaires (avant le 31 janvier, aux soins de Myriam Montrat du bureau de la conformité, par courriel au pregs@hc-sc.gc.ca).

Selon le document, les incendies provoqués par l’utilisation négligente de cigarettes, cigares ou pipes, sont la principale cause de décès par le feu au Canada, faisant en moyenne 70 victimes par année. Ces victimes sont souvent parmi les plus vulnérables de la société, soit des enfants, des personnes âgées et des personnes économiquement défavorisées. Il serait possible de diminuer le potentiel d’allumage des cigarettes par la réduction des quatre éléments suivants : la densité de tabac, la porosité du papier, la circonférence de la cigarette et les additifs de combustion. L’État de New York est la première juridiction au monde à imposer aux fabricants de ne commercialiser que des cigarettes non-incendiaires. Ils ont jusqu’au 1er juillet prochain pour s’y conformer, un délai trop court à leur avis.

« Sincèrement, on est bien content! »

La rôtisserie Chalet Suisse du quartier Vanier, à Québec, est maintenant le plus grand restaurant totalement sans fumée au Québec offrant le service aux tables, avec ses 275 places. Le 18 novembre, tous les établissements de la chaîne Chalet Suisse ont reTiré leurs derniers cendriers, s’ils n’étaient pas déjà sans fumée. Malheureusement, cette bannière n’a qu’un seul de ses 180 restaurants canadiens dans la province francophone.

La transformation s’est très bien passée à Vanier. « C’est plus positif que l’on ne le pensait. Sincèrement, on est bien content! On reçoit plus de félicitations que de critiques. La surprise s’est atténuée après une semaine », a témoigné la serveuse Isabelle Côté à la mi-décembre. « La satisfaction de nos clients est primordiale pour nous, a pour sa part affirmé le directeur de l’exploitation des restaurants Chalet Suisse, Steven Tsamba-lieros, par voie de communiqué. Notre nouvelle ambiance sans fumée rendra nos restaurants encore plus agréables pour toute la famille d’un bout à l’autre du pays. »

Salles fermées pour fumeurs

En marge de la conférence antitabac d’Ottawa, l’Association canadienne des restaurants et des services alimentaires a émis un communiqué de presse qui illustre à quel point la loi québécoise est faible concernant la FTE dans la restauration. Représentant 48 000 restaurants et bars situés surtout dans les autres provinces, elle prêche maintenant pour un compromis, à savoir une interdiction générale de fumer dans les établissements, avec autorisation d’aménager des salles fermées pour les fumeurs adultes, munies d’aération indépendante.

Sondage en main, l’Association indique que 57 % des Canadiens appuieraient grandement cette façon de faire, 22 % l’appuieraient généralement, 6 % s’y opposeraient un peu et 12 % s’y opposeraient grandement, pour un appui total de 79 %. L’Association soutient la législation de Colombie-Britannique, qui autorise ce type de pièces fermées pour les fumeurs mais dont les employés ont également accès (une option coûteuse que peu d’opérateurs retiennent). « Plus de trois Canadiens sur quatre soutiennent une solution raisonnable au tabagisme dans les bars et les restaurants, déclare son vice-président aux affaires gouvernementales, Michael Ferrabee. Le modèle de Colombie-Britannique répond aux besoins des clients, des employés et des propriétaires d’établissements. »

Enfin, le regroupement voudrait que l’usage du tabac soit réglementé par les provinces et non par les municipalités; 72 % des 1 666 répondants du sondage Pollara approuvent ce point.

New York et Boston sans fumée

La métropole américaine New York interdira, dès avril prochain, l’usage du tabac dans presque tous les lieux publics intérieurs, incluant ses 22 000 bars et restaurants. À la mi-décembre, le maire Michael Bloomberg a concédé une exemption mineure en faveur de sept cigar bars et de quelques petits bars opérés par leur propriétaire (n’ayant aucun employé), tel que demandé par l’influent président du conseil municipal, Gifford Miller. Aussi, jusqu’en 2005, les bars pourront disposer de pièces fermées et ventilées pour les fumeurs, auxquelles les employés n’auront pas accès.

Le maire Bloomberg avait dévoilé un projet de règlement sans compromis le 12 août dernier, lors d’une conférence de presse réunissant des représentants d’une trentaine d’organismes de santé et du secteur de l’hospitalité. « Personne ne devrait avoir à respirer du poison pour conserver son emploi ou pour fréquenter un lieu public, avait-il déclaré. Je suis particulièrement fier de constater qu’autant de leaders du combat pour un air propre à l’intérieur, soient ici avec moi pour appuyer cette législation qui protégera le public et les travailleurs. »

La ville de Boston vient également d’adopter un règlement municipal complet, qui étendra aux bars, dès le 5 mai, l’interdiction de fumer déjà en vigueur pour les restaurants. La capitale du Massachusetts suit ainsi l’exemple d’une soixantaine d’autres villes de cet État qui a longtemps été pourvu d’un audacieux et important programme antitabac, lequel vient toutefois d’être presque éliminé en vertu d’une décision navrante du gouverneur.

La Bible des psychotropes

Les Presses de l’Université de Montréal viennent de publier un ouvrage collectif présentant les données scientifiques sur la pharmacologie et la toxicomanie des psychotropes. Les psychotropes traite des dépresseurs, des stimulants et des perturbateurs du système nerveux central, des médicaments psychothérapeutiques, des androgènes et des stéroïdes anabolisants. L’ouvrage de 900 pages a été réalisé sous la direction des éminents professeurs de pharmacologie Louis Léonard et Mohamed Ben Amar. Rédacteur le plus prolifique du volume, M. Amar a signé, en compagnie de sa collègue Nancy Légaré, un chapitre de 35 pages portant sur le tabac, lequel se classe parmi les stimulants du système nerveux central, avec la cocaïne, les amphétamines, la caféine et les autres méthylxanthines.

Invité d’honneur au lancement, Luc Chabot, père du récent Forum mondial sur les drogues et les dépendances, a déclaré que Les psychotropes fournissait un regard à 360 degrés pour chaque type de drogues. « C’est la Bible de la pharmacologie. Un cadeau idéal pour ceux qu’on aime à Noël », a-t-il suggéré. Si personne n’a pensé à vous l’offrir à Noël, vous pouvez vous le procurer pour 100 $ en spécial de lancement jusqu’au 31 janvier, ou pour 125 $ par la suite.

Peu de fumoirs au Québec

Même si les Québécois sont beaucoup plus négligents que leurs compatriotes du Canada anglais quant à la fumée de tabac à la maison, ils sont parmi les mieux protégés au pays à leur travail. Voilà une donnée surprenante de l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada de 2001, dévoilée en juin dernier par Santé Canada. La province de Québec se classe au 2e rang canadien, avec 64 %, derrière la Colombie-Britannique à 69 %, en ce qui a trait à la proportion de travailleurs dont l’employeur interdit totalement l’usage du tabac. Seulement 9 % des travailleurs québécois ne font face à aucune restriction; 8 % peuvent fumer à quelques endroits et 19 % disposent d’un fumoir réservé à cette fin. Ainsi, nos employeurs respectent généralement la loi québécoise, qui bannit le tabagisme dans la plupart des lieux de travail depuis le 17 décembre 1999, et la grande majorité d’entre eux ont préféré ne pas aménager de fumoir.

Si le Québec est parvenu à se classer si bien en ce qui concerne la protection contre la FTE au travail, on peut se demander ce qui nous empêche de réaliser des progrès à domicile, dans les restaurants et dans les bars, où nous sommes vraiment en retard par rapport au reste de l’Amérique du Nord.