Un traitement novateur pour la cessation

Shirley Fecteau et les membres de l’équipe impliqués dans ce projet : Christophe Lenglos, Marine Mondino, Emmanuelle Renauld, Mathilde ‎Lefebvre-Demers et Marc-Antoine Tourville.‎
Shirley Fecteau (en noir, au centre) et les membres de l’équipe impliqués dans ce projet (de ‎gauche à droite) : Christophe Lenglos, Marine Mondino, Emmanuelle Renauld, Mathilde ‎Lefebvre-Demers et Marc-Antoine Tourville. (Crédit photo : Frédéric Cantin).‎
Le tabagisme et la cessation tabagique sont des comportements complexes qui dépendent à la fois de facteurs économiques, sociaux et biologiques. À l’Université Laval, des chercheurs vérifient si une stimulation électrique du cerveau peut soutenir l’arrêt tabagique à long terme.

On l’oublie parfois, mais c’est bien de l’électricité qui circule dans les cellules nerveuses. Résultat : stimuler électriquement le cerveau peut modifier des perceptions ou le comportement.

La responsable de cette nouvelle étude est Shirley Fecteau, professeure à la Faculté de médecine et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la cognition, la prise de décisions et la plasticité cérébrale de l’être humain. « Contrairement aux électrochocs d’antan, la stimulation électrique que nous utilisons est dite non invasive, car elle demeure localisée et ne requiert aucune anesthésie », dit-elle. Même si celle-ci se limite à la surface du cerveau, le courant affecte des régions cérébrales plus profondes, dont certaines liées à la prise de décision et au circuit de la récompense.

Ces structures joueraient sur l’envie de fumer. En effet, dans des études précédentes, Mme Fecteau et son équipe ont démontré, chez des fumeurs souhaitant ou ne souhaitant pas cesser de fumer, l’effet positif d’un courant électrique appliqué à quelques reprises à leur cortex préfrontal dorsolatéral. Grâce à ce traitement, les sujets fumaient moins de cigarettes et ressentaient moins l’envie de fumer. La chercheuse ne croit toutefois pas que cette stimulation électrique explique tout. « En diminuant l’envie de fumer, elle motive le fumeur à maintenir sa cessation tabagique », explique-t-elle.

L’étude en cours va plus loin. Elle examine combien de temps une quarantaine de fumeurs peuvent maintenir leur arrêt tabagique s’ils reçoivent 12 stimulations électriques sur une période de trois semaines. Les fumeurs du groupe expérimental seront comparés à ceux d’un groupe contrôle sur la tête desquels on aura placé des électrodes non électrifiés. « Nous allons suivre nos patients pendant un an et nous vérifierons à quatre reprises s’ils fument, à l’aide d’analyses biologiques, tout en mesurant leur activité cérébrale afin de voir, le cas échéant, ce qui a changé dans leurs structures cérébrales », explique Mme Fecteau. Résultats attendus à l’automne 2019.

Anick Labelle