SMAT : des textos pour arrêter de fumer

Screen Shot 2014-01-16 at 3.52.47 PM
Amener les jeunes fumeurs à écraser grâce aux nouvelles technologies : tel est le pari du Service de messagerie texte pour arrêter le tabac (SMAT).

La Division du Québec de la Société canadienne du cancer (SCC) profite de l’engouement des jeunes adultes pour les téléphones cellulaires pour les aider à cesser de fumer. Plus précisément, la SCC a lancé le SMAT : un service automatisé qui envoie des textos aux fumeurs pour les aider à se débarrasser de la cigarette.

Les jeunes adultes : des fumeurs difficiles à joindre

Ce service, soutenu financièrement par le ministère de la Santé et des Services sociaux, s’adresse tout particulièrement aux 18 à 24 ans. Cela est justifié : 32 % d’entre eux sont accros au tabac, contre 20 % des Québécois, rapporte Statistique Canada. Or, les jeunes utilisent peu les aides classiques à la cessation, comme la ligne j’Arrête, le site Web www.jarrete.qc.ca ou les centres d’abandon du tabagisme. Pourtant, les amener à écraser est important, explique Jacinthe Hovington, directrice de la Prévention du cancer et de la promotion de la santé à la SCC. « C’est l’âge où l’on passe généralement de ‘‘fumeur occasionnel’’ à ‘‘vrai fumeur’’ », dit-elle.

Des messages textes sur mesure

Concrètement, ceux qui s’abonnent au SMAT reçoivent gratuitement, pendant six mois, un minimum d’environ 80 messages textes comportant des encouragements, des informations ou des astuces. Ainsi, trois jours avant la date d’arrêt qu’ils ont choisie, le SMAT leur envoie le texto suivant : « allez hop! aux poubelles les cendriers, briquets et clopes! Jette-les tous, sans pitié! Mwahaha : P ». On le voit : une attention particulière a été portée aux énoncés, afin qu’ils ne soient ni moralisateurs ni assommants et séduisent les jeunes adultes.

Les usagers qui vivent une situation stressante ou à risque peuvent recevoir, en plus, des messages taillés sur mesure. Par exemple, s’ils tapent un message comportant le mot « stress », un service automatisé leur envoie un texto les invitant à inspirer et à expirer lentement. une vingtaine de mots-clés enclenche des textos de type « réactifs », dont « distraction », « envie » et « party ».

Les usagers du SMAT peuvent choisir un ou plusieurs profils – comme « humeur maussade » ou « consommateur de café, alcool, cannabis ou autres » – afin de recevoir automatiquement des textos additionnels. Enfin, ceux qui textent le SMAT pendant les heures de bureau en posant une question ou en adoptant un ton conversationnel recevront une réponse personnalisée d’un spécialiste de la ligne j’Arrête.

En dernier lieu, le SMAT offre aussi un site Web qui donne des informations sur le sevrage, la cessation tabagique et l’industrie du tabac.

Un modèle qui fonctionne

Le SMAT a été développé par la Division de l’Ontario de la SCC. Avant de le lancer ici, la Division du Québec l’a soumis à deux projets pilotes. « Nous l’avons d’abord testé pour savoir s’il intéresserait les fumeurs de chez nous, puis nous avons mesuré son impact sur la cessation tabagique », explique Jacinthe Hovington.

Les résultats ont été très encourageants : trois mois après la fin du programme, entre 22 % et 25 % des usagers n’avaient pas retouché au tabac. Selon d’autres études, ces textos doublent quasiment les chances que, jusqu’à sept semaines après la fin du programme, un ex-fumeur n’ait pas repris la cigarette. Bref, le SMAT obtient un taux de cessation équivalent ou meilleur que les autres méthodes de cessation. Mieux : un sondage de la SCC – Division du Québec montre que 87 % des participants aux projets pilotes ont jugé le service utile et que 94 % le recommanderaient à des amis. Ne reste plus qu’à souhaiter longue vie au SMAT!

Pour plus d’information : www.smat.ca

Anick Labelle