Québec : 10 ans de soutien aux fumeurs qui veulent arrêter

Le site Web jarrete.qc.ca est très bien référencé : il apparaît parmi les trois premiers résultats quand on tape « arrêter de fumer » ou « cesser de fumer » dans un moteur de recherche.
Le site Web jarrete.qc.ca est très bien référencé : il apparaît parmi les trois premiers résultats quand on tape « arrêter de fumer » ou « cesser de fumer » dans un moteur de recherche.
Les fumeurs qui veulent se débarrasser du tabac ne manquent pas de services. À l’occasion du dixième anniversaire du premier Plan québécois d’abandon du tabagisme, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) fait le point sur ce qui est offert.

Centres d’abandon du tabagisme (CAT), ligne téléphonique j’Arrête, site Web jarrete.qc.ca, thérapies de remplacement de la nicotine (TRN) : à quel point ces services aident-ils les fumeurs à se libérer du tabac et est-ce possible de les améliorer? C’est à ces deux grandes questions que répond le MSSS dans le Plan québécois d’abandon du tabagisme : État de situation après 10 ans d’implantation.

Un premier plan a été déposé au début des années 2000. Depuis, le Québec a soutenu la création de plusieurs aides à la cessation, dont les CAT, la ligne j’Arrête et le site Web jarrete.qc.ca, ainsi que le Défi J’arrête, j’y gagne! Depuis 2007, il rémunère  aussi le counseling bref en cessation tabagique comme un acte médical.

Des aides nombreuses et efficaces…

De manière générale, ces initiatives ont eu un effet positif. Rappelons qu’un fumeur qui veut abandonner le tabac sans aide a 3 à 5 % de chance de réussir, selon une étude américaine parue dans addiction, en 2004. Au contraire, 27 % des fumeurs qui visitent un CAT de la région de Montréal ne fument toujours pas six mois après leur dernière visite. De leur côté, les professionnels de la santé qui parlent brièvement de cessation tabagique avec leurs patients fumeurs font grimper à 16 % la probabilité que ceux- ci se débarrassent du tabac. Quant aux TRN, ils doubleraient la probabilité qu’un ex-fumeur… le demeure! Celles-ci seraient plus efficaces lorsqu’elles sont utilisées en concomitance. Enfin, les intervenants de la ligne j’Arrête qui assurent un suivi téléphonique avec un fumeur augmentent de 50 % les chances qu’il écrase.

En fait, seul le matériel autodidactique destiné aux fumeurs, comme les brochures, auraient  « une efficacité marginale », note le rapport d’une quarantaine de pages du Ministère. Enfin, l’impact des méthodes de cessation « alternatives » comme l’hypnose ou le laser reste à démontrer : le manque d’études sérieuses « ne [permet] pas de tirer des conclusions  fiables » à leur sujet, remarque le MSSS.

… qu’il reste à améliorer

Malgré ces succès, il y a moyen de faire plus, ou mieux. Bon an, mal an, en effet, environ la moitié des fumeurs québécois (750 000 personnes) essaient de renoncer au tabac, indique l’Institut de la statistique du Québec. Or, en 2010-2011, seulement 219 000 personnes ont recouru aux CAT, à la ligne j’Arrête, au site Web jarrete.qc.ca ou au Défi J’arrête, j’y gagne!, selon le MSSS. Les TRN demeurent le soutien le plus populaire, avec plus de 325 000 prescriptions remboursées en 2009, toujours selon le MSSS.

Il existe plusieurs causes à cette sous-utilisation des aides disponibles. En 2010, par exemple, de manière générale, moins de 15 % des professionnels de la santé ont dirigé leurs patients fumeurs vers un CAT ou la ligne téléphonique j’Arrête. De plus, les CAT sont limités dans leurs actions : « l’insuffisance  [de leurs] ressources financières et, conséquemment, de leurs ressources professionnelles […] [limite] considérablement [leur] capacité à offrir des services […] selon un horaire compatible avec celui des travailleurs », note le rapport. Résultat : selon les données les plus récentes de l’INSPQ, les CAT offrent en moyenne un peu moins de 10 heures de service chaque semaine. Pour encourager les fumeurs à la cessation et mieux faire connaître les aides qui existent, le Québec gagnerait donc à examiner « diverses avenues » pour augmenter « l’intensité et la portée » des campagnes de sensibilisation, estime le Ministère. En résumé, la dépendance au tabac recule au Québec, mais elle a encore besoin d’un petit coup de pouce pour poursuivre sur sa lancée.

Anick Labelle