Projet pilote : une action collective contre le tabagisme chez les jeunes

Le projet-pilote de la Table des partenaires Jeunes en milieu rural soutient la création de nouvelles activités qui permettront aux jeunes de l'Abitibi-Témiscamingue de mieux résister aux dépendances.
Le projet-pilote de la Table des partenaires Jeunes en milieu rural soutient la création de nouvelles activités qui permettront aux jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue de mieux résister aux dépendances.
En Abitibi-Témiscamingue, on teste des moyens novateurs pour prévenir le tabagisme chez les jeunes. La recette : travailler en équipe sur les facteurs qui les protègent de toutes les formes de dépendance.

De moins en moins d’adolescents fument au Québec. N’empêche que le problème n’est pas encore réglé : dans les 30 derniers jours, plus d’un jeune du secondaire sur dix a encore utilisé un produit du tabac. Ce comportement est plus qu’une simple « erreur de jeunesse » : il nuit à la santé de ces mineurs et pourrait se transformer en une dépendance qui durera des années, voire une vie entière. Pour éviter que ces adolescents commencent à fumer – ou qu’ils arrêtent, s’ils ont déjà commencé –, un projet pilote en Abitibi-Témiscamingue renforce leurs facteurs de protection aux dépendances. Par exemple, leur estime de soi, leurs compétences sociales et leur gestion du stress. Pour ce faire, le projet pilote mise sur des activités de loisir destinées aux jeunes. Mais aussi sur un outil de référence commun pour que les animateurs comprennent parfaitement ce qu’ils accomplissent lorsqu’ils organisent ces activités.

Le projet développe les facteurs de prévention des jeunes à travers des activités ludiques, comme un vox pop ou un jeu qui les amène à parler du stress qu’ils vivent et à y trouver des solutions.

Un travail en amont… et en concertation

Projet_pilote3

Le projet, financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), est orchestré par la Table des partenaires Jeunes en milieu rural. Ce regroupement établi en Abitibi-Témiscamingue rassemble plusieurs organismes régionaux : le Forum Jeunesse de l’Abitibi-Témiscamingue, la Direction de santé publique (DSP) et l’Université du Québec de la région, de même que Loisir et Sport Abitibi-Témiscamingue. Cinq organismes communautaires qui gèrent les 40 locaux de jeunes de la région sont aussi membres de la table. C’est dans ces 40 locaux que se déploie le projet-pilote. Dans les milieux ruraux, où les adolescents ont moins accès à des loisirs, « les locaux de jeunes sont souvent les seuls lieux agréables et sécuritaires où ils peuvent se rassembler », explique Geneviève Tremblay, agente de planification, de programmation et de recherche à la DSP Abitibi-Témiscamingue et coresponsable du projet. Ces lieux réservés à la jeunesse répondent à un vrai besoin : environ 1000 jeunes de 12 à 17 ans les fréquentent chaque semaine, ajoute Mme Tremblay.

Des activités qui protègent des dépendances

gtremblay

« Ce sont les mêmes facteurs qui protègent de la dépendance au tabac, à l’alcool, aux drogues et aux jeux de hasard. » – Geneviève Tremblay, Agente de planification, de programmation et de recherche à la DSP Abitibi-Témiscamingue et coresponsable du projet

Cinq organismes communautaires se partagent la gestion de ces 40 locaux. Chaque organisme a reçu le mandat de créer une activité d’animation. L’idée est de prévenir les dépendances en amont, en renforçant les facteurs de protection des jeunes et, donc, leurs capacités de résister. « Ce sont les mêmes facteurs qui protègent de la dépendance au tabac, à l’alcool, aux drogues et aux jeux de hasard », dit Mme Tremblay. Les activités qu’ils ont développées n’abordent pas la dépendance de front. Elles procèdent plutôt en douceur, à travers des activités ludiques. Un des organismes organise un vox pop pour développer les compétences sociales des jeunes, par exemple, tandis qu’un autre mise sur un jeu qui permet d’apprivoiser la gestion du stress. Ce jeu amène les jeunes à parler des situations stressantes dans leur vie, comme l’école, leurs relations amoureuses ou leurs parents, et à leur trouver des solutions. Toutes ces activités ont été développées en collaboration avec des intervenants régionaux en prévention des dépendances ou du tabagisme. « En gros, ce projet pilote respecte la mission des locaux – animer les jeunes et leur permettre de s’approprier leur milieu – tout en les amenant un peu plus loin », explique Paul Saint-Amant, agent de planification, de programmation et de recherche à la DSP et coresponsable du projet.

L’idée du projet pilote date de 2014, alors que le MSSS réactive le volet communautaire du Plan québécois de prévention du tabagisme chez les jeunes. « Le Ministère nous a sollicités pour savoir de quelles façons nous pourrions prévenir le tabagisme chez les jeunes », explique Paul Saint-Amant. C’est alors que la DSP de l’Abitibi-Témiscamingue a proposé un projet capitalisant sur deux outils existants : les locaux de jeunes et la Table des partenaires, lesquels avaient déjà été évalués en 2009 par l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. « L’évaluation a confirmé l’impact positif des locaux et de la Table sur les jeunes et sur leur communauté, note Paul Saint-Amant. Avec ce projet pilote, nous allons plus loin, notamment en matière de prévention. »

Favoriser les bonnes pratiques
Les jeunes qui fréquentent les locaux de jeunes participent à une foule d'activités créées spécifiquement pour eux.
Les jeunes qui fréquentent les locaux de jeunes participent à une foule d’activités créées spécifiquement pour eux.

La table de concertation d’Abitibi-Témiscamingue a 18 mois pour mener son projet pilote à bien. Celui-ci a commencé le 1er octobre 2014 et se terminera en mars 2016. Les activités mises sur pied par les organismes communautaires ont déjà été testées et validées. « Les organismes vont maintenant rédiger des fiches pour permettre à n’importe qui de refaire leur animation », explique Geneviève Tremblay. Du côté de la DSP, il ne reste plus qu’à intégrer les commentaires reçus dans les animations et terminer l’outil de référence commun. La diffusion des animations et la formation des animateurs débuteront cet automne, en parallèle avec la poursuite des évaluations. En espérant qu’à terme les jeunes soient plus solides pour résister à toutes les dépendances!

Anick Perreault-Labelle