Nouvelles brèves
Juillet-Août 2000 - No 33
Allume la gang!
Par l’entremise d’un site Internet et par la diffusion d’annonces télévisées mettant en vedette des adolescents, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec souhaite réduire le tabagisme juvénile.
Le 1er juin, un communiqué de presse provenant du Groupe Gignac annonçait l’ouverture du site web, « conçu dans un environnement interactif et amusant, de manière à mieux rejoindre et sensibiliser les jeunes ». Vingt vedettes québécoises des arts ou des sports signeront une page du site, relatant leurs expériences personnelles avec le tabac.
Depuis ce site, il est possible de télécharger une annonce diffusée à la télévision, où des adolescents invitent les adultes à « allumer », en regard de leur consommation de tabac. Ces jeunes ne sont pas des comédiens mais de véritables membres de la Gang allumée pour une vie sans fumée, un programme du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS). Conçue par la firme de publicité Marketel, cette réclame est la première d’une série de six. Incluant la participation de jeunes à des activités sporadiques, la campagne de trois ans serait dotée d’un budget d’un million $ par année.
Actes du colloque
Le 19 juin, le Conseil québécois sur le tabac et la santé a profité de son assemblée générale annuelle pour lancer un cahier de 68 pages intitulé Fumeur : mode d’emploi. L’ouvrage résume les conférences et les ateliers d’un colloque sur la cessation, ayant réuni plus de 200 professionnels de la santé à Montréal le 21 septembre 1999.
Toujours bien d’actualité, puisqu’il couvre un domaine progressant lentement, ce cahier est susceptible de captiver tout intervenant en cessation tabagique. Sa rédaction et sa présentation témoignent du professionnalisme habituel du Conseil. On peut en demander un exemplaire imprimé gratuit par courriel à colloque@cqts.qc.ca ou par télécopie au (514) 948-4582.
Recours collectifs
Le 28 juin, la juge Louise Mailhot a accepté la demande du CQTS, à l’effet de permettre une révision de la décision rendue par le juge Jean Normand de la Cour supérieure. Ce dernier avait suspendu, le 29 février, la requête de recours collectif du Conseil, la jugeant trop similaire à celle instituée par le cabinet de Philippe Trudel et de Bruce Johnston. La Cour d’appel entendra les parties le 3 novembre.
Par ailleurs, la requête de recours collectif du Cabinet Trudel et Johnston, déposée en faveur des personnes rendues dépendantes de la nicotine, en sera bientôt à l’étape de l’interrogation préalable, à huis clos, des trois représentants initiaux des victimes. Parallèlement, le Cabinet cherche à accroître sa liste de victimes et prépare sa demande au Fonds d’aide au recours collectif.
Fumer, c’est se faire avoir
Le 21e Salon Pepsi Jeunesse, tenu du 12 au 16 avril au Palais des Congrès de Montréal, a attiré un record de 128 000 visiteurs. Pour une deuxième année consécutive, la Gang allumée pour une vie sans fumée y animait un attrayant kiosque, cette fois sous le thème de « Fumer, c’est se faire avoir ». Denis Giguère, agent de liaison, rapporte que de nombreux adolescents ont demandé des conseils pour arrêter de fumer.
Des membres de la Gang ont exposé le matériel conçu durant l’année, alors que d’autres ont animé des quiz à l’intention des visiteurs. En 1999-2000, 235 écoles et maisons de jeunes de la province ont pris part à ce programme, au cours duquel les adolescents conçoivent eux-mêmes des outils de sensibilisation, souvent en attaquant l’industrie du tabac.
Mission accomplie pour Air pur
En juin, la Société canadienne du cancer a mis un terme à son programme Air pur, entamé en septembre 1997. Les objectifs, les fonds et même le personnel de ce programme étant maintenant en partie retenus par le nouveau service d’agents de liaison du ministère, en appui à la Loi sur le tabac du Québec, la Société a estimé avoir accompli sa mission. Le programme Air pur a non seulement contribué au mouvement ayant mené à l’adoption de la loi québécoise, en juin 1998, mais a aussi favorisé son implantation par la suite.
En Mauricie-Centre-du-Québec par exemple, les agents Air pur, Denise Cantin et Marc A. Morin, furent les premiers à informer les employeurs des obligations de la loi, de même que des avantages obtenus des lieux de travail sans fumée. Une quantité importante de matériel du programme Air pur fut diffusée : trousses d’implantation, brochures, panneaux, affiches, autocollants et le video « Tout un changement d’air ».
De grands avertissements en Europe
Le Parlement européen a adopté en première lecture, à Strasbourg le 14 juin, un projet de directives prévoyant l’obligation d’avertissements sanitaires occupant 25 % de chaque face des paquets de cigarettes, tels que « En fumant, tu te tues ». Les eurodéputés ont toutefois écarté l’utilisation de photographies, comme au Canada. Ils ont également refusé d’interdire les subventions aux producteurs de tabac.
Les directives retenues défendront l’ajout d’ammoniac dans les cigarettes, de même que l’utilisation des termes « légères » et « douces ». En outre, les teneurs en nicotine, en monoxyde de carbone et en goudron seront limitées. Ces normes progressistes, dont l’application est prévue pour 2003, devront d’abord être entérinées par le Conseil européen et votées à nouveau au Parlement en deuxième lecture.
Formation d’un comité
Par le biais d’un communiqué émis le 21 juin, à l’issue d’un Conseil des ministres, la ministre de la Justice du Québec, Linda Goupil, et son collègue ministre délégué à la Santé, Gilles Baril, ont annoncé la création d’un « comité pour examiner la faisabilité d’un recours visant à récupérer les coûts des services de santé reliés au tabagisme, d’étudier les approches juridiques possibles et de faire des recommandations dans les trois mois suivant le début des travaux ».
Interrogés par le quotidien Le Soleil, Louis Gauvin, de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, et François Damphousse, de l’Association pour les droits des non-fumeurs, se sont tous les deux réjouis de la décision gouvernementale. « C’est une démarche réfléchie, a dit M. Damphousse. Il ne faut pas oublier que le gouvernement fait face à un adversaire qui a beaucoup de ressources. Il doit choisir l’option qui lui donne le plus de chances de gagner. »
Hausse du 15 mai
Le 15 mai, Imperial Tobacco et JTI-Macdonald ont de nouveau haussé leurs prix, cette fois de 20 cents la cartouche, de façon à égaler le coût des cigarettes de format king size de Rothmans, Benson & Hedges. Le prix aux grossistes est maintenant de 11,82 $ la cartouche, plus 16,95 $ de taxes fédérales et provinciales.
Si, malgré les rencontres régulières de leurs fonctionnaires, les gouvernements hésitent toujours à augmenter leurs taxes sur le tabac, les fabricants font preuve d’une belle harmonie dans l’établissement de leurs prix, qui augmentent uniformément à chaque année. Les multinationales du tabac ont ainsi instauré l’équivalent d’une importante taxation privée sur leurs produits.
En avril, la revue anglaise Global Competition publiait son premier classement des institutions de surveillance de la concurrence à travers le monde. Le Bureau de la concurrence du Canada, qui a pour mandat de traquer les pratiques monopolistiques abusives, s’était classé 22e sur 24…
Forum sur l’industrie
Le 31 mai à Ottawa, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, Santé Canada et Médecins pour un Canada sans fumée recevaient une centaine de journalistes et de spécialistes du contrôle du tabac à un Forum sur les documents de l’industrie. Une dizaine de caméras de télévision étaient alignées pour les conférences du ministre de la Santé, Allan Rock, et de Jeffrey Wigand, dont la défection a inspiré le film L’Initié.
D’autres experts ont aussi commenté les manoeuvres de l’industrie du tabac, en particulier de British American Tobacco et de sa filiale canadienne Imperial Tobacco. Les exposés ont abordé, entre autres, le recrutement des jeunes, les stratégies de marketing, l’emballage des paquets et les cigarettes légères. Un cédérom, de même qu’un site Internet rapportent cette analyse minutieuse et troublante des activités des fabricants.
Plate-forme albertaine
Un peu à la manière de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, l’Alberta Tobacco Reduction Alliance réunit présentement des alliés pour appuyer ses demandes d’action aux autorités provinciales. Au 20 juin, 349 organismes ou professionnels de la santé soutenaient un plan intitulé « Let’s make Smoking history for the future of all Albertans ».
Ce plan se résume en cinq points :
1. Interdire de fumer dans tous les endroits publics intérieurs où les mineurs ont accès. Les lieux de travail peuvent disposer de fumoirs ventilés.
2. Diminuer la nocivité du tabac, en réduire la distribution, la promotion et la vente.
3. Disposer d’un budget provincial annuel d’au moins 5 $ par habitant pour un programme complet de lutte contre le tabagisme.
4. Augmenter les taxes sur le tabac.
5. Aider les personnes qui veulent cesser de fumer.
Le site Internet de l’Alliance a reçu plus de 1 300 000 consultations depuis janvier 2000.
Restaurant de 500 places sans fumée
Le plus grand restaurant sans fumée du Québec a été ouvert le 6 mai dans le Vieux Port de Montréal. Doté de 500 places à l’intérieur, le restaurant italien Porto Fiorentino offre toutefois 600 places sur les terrasses où il est permis de fumer [réservations au (514) 848-9222].
Le propriétaire Dante Saldivar estime que le gouvernement devrait le subventionner s’il doit ériger une section fumeur séparée et ventilée, lui-même préférant s’en abstenir par soucis écologique et sanitaire. « Quelques clients sont choqués, mais nous leur offrons de manger à l’extérieur quand il fait beau. Je ne crois pas que notre politique ait vraiment affecté nos revenus », a-t-il déclaré.
Ce restaurant est situé sur le quai King Edward, près de la rue Saint-Laurent. Il est jumelé au nouveau centre d’exposition scientifique iSci, lequel dispose également d’une foire alimentaire et d’un bistro sans fumée.
Directive de Bill Clinton
Le président des États-Unis, Bill Clinton, a émis une directive, le 27 juin, enjoignant les directions de toutes les agences et départements fédéraux d’acheminer à leurs employés un message leur conseillant fortement de cesser de fumer ou de ne jamais commencer. De plus, des renseignements sur les ressources d’aide à la cessation disponibles doivent accompagner ces communications.
« Les maladies reliées au tabac sèment la dévastation parmi nos familles et nos communautés, en occasionnant des décès prématurés de nos époux, épouses, mères, pères, soeurs, frères et proches amis », a indiqué le président dans sa directive. Une interdiction de fumer est en vigueur dans tous les édifices fédéraux depuis juillet 1998.