Nouveau personnage dans la lutte antitabac
Février 1997 - No 4
Lorsque vient le temps de modifier les comportements des jeunes, le modèle scolaire traditionnel maître-élèves est loin d’être efficace. Que ce soit dans le domaine de la nutrition, de la sexualité ou du tabagisme, les adolescents ont le don de bien comprendre tout ce qu’on leur enseigne – et de ne pas s’en préoccuper outre mesure lorsqu’ils sortent de l’école et doivent faire des choix concrets.
C’est pourquoi il faut choisir une pédagogie innovatrice pour rejoindre les jeunes, de l’avis de Guylaine Fortin, coordonnatrice d’un nouveau projet de prévention du tabagisme juvénile à la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux de Lanaudière.
Le projet s’appelle SAM (pour « Susciter l’action par la mobilisation »), ce qui est aussi le prénom du personnage central d’un nouveau vidéo qui doit sortir prochainement.
Sam Chicote (ça m’chicote) est un jeune bien ordinaire avec un problème un peu particulier : il est asthmatique, et de ce fait, plus sensible à la fumée de cigarettes. Le vidéo le suit le temps d’une journée, au cours de laquelle il est confronté à plusieurs reprises et de différentes façons à l’omniprésence du tabagisme.
Ainsi, dans la cour de recréation, un surveillant échappe sa cigarette et brûle une écolière. Plus tard, son éducateur physique arrive avec un beau gilet qui fait la publicité de l’Omnium du Maurier.
Après une crise d’asthme à l’école, Sam s’en va à la clinique avec son père; dans la salle d’attente, il y a évidemment quelqu’un en train de fumer. Ensuite, ils s’en vont à la pharmacie pour lui chercher une nouvelle pompe; le père en profite pour s’acheter des cigarettes.
Un peu stressé, le père de Sam conduit de façon agressive, et finit par sortir son paquet. Lorsqu’il veut s’allumer une cigarette, Sam lui fait un petit geste avec sa nouvelle pompe pour le convaincre d’attendre un peu.
Et ainsi de suite, du dépanneur avec le poster de Jacques Villeneuve au chum de la soeur aînée de Sam qui doit mettre fin à une conversation avec son amoureuse pour aller s’acheter des cigarettes.
En tout, le vidéo dure de 30 à 40 minutes, mais son visionnement peut prendre plusieurs heures. Mme Fortin voit le vidéo plus comme un déclencheur de discussions; on l’arrête à de nombreuses reprises pour permettre aux jeunes – on vise plus particulièrement les enfants de 6e année – de discuter de ce qu’ils viennent de voir avec des animateurs adolescents et la personne-ressource. « Le but, c’est de mobiliser les jeunes en les aidant à prendre conscience de ce qui est inconscient, comme l’effet de la publicité », dit Mme Fortin.
On ne met pas l’accent sur les connaissances médicales, comme le fait que le tabagisme provoque le cancer, mais sur les aspects plus concrets et personnels susceptibles d’intéresser les jeunes. L’un des animateurs parle de ses expériences personnelles et ses raisons pour arrêter de fumer : « Quand on jouait au hockey, je courais après mon air tandis que les autres couraient après la rondelle. »
C’est en faisant appel à une équipe de bénévoles et en allant cherchant des commanditaires que Mme Fortin est arrivée à tourner le vidéo, un projet qui a commencé en septembre dernier. Au cours de l’année prochaine, elle compte préparer un guide d’animation pour permettre à d’autres d’utiliser le vidéo de manière efficace
Pour des renseignements supplémentaires, appelez Guylaine Fortin à la Régie régionale de Lanaudière au (514) 459-9900.
Francis Thompson