Le nombre de fumeurs a diminué au Canada en 2009
Octobre 2010 - No 84
Au Québec, la prévalence du tabagisme semble avoir continué de baisser
Selon les plus récentes données de l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes (ESCC) de Statistique Canada, publiées le 15 juin, il y avait, au sein de la population canadienne de 12 ans et plus, 278 900 fumeurs de moins en 2009 qu’en 2008.
Après avoir semblé arrêtée dans son recul en 2007 et 2008, la prévalence du tabagisme au Canada a repris sa lente tendance à la baisse. Environ 23 % des Canadiens de 12 ans et plus fumaient en 2003, et ce taux a atteint 20,1 % en 2009.
Au Québec, le nombre estimé de fumeurs a également diminué en 2009 par rapport à 2008, mais la diminution nette de 42 800 fumeurs y est trop petite pour être jugée significative par Statistique Canada, contrairement à l’impressionnante diminution nette de 108 600 fumeurs qui avait été observée en 2008. Toujours selon l’ESCC, 26,0 % des Québécois de 12 ans et plus fumaient en 2003, contre 22,5 % en 2009. Et 1 499 500 personnes fumaient au Québec en 2009.
Déclin inégal
L’évolution des comportements est souvent indiscernable d’une année à l’autre. Aucun recul significatif de la proportion de fumeurs n’a été observé au Québec entre 2008 et 2009, sauf chez les hommes de 35 à 44 ans. Par contre, lorsqu’on compare les observations de l’ESCC de 2009 avec celles réalisées six ans plus tôt, il appert que la cigarette a clairement perdu de la faveur chez les personnes de 12 à 19 ans et chez celles de 35 à 44 ans, pendant qu’elle maintenait la proportion de ses adeptes dans les autres groupes d’âge. Au Canada dans son ensemble, c’est au sein de toute la population de 12 à 44 ans que le tabac fumé a perdu de la faveur par rapport à 2003, tandis qu’il la gardait chez les hommes et femmes de 45 ans et plus.
Visages du tabagisme actif
Dans la population québécoise de 20 à 34 ans, ce sont encore 35,8 % des hommes et 26,2 % des femmes qui fument régulièrement. Ces proportions sont respectivement de 29,9 % et de 23,0 % au Canada dans son ensemble. Le portrait y est globalement le même : c’est chez les personnes de 20 à 34 ans qu’on observe la plus forte proportion de fumeurs. Dans l’ensemble du pays, Statistique Canada estime qu’il y a 1 765 300 personnes adeptes de la fumée de tabac qui ont entre 20 et 34 ans, soit presque cinq fois plus que le nombre des fumeurs et fumeuses âgés de 12 à 19 ans.
En 2009, au Canada dans son ensemble, les hommes étaient proportionnellement plus nombreux à fumer que les femmes, dans tous les groupes d’âge, sans exception. Au Québec, un groupe d’âge s’est distingué en 2009, pour la première fois depuis que l’ESCC est menée. Chez les 35 à 44 ans, les femmes sont plus nombreuses à fumer que les hommes (23,3 % contre 21,4 %).
Tabagisme passif dans les lieux publics
De 2003 à 2009, dans l’ensemble du pays, le nombre de personnes exposées à la fumée secondaire du tabac dans des lieux publics a diminué, à mesure que diverses interdictions d’y fumer entraient en vigueur dans toutes les provinces canadiennes.
En 2003, 19,7 % des personnes de 12 ans et plus déclaraient avoir été exposées à la fumée secondaire de tabac dans un lieu public au cours du mois précédant l’appel ou la visite des chercheurs de Statistique Canada. En 2009, cette proportion était de 10,0 %.
L’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes établit qu’en six ans, le nombre des personnes involontairement exposées à la fumée de tabac dans des lieux publics est passé 3,99 millions à 2,26 millions de Canadiens de 12 ans et plus.
Le progrès est plus remarquable au Québec, où la proportion des personnes exposées à la fumée secondaire du tabac dans un lieu public a chuté de 27,2 % à 7,9 % de la population de 12 ans et plus. Il faut noter que l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les restaurants et les bars y date du 31 mai 2006.
Statistique Canada estime qu’en 2009, 408 400 Québécois étaient encore exposés, de gré ou de force, à la fumée de tabac dans des endroits publics. Ce nombre inclut notamment des serveuses et serveurs des terrasses de restaurants.
L’ESCC permet aussi de constater que la population adolescente est exposée en plus forte proportion que les adultes à la fumée secondaire du tabac dans des lieux publics, notamment extérieurs. En 2009, 18,1 % des Canadiens de 12 à 19 ans et 19,1 % des Québécois aux mêmes âges déclaraient s’être trouvés dans cette situation malsaine.
Deux enquêtes, un constat
Contrairement à l’Enquête sur la surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC), réalisée à tous les six mois pour le compte de Santé Canada à partir d’une entrevue téléphonique d’environ 9700 personnes de 15 ans et plus dans les dix provinces canadiennes, l’ESCC est réalisée une fois par an auprès d’un échantillon de 65 000 personnes de 12 ans et plus, interrogées au téléphone ou rencontrées à domicile, dans les dix provinces et les trois territoires. Les questions sur l’usage du tabac sont les mêmes dans les deux enquêtes de Statistique Canada, mais les résultats diffèrent puisque la méthode utilisée pour sonder la population n’est pas la même.
L’ESCC, menée depuis 2001, produit généralement des estimations du taux de prévalence du tabagisme plus élevées que celles de l’ESUTC. Les résultats de cette enquête pour la première partie de 2009, rendus publics en février 2010, indiquent que 18 % de la population québécoise de 15 ans et plus fumait la cigarette. Ce taux était de 17 % pour l’ensemble canadien.
Les deux séries de sondages révèlent cependant des tendances identiques dans l’hygiène des Canadiens aussi bien que des Québécois : le tabagisme a lentement décru depuis 2003 et n’a jamais été aussi bas.
Pierre Croteau