Nouvelles brèves

Fin des commandites

En vertu des lois canadienne et québécoise sur le tabac, la dernière étape de l’interdiction totale des commandites du tabac aura lieu dans à peine cinq mois, soit le 1er octobre 2003. Le cas le plus problématique sera peut-être celui, en 2004, du Grand Prix montréalais de Formule 1 qui, bien que non commandité par l’industrie, présente des écuries internationales arborant des marques de cigarettes.

En Europe actuellement, le désaccord est vif entre les ministres de la santé et les dirigeants de la Formule 1. L’Union européenne ayant retenu la date du 31 juillet 2005 pour l’interdiction de la publicité du tabac, incluant celle des commandites, Max Mosley et Bernie Ecclestone menacent carrément de déménager les compétitions dans des pays accueillants envers le tabac, comme en Asie, au Moyen-Orient ou en Europe de l’Est. Pour démontrer leur sérieux, ils ont reTiré du calendrier l’épreuve de Belgique en 2003 et celle de l’Autriche l’an prochain.

« Peut-on quitter le Canada, l’Australie et une foule de pays industrialisés pour s’installer dans des républiques de bananes? À première vue, ça n’a pas beaucoup de sens », s’inquiète le président de la course de l’Île Notre-Dame, Normand Legault, dans un reportage du Journal de Montréal titré « La fin du Grand Prix du Canada? ». Le promoteur affirme n’avoir pas l’intention de batailler en vue d’obtenir une exemption pour son épreuve. « Il s’agit d’une loi qui est en vigueur et nous allons la respecter. La décision d’abandonner le Grand Prix du Canada appartiendra aux équipes. Je n’ai aucun contrôle là-dessus », a-t-il déclaré.

Galeries de la Capitale

Les Galeries de la Capitale, à Québec, sont officiellement devenues sans fumée le 31 mars. Tandis que la loi québécoise permet de fumer jusque dans 40 % des aires communes des centres commerciaux, les Galeries ne l’autorisaient que dans 20 % de ces lieux. Le directeur général du centre, Yves Bois, est très heureux de la transformation. « Jusqu’à présent, nous n’avons eu que des commentaires favorables », mentionne-t-il. C’est dans le but de satisfaire sa clientèle, à forte proportion familiale, que l’administration a décidé d’opter pour un air plus sain. « Nous avions beaucoup de demandes à cet égard et quelques plaintes de nos clients et commerçants », ajoute M. Bois.

Sur 250 magasins, seuls le restaurant du magasin La Baie et le Déli-Quest disposent désormais d’une zone fumeur. Les Galeries de la Capitale forment le 2e plus grand centre commercial du Québec, devancé de peu par le Carrefour Laval, lequel était devenu sans fumée en mars 1998.

Contrebande laurentienne

Le marché illicite du tabac n’est pas l’apanage des multinationales. Le 26 mars, quatre individus des Laurentides ont été accusés de complot et de fraude pour avoir mis en vente des paquets de tabac sans taxes, fraudant ainsi le fisc de quelque 5 millions. Près d’un million en argent comptant et sept véhicules ont été saisis. La compagnie Distribution MCS, située à Bellefeuille près de St-Jérôme, ne déclarait que 5 % de ses ventes, l’ensemble de ses produits étant plutôt refilés dans un réseau de dépanneurs qui furent eux aussi l’objet de perquisitions. Les accusés sont Michel Cloutier, Antoine Labelle, Lise Lecompte et Julio Gil, âgés de 48 à 64 ans. Le marché noir du tabac en vrac est devenu tentant depuis que le gouvernement québécois en a élevé de beaucoup la taxation en avril 2001. Compte tenu de la multitude de petits fabricants et distributeurs, et l’absence de marques connues, il est assez aisé de déjouer les contrôles.

Cible atteinte

Le Défi « J’arrête, j’y gagne! » 2003 a dépassé son objectif de 30 000 fumeurs, lesquels s’étaient engagés à s’abstenir au moins durant les six semaines précédant le 11 avril, a révélé la coordonnatrice de cette campagne, Louise Labrie. Le compte exact, de même que la liste des gagnants seront dévoilés devant la presse le 30 avril, lors d’une cérémonie au théâtre Corona de Montréal. Mme Labrie est enchantée du succès de participation, en particulier de l’achalandage au site www.defitabac.qc.ca. Tel que prévu, six fumeurs extravertis ont pris part au Sevrage Show, en exposant leur arrêt tabagique sur le Web. Devant la popularité de leur site, le groupe Acti-Menu, organisateur du Défi, offre désormais de l’aide à la cessation par Internet à l’année longue; les intéressés recevront notamment une série de 20 courriels hebdomadaires d’encouragement.

New York sans fumée

Le 26 mars, les deux chambres législatives de l’État de New York ont adopté, par de fortes majorités, une loi interdisant de fumer dans tous les endroits publics intérieurs, incluant les bars et les restaurants. Le gouverneur George Pataki l’ayant rapidement entérinée, cette loi sera effective dès le 24 juillet. Avec 19 millions d’habitants, dont 8 millions dans la métropole New York, cet État américain devient le troisième à régir aussi complètement l’usage du tabac. Seuls la Californie et le Delaware l’ont précédé. Incidemment, cette loi mettra rapidement fin aux rares exemptions concédées par le musclé règlement de la Ville de New York, lequel est entré en vigueur au 1er avril.

Joseph Cherner, président de SmokeFree Educational Services, s’est réjoui de ce progrès. « Aucun travailleur ne sera victime de discrimination en étant obligé de respirer de la fumée de tabac à son emploi, considère-t-il. Les fumeurs resteront les bienvenus partout. Seule la fumée ne l’est plus. » Parmi la douzaine d’États se proposant d’adopter des lois complètes de protection des non-fumeurs, M. Cherner prévoit des aboutissements rapides au Massachusetts, en Floride, au New Jersey et au Maine. L’État de New York ayant une frontière commune de 100 km avec le Québec, les résidents de la Montérégie auront donc bientôt accès à des bars et des restaurants sans fumée à Plattsburgh et à Malone, par exemple.

10 milliards pour les légères

Le 21 mars, un juge du comté de Madison, dans l’Illinois, a condamné le géant américain du tabac Philip Morris à un dédommagement de 10,1 milliards $ US pour avoir trompé plus d’un million de fumeurs de cet État concernant le danger des cigarettes légères. En conséquence de ce recours collectif, la compagnie doit également rembourser la bagatelle de 1,7 milliard en frais d’avocats. Contrairement à ce qui appert dans d’autres procès, alors que l’industrie réussit à faire reporter en appel pendant des années des causes perdues, le juge Nicholas Byron a exigé du fabricant une caution de 12 milliards, payable en moins de 30 jours s’il y a appel. Le fabriquant a rétorqué que cette caution gigantesque pourrait l’acculer à la faillite et mettre en péril les versements dus aux États en vertu de l’entente globale de 1998. Les parties se sont par la suite entendues pour une caution de 6 milliards.

Colloque au féminin

En novembre 2004, la ville de Québec sera l’hôte du premier colloque international sur le tabagisme féminin. Alors que le cancer du poumon tue désormais plus de femmes que le cancer du sein en Amérique du Nord, l’écart de prévalence du tabagisme qui séparait les femmes des hommes s’est pratiquement effacé. Cette première conférence a pour but de contribuer à la recherche qui permettra de contrer graduellement ce fléau. En plus de porter sur la situation actuelle du tabagisme féminin, les discussions aborderont des sujets aussi variés que la manipulation des femmes par l’industrie, les maladies spécifiques aux femmes, la pauvreté et la cessation. Des ateliers seront offerts en français et en anglais. Chantal Levesque, de la Direction de la santé publique de Québec, et Ann Royer, de l’Unité québécoise de recherche sur le tabagisme, agissent à titre de co-présidentes du comité scientifique du colloque. Plus de renseignements dans nos prochains numéros.

MIM d’or pour jarrete.qc.ca

À l’occasion du Gala du 9e Salon des technologies numériques, présenté le 15 avril au Palais des Congrès de Montréal, le site d’arrêt tabagique www.jarrete.qc.ca a remporté le « MIM d’or » de la catégorie Institutions publiques, services gouvernementaux. Bien que ce site soit une initiative du Conseil québécois sur le tabac et la santé, le prestigieux prix récompensait plutôt sa firme conceptrice, Orénogue Interactif. Ayant reçu plus de 55 000 visiteurs en trois mois, cette création se distingue par son graphisme et par son approche interactive innovatrice. Ce projet est soutenu par le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Trottoirs sans mégots

Depuis octobre dernier, il est interdit de fumer dans certains lieux publics extérieurs couvrant le tiers de l’arrondissement de Chiyoda, au centre de Tokyo. Le règlement vise à maintenir la propreté des trottoirs et à éviter les brûlures aux vêtements des passants. En quatre mois, les officiers municipaux ont infligé aux fumeurs impénitents 2 250 amendes de 2 000 yens, soit environ 25 $ CAN. Par sympathie pour sa clientèle, Japan Tobacco (JT) a aménagé dans des parcs de la capitale nippone deux roulottes pour fumer, baptisées SmoCar. « Comme les endroits où l’on peut fumer diminuent, nous essayons de réduire l’inconfort des fumeurs », a expliqué un porte-parole du fabricant à l’Agence France-Presse. Selon une enquête de JT réalisée en 2002, 49 % des hommes et 14 % des femmes fument au Japon.

L’efficacité et la rapidité des officiers japonais à émettre des constats d’infraction aux fumeurs contrastent avec la démarche québécoise. Depuis juillet 2000, date d’entrée en vigueur des mesures pénales de notre loi sur le tabac, les inspecteurs locaux accrédités par le ministère de la Santé du Québec n’ont émis que 304 constats d’infraction (de 75 $). Il y a présentement 55 inspecteurs locaux, tels des agents de sécurité d’université, précise Chantal Maltais, chef du bureau des inspecteurs à Québec. « Le renforcement de la loi par l’émission de constats est un dernier recours, explique-t-elle. En général, les employeurs et gestionnaires de lieux obtiennent la collaboration des fumeurs par leurs politiques internes et de simples avertissements. »

Washington réclame 289 milliards

En mars, le gouvernement américain a évalué à 289 milliards $ le dédommagement requis des fabricants de cigarettes pour avoir utilisé des tactiques de marketing frauduleuses et trompeuses. Dans une poursuite en Cour fédérale, le département de la Justice reproche à Philip Morris, RJ-Reynolds, Brown and Williamson et Liggett Group d’avoir manipulé les niveaux de nicotine, menti à leurs clients sur les dangers du tabac, et ciblé délibérément les enfants dans leurs campagnes promotionnelles.

Déposée initialement sous l’administration Clinton, la plainte sera jugée dans le cadre d’une loi de lutte contre le crime organisé. Bien que les cigarettiers feront tout pour que cette poursuite soit rejetée, le procès devrait normalement débuter en septembre 2004. La somme de 289 milliards de dollars, US bien sûr, correspond à un demi-siècle de profits « illégalement obtenus » par les principaux manufacturiers, parce qu’ils ont vendu des cigarettes à près de 30 millions de personnes ayant commencé à fumer avant d’avoir atteint l’âge de la majorité. Le gouvernement central est sans doute jaloux du succès des 46 États qui récoltent une compensation de 206 milliards d’ici 2025 en vertu d’une entente globale conclue en 1998. Cet accord mettait fin à une kyrielle de poursuites relatives aux dépenses médicales des États, attribuables aux maladies causées par le tabagisme.