Nouvelles brèves

La nicotine médicinale aide vraiment

Les pastilles de nicotine et les timbres transdermiques, qui diffusent doucement de la nicotine dans le corps, font plus que doubler les chances de succès d’une personne qui tente d’arrêter de fumer du tabac. Avec les vaporisations nasales de nicotine, les chances de réussite ne sont pas 2 mais 2,4 fois meilleures, ce qui est aussi bon qu’avec la varénicline (Champix), un médicament d’ordonnance. Ces encourageantes performances ont été révélées par une analyse parue en juillet dans le Canadian Medical Association Journal et signée par onze chercheurs québécois.

Le Dr Mark Eisenberg, de l’Hôpital général juif Sir Mortimer B. Davis de Montréal, et ses confrères de divers instituts de recherche au Québec ont analysé 69 études scientifiques où étaient comparées différentes thérapies de remplacement de la nicotine du tabac, des études où l’efficacité des thérapies était à chaque fois contrôlée grâce à l’administration de placebos à l’insu des thérapeutes et des patients. L’analyse a aussi montré que la chance d’un fumeur de réussir son sevrage est 1,7 fois meilleure s’il mâche de la gomme de nicotine qu’armé de sa seule volonté de ne plus toucher au tabac. Le résultat de l’analyse n’est pas concluant au sujet de l’efficacité des thérapies de renoncement au tabac avec inhalateur oral de nicotine.

PMI inhale Rothmans

Le 8 août dernier, le conseil d’administration de Rothmans inc. a recommandé aux actionnaires de cette compagnie d’accepter l’offre de 30 $ canadiens par action faite le 31 juillet par Philip Morris International (PMI), la plus grosse multinationale du tabac au monde. Rothmans Benson & Hedges, l’un des trois grands offreurs de cigarettes sur le marché canadien, appartenait déjà à 40 % à PMI, et pour le 60 % restant à Rothmans. Contrairement aux résultats financiers d’Imperial Tobacco Canada et de JTI-Macdonald, qui sont fondus dans les rapports annuels et trimestriels de leurs maisons mères British American Tobacco de Londres et Japan Tobacco International de Genève, les résultats de Rothmans, une compagnie cotée à la Bourse de Toronto, sont publics, et ont traditionnellement permis aux journalistes de mieux connaître les activités du secteur du tabac au Canada. La tâche pourrait être plus difficile à l’avenir. Le 17 septembre, PMI n’était cependant parvenue à racheter que 67 % des actions de Rothmans en circulation, et a annoncé qu’elle prolongeait sa campagne d’achat. L’accoutumance aux dividendes fait que certaines caisses de retraite veulent plus que 30 $ par action.

Des cigarettiers pompent leurs prix et leurs profits

Déduction faite des taxes et droits d’accise, les ventes de Rothmans Benson & Hedges (RBH) au Canada ont augmenté de 8,4 % durant l’année financière 2007-08, « par suite de la hausse du volume des ventes de cigarettes bas de gamme et de la majoration des prix, deux facteurs qui ont plus que compensé la baisse du volume des ventes des cigarettes haut de gamme et des produits coupe fine », selon le rapport annuel.

L’augmentation du nombre de cigarettes vendues par RBH vient de ce que l’entreprise a gagné des parts de marché au détriment de la concurrence. Les ventes de RBH comptent pour près du tiers de toutes les ventes de cigarettes sur le marché canadien. L’entreprise a aussi augmenté son bénéfice net de 17,9 % par rapport à l’année précédente.

Aux États-Unis, au deuxième trimestre de 2008, malgré une baisse de 7,9 % de la quantité de tabac qu’elle a vendue, R. J. Reynolds Tobacco a augmenté de 5,4 % son bénéfice d’exploitation, grâce à une amélioration de sa productivité et à une hausse du prix de ses cigarettes. R. J. Reynolds est le numéro 2 sur le marché des cigarettes aux États-Unis, avec des marques comme Camel, Winston et Kool, entre autres.

Yves Bolduc, nouveau ministre de la Santé

Après plus de cinq ans aux commandes du ministère de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard a quitté ses fonctions le 25 juin. Le bilan de l’ensemble de son œuvre reste à faire, mais dans le monde de la lutte contre le tabagisme, le nom de Philippe Couillard restera fortement associé au vote, à l’Assemblée nationale en juin 2005, de la deuxième Loi sur le tabac, et à l’application méthodique de cette loi depuis lors.

Le successeur de M. Couillard, Yves Bolduc, est lui aussi médecin, et possède une maîtrise en administration publique. Jusqu’à son entrée au Conseil des ministres, M. Bolduc, qui est âgé de 51 ans, a notamment travaillé dans l’administration des services de santé, dans diverses régions du Québec, et comme omnipraticien. À titre de directeur des services professionnels du Centre de santé et des services sociaux de Lac-St-Jean-Est, Yves Bolduc pilotait au printemps dernier une recherche visant à mesurer l’impact clinique de l’implantation d’un programme de soins intégrés offerts à des personnes asthmatiques à Alma. Le nouveau ministre semble donc bien placé pour savoir à quel point le tabagisme et les maladies pulmonaires font mauvais ménage.

La prévalence a cessé de baisser

Selon la dernière estimation disponible, 19 % de la population canadienne de 15 ans et plus fume la cigarette. C’est cette proportion qu’a mesurée, pour la troisième année d’affilée, l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC) de 2007, dont les résultats finaux sont parus le 25 août 2008 sur le site internautique de Santé Canada.

Selon la même enquête, la proportion des fumeurs de cigarettes chez les personnes de 15 ans et plus au Québec, qui était de 20 % en 2006, est revenue à 22 % en 2007, soit le score de 2005. Par contre, dans la population québécoise de 15 à 19 ans, la proportion des fumeurs de cigarettes a continué sa baisse en 2007, atteignant à 17 % le plus bas niveau jamais mesuré par l’ESUTC.

Rappelons que les ventes de cigarettes comptent pour plus de 99 % des ventes de produits du tabac au Canada. L’ESUTC de 2007 a aussi montré que 14 % des enfants de 0 à 11 ans sont exposés à la fumée du tabac à domicile au Québec, contre 7 % des enfants aux mêmes âges dans l’ensemble du Canada.

Moins de gens à l’urgence

En Écosse, où une interdiction de fumer dans les lieux publics s’applique depuis le 1er avril 2006, il y a eu, dans les douze mois qui ont suivi, une réduction de 17 % des admissions à l’hôpital dues à des crises cardiaques ou des problèmes coronaires aigus. Pendant la décennie précédant l’interdiction, le nombre d’admissions à l’hôpital pour ces motifs diminuait de 3 % par année, en moyenne. Le nombre de décès hors des hôpitaux et dus aux mêmes problèmes a diminué de 6 % durant la même année. Ces résultats apparaissent à la suite d’une recherche menée par la professeure Jill Pell de l’Université de Glasgow, et ont fait l’objet d’un article paru dans le New England Journal of Medicine du 31 juillet. Les fumeurs, les ex-fumeurs et surtout les non-fumeurs ont bénéficié d’un espace respiratoire moins pollué. Les non-fumeurs admis à l’hôpital en raison d’une crise cardiaque ou de problèmes coronaires aigus ont été 21 % moins nombreux qu’auparavant.

Être prévenu et se croire quand même à l’abri

La plupart des adeptes du tabac en France croient qu’ils fument depuis suffisamment peu d’années, ou qu’ils fument suffisamment peu de cigarettes, pour s’exposer au risque d’être frappés par le cancer. C’est ce qu’ont observé le sociologue Patrick Peretti-Watel, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) à Marseille, et ses collègues, lors de 3820 entrevues téléphoniques menées au printemps 2005 avec un échantillon aléatoire de ménages de tous les coins de la France. Le but était de connaître les connaissances et les perceptions du risque associé au tabagisme, et l’échantillon incluait 979 fumeurs. Les entrevues avec les adeptes du tabac ont montré que le déni du risque observé chez ces derniers n’est pas le reflet d’un manque d’information et peut prendre diverses formes. Dans leur compte rendu de recherche paru dans Tobacco Control (vol. 16, no 5), les chercheurs estiment qu’il faudrait mieux connaître la façon dont les fumeurs comparent et évaluent les risques, entre autres, et se forgent des croyances, si on veut leur éviter de se croire exemptés des conséquences de leur consommation.

Conférence canadienne à Montréal

Du 1er au 4 novembre 2009, c’est à Montréal qu’aura lieu le prochain grand congrès pancanadien sur le contrôle du tabac. Réunissant quelque 700 participants venus principalement du milieu de la santé, l’événement est présenté à tous les deux ans par le Conseil canadien pour le contrôle du tabac. Basé à Ottawa, cet organisme a choisi la métropole québécoise du fait que l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth disposait de salles assez grandes, à des coûts intéressants. « Aussi, Montréal est une destination plaisante et bien outillée pour les voyageurs », a indiqué Ruta Klicius, gérante de la 6e Conférence nationale sur le tabagisme ou la santé.

Toujours très bien organisé, ce congrès se finance en partie par les inscriptions, ainsi que par des commandites privées et gouvernementales. Les modalités d’adhésion seront publiées graduellement sur le site www.ncth.ca. Même si les travaux de la conférence se déroulent surtout en anglais, des reportages dans Info-tabac y font écho, comme ce fut le cas dans les numéros 59 et 71 qui traitaient des dernières éditions, tenues à Ottawa en juin 2005 puis à Edmonton en octobre 2007. Il n’y a pas de magazine équivalent au nôtre au Canada anglais.

Engagement électoral de Stephen Harper

Établir une « taille minimale » pour les paquets de cigarillos, afin de les rendre moins abordables pour les enfants; « interdire l’ajout d’aromes et d’additifs qui plaisent aux enfants » dans les produits du tabac; et interdire la publicité et la promotion du tabac dans des médias imprimés et électroniques « pouvant être lus et vus par des jeunes » : voilà des mesures que le Parti conservateur voudrait voir adoptées par la 40ième législature au Parlement fédéral canadien.

L’annonce a été faite le 17 septembre par le chef conservateur, Stephen Harper, durant la campagne électorale. La compagnie Imperial Tobacco Canada (ITC) a saisi l’occasion pour émettre un communiqué où elle rappelle qu’elle ne vend pas de cigarillos. ITC vend cependant des cigarettes Matinée aromatisées au menthol. Dans son annonce, M. Harper précisait que son projet concerne le marketing des produits du tabac « auquel les enfants sont vulnérables » et « ne vise pas à restreindre les libertés des adultes ».

Présentement, la loi fédérale autorise la publicité des produits du tabac dans une publication dont plus de 85 % du lectorat habituel est constitué de personnes majeures. D’après Jean-Luc Benoit, du service de presse du Parti conservateur, il faut comprendre que des annonces de cigarettes paraissant dans une publication gratuite à grand tirage, comme par exemple l’hebdomadaire Voir, ne seraient plus autorisées à l’avenir, étant donné qu’elles peuvent facilement être vues par des mineurs.

12ièmes JASP : dernier appel

Les participants aux Journées annuelles de santé publique (JASP) ont souvent été invités à se pencher sur le phénomène du tabagisme et sur les mesures à prendre pour réduire la consommation du tabac. Ces thèmes ont même systématiquement figuré dans le programme de l’événement à chaque année depuis 2002. Lors des JASP du 17 au 20 novembre 2008 à Québec, l’entière journée du 20 novembre sera consacrée à la législation et la réglementation en matière de tabagisme. Renseignements et inscriptions (254 $ pour une journée, 762 $ pour les quatre) sur le site de l’Institut national de santé publique du Québec à www.inspq.qc.ca/jasp.