Gatineau rassurée par les intentions du ministre Couillard

Après avoir milité pour devenir la première ville québécoise sans fumée, Gatineau passe maintenant le flambeau au gouvernement du Québec. Lors d’une rencontre avec des représentants de cette municipalité, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, s’est engagé à déposer, au cours de l’année 2005, un projet de loi qui interdira l’usage du tabac à l’intérieur des lieux publics de la province, incluant les bars et les restaurants.

C’est le 17 novembre dernier que le maire de Gatineau, Yves Ducharme, et le conseiller municipal et président de la commission Gatineau, ville en santé, Pierre Philion, ont finalement rencontré le ministre de la Santé et son homologue des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier.

Au terme de cet entretien, la Ville, qui souhaitait que Québec lui confère le pouvoir de réglementer l’usage du tabac sur son territoire, a renoncé à l’amendement de sa charte municipale. « Le gouvernement est maintenant prêt à aller de l’avant, signale Pierre Philion, et nous sommes d’accord avec ce qu’il propose. »

Selon M. Philion, le ministre Couillard devrait déposer son projet de loi au printemps 2005 et s’il obtient l’appui des partis de l’opposition, l’interdiction de fumer dans les lieux publics pourrait entrer en vigueur dès l’automne 2005, ou dans le pire des cas, au début de l’année 2006.

Coalition Gatineau sans fumée

Ravie que le ministre Couillard ait enfin clarifié ses intentions, la Coalition Gatineau sans fumée accueille favorablement le plan de match du gouvernement. « C’est mieux qu’il y ait un débat unique pour toute la province, explique son président Jacques Roy. Parce que même si la charte de Gatineau avait été amendée, il aurait fallu faire des consultations et rédiger un règlement, ce qui nous aurait probablement mené vers une ville sans fumée au moment où l’on pense que toute la province pourra l’être. »

« Toutefois, pour que nous soyons pleinement satisfaits, précise M. Roy, il faudra que les amendements proposés à la loi soient déposés et adoptés au cours de l’année 2005, et qu’ils s’appliquent autant aux bars qu’aux restaurants. »

En plus du rapport sur la révision de l’actuelle Loi sur le tabac qu’il doit présenter avant octobre 2005, le ministre Couillard a confirmé son intention de tenir des consultations publiques en janvier 2005. Ce n’est qu’une fois ces démarches terminées que le projet de loi pourra enfin être déposé.

Une loi forte

Mise sur pied, il y a près d’un an, pour aider la ville à bannir la cigarette de ses lieux publics, la Coalition Gatineau sans fumée sera plus active que jamais au cours des prochains mois. « En plus de prendre part aux consultations publiques, nous serons présents pour soutenir une loi forte lorsque viendra la commission parlementaire », assure son président et fondateur.

Opposé à l’idée d’aménager des salles ventilées pour fumeurs, le groupe de pression, qui représente près de 1 000 membres, espère que le gouvernement proscrira également l’usage du tabac sur les terrasses extérieures.

« À Ottawa, il est permis de fumer sur les terrasses et les propriétaires de restaurants et de bars jouent beaucoup avec ça, souligne M. Roy. Ils construisent des enclos avec des toiles et des « chaufferettes » pour étirer le plus longtemps possible le temps où leurs établissements peuvent accueillir des fumeurs. »

Rallier l’opposition

Afin que la loi soit adoptée dans les meilleurs délais, les élus de Gatineau ont, pour leur part, prévu rencontrer les partis de l’opposition. Fin novembre, le Parti québécois encourageait un durcissement des mesures antitabac dans les restaurants et les bars, selon Le Droit d’Ottawa; tandis qu’à l’Action démocratique du Québec, on considérait que la ville devrait pouvoir obtenir le pouvoir d’interdire le tabac sur son territoire advenant l’échec de la législation provinciale proposée par le gouvernement Charest.

Josée Hamelin