Et dans les arénas municipaux

Dans le cas des restaurants, la loi québécoise de 1986 ne faisait qu’autoriser les municipalités à adopter des règlements pour protéger les clients non-fumeurs, ouvrant ainsi la voie à des problèmes de manque d’uniformité entre municipalités avoisinantes.

Par contre, cette même loi ne laissait aucun choix aux municipalités en ce qui concerne les lieux fermés utilisés « pour des activités religieuses, sportives, judiciaires, culturelles ou artistiques, lorsque de telles activités s’y déroulent ». Donc, il y a interdiction totale de fumer dans tous les arénas du Québec à partir du moment où une activité sportive s’y déroule. Les municipalités ont l’obligation de veiller à l’application de cette interdiction.

Malgré cet article on ne peut plus clair de la loi de 1986, on doit encore se battre pour faire accepter le principe qu’on ne devrait pas fumer autour des jeunes hockeyeurs et patineurs, comme le montre un cas récent dans l’est de l’Île de Montréal. En décembre, un hebdomadaire de Pointe-aux-Trembles faisait état du combat en faveur du respect de la loi que mène Mme Sylvie Brunet, dont les deux enfants fréquentent l’aréna du quartier.

« On a l’impression d’être dans une discothèque ou un bar, se plaint Mme Brunet, deux mois plus tard. Nos enfants sont empoisonnés. » Son fils en particulier souffre régulièrement de malaises qui semblent reliés à sa présence à l’arène Rodrigue-Gilbert, bien qu’il soit difficile d’apprécier la contribution des gaz d’échappement de la surfaceuse de l’établissement.

Au poste de police du quarter, Mme Brunet dit avoir dû discuter longtemps avant de convaincre les policiers qu’ils avaient effectivement le droit d’intervenir. Mais comme on pouvait s’y attendre, le non-respect des interdictions de fumer est loin d’être la priorité du service policier.

Du côté municipal, certains fonctionnaires font preuve de bonne volonté, mais Mme Brunet se plaint des employés municipaux travaillant sur place qui « nous fument en pleine face ». Le Service des loisirs et du développement communautaire et les organisateurs de hockey se renvoient la balle.

Mme Brunet n’en démord pas : en plus d’organiser une pétition (signée par plus d’une centaine de parents), elle a décidé d’écrire au maire Bourque, à Jean Rochon et à Lucien Bouchard pour qu’on cesse enfin d’emboucaner ses enfants.

Il reste à voir si le projet de loi promis par Jean Rochon, en établissant des règles uniformes pour tout le territoire québécois, réussira à changer les mentalités chez les élus et les fonctionnaires municipaux. Sinon, les nouvelles mesures de protection des non-fumeurs pourraient fort bien demeurer lettre morte.

Francis Thompson