Nouvelles brèves

Augmentation du budget de la lutte antitabac en Alberta

Le ministre de la Santé de l’Alberta, Halvar Jonson, a annoncé, le 19 avril dernier, l’injection de un million $ par année et ce pour les trois prochaines années dans la lutte antitabac. Ces sommes versées à l’Alberta Tobacco Reduction Alliance représentent une augmentation de 250 000 $ par année. L’Alliance est un important répondant tabac dans la campagne provinciale Clear the Air, entre autres.

Fini les panneaux-réclame aux États-Unis

Aux États-Unis depuis le 23 avril, la publicité du tabac sur panneaux-réclame a disparu du paysage. Il s’agit d’une des retombées de l’entente globale conclue en novembre dernier entre les fabricants de cigarettes et la plupart des États américains. (Voir « Entente « globale » américaine, prise deux », dans notre numéro de décembre 1999.)

Fini le cowboy de Marlboro, cigarette à la bouche, illuminé de nuit sur plus de 20 mètres de haut, qui dominait le très renommé Sunset boulevard de Los Angeles. Terminé également le panneau de 23 mètres du chameau Camel qui surplombait depuis dix ans le Times Square, à New York.

« C’est un jour de victoire pour les Américains, a signalé l’Association médicale américaine. Vous pouvez maintenant emprunter les autoroutes et traverser les États-Unis sans que vos enfants voient le gars de Marlboro les fixer du regard. »

Jean Coutu heureux sans tabac

Le pharmacien Jean Coutu admet que l’arrêt de la vente des cigarettes n’a pas été nuisible à la chaîne de magasins portant son nom. Le 17 avril à Montréal, l’homme d’affaires a expliqué à Pierre Marcotte, journaliste au Canal communautaire 9, qu’il s’était d’abord entêté à poursuivre la vente du tabac dans l’intérêt des franchisés et des actionnaires de son groupe, mais que son retrait s’est avéré positif pour l’image de la profession.

« Cela a été un bien, parce que même le chiffre d’affaires a augmenté et je crois qu’on est plus respecté. (…) Je peux vous dire que le résultat a été surprenant, mieux que je pensais. (…) Je dois dire qu’on aurait peut-être dû le faire avant », a avoué Jean Coutu. Rappelons que les commerces jumelés aux pharmacies ne vendent plus de produits du tabac depuis septembre 1998, à la suite d’un jugement du Tribunal des professions réclamé par l’Ordre des pharmaciens du Québec.

Dans une circulaire Info Santé de mai, Jean Coutu signe même une chronique sur les droits des non-fumeurs dans laquelle il mentionne : « On a parfois l’impression que tout le monde fume. En fait, la plupart des gens ne fument pas. Près de 70 % des Québécois ne fument pas. Les non-fumeurs ne sont toutefois plus une majorité silencieuse. Ils sont incommodés par la fumée et ils le font savoir. Ils considèrent la fumée de tabac comme un agent polluant l’air qu’ils respirent. » Le lobby antitabac aurait-il trouvé un ami chez Jean Coutu?

Avertissements spectaculaires exigés

Le 13 mai à Ottawa, une coalition d’organismes de santé et d’associations professionnelles a dévoilé des paquets de cigarettes avec de nouveaux avertissements de santé spectaculaires qu’elle voudrait voir imposés à l’industrie du tabac par le gouvernement fédéral.

En appui à cette demande, la coalition a présenté une étude de la firme Environics qui démontre que les fumeurs veulent une approche très directe vis-à-vis des risques associés au tabac. L’étude indique que les fumeurs accepteraient des avertissements beaucoup plus grands, avec l’utilisation de couleurs, d’éléments graphiques et de photos montrant les ravages des maladies causées par le tabac, notamment des cancers de la bouche et du poumon.

Cette initiative est un des éléments de la campagne antitabac canadienne intitulée « Le Tabac OU les Jeunes », laquelle est appuyée par 150 organismes.

L’OMS en guerre contre le tabac

Environ quatre millions d’êtres humains sont décédés de causes reliées au tabagisme en 1998, indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son rapport annuel sur la santé.

Directrice générale de l’OMS depuis juillet 1998, la Norvégienne Gro Harlem Brundtland a fait de la lutte au tabagisme une de ses priorités. Dans son message d’introduction au rapport, publié le 11 mai à Genève, elle résume ainsi les quatre voies menant à des résultats efficaces de réduction du tabagisme :

  • Fournir de l’information sanitaire au public, par les médias et les écoles, et interdire la publicité et la promotion du tabac;
  • Utiliser la taxation et les réglementations pour réduire la consommation;
  • Encourager la cessation, notamment en faisant la promotion de produits moins nocifs et plus accessibles d’administration de nicotine;
  • Mettre sur pied des coalitions antitabac et neutraliser l’opposition aux mesures de contrôle.

On peut obtenir le rapport annuel de l’OMS sur Internet, en format PDF.

Convention mondiale contre le tabac

Les 191 pays membres de l’Assemblée mondiale de la santé, l’organe directeur de l’OMS, ont soutenu, le 24 mai à Genève, la proposition d’entreprendre les travaux menant à l’adoption de la Convention cadre pour la lutte antitabac. Il s’agit d’un nouvel instrument juridique devant réglementer, à l’échelle planétaire, des questions relatives à la publicité et la promotion du tabac, la diversification de l’agriculture, la contrebande, les taxes ou encore les subventions.

Pour la première fois, en 50 ans d’histoire, l’OMS négocie une telle convention. Cela donnera lieu au premier traité mondial de lutte contre le tabac. Les représentants de 50 nations ont pris la parole et ont promis un appui politique et financier en faveur de la Convention.

Taxes élevées = moins de fumeurs

Dans un rapport rendu public le 18 mai dernier à Genève, la Banque mondiale affirme que l’augmentation des taxes sur les produits du tabac affecte grandement leur consommation. L’institution financière estime qu’une hausse de 10 % des taxes sur le tabac à l’échelle mondiale provoquerait la cessation chez 40 millions de fumeurs. « Les chiffres recueillis auprès de pays aux revenus différents montrent que l’augmentation du prix des cigarettes réduit considérablement la demande pour ce produit », indique le rapport.

Selon la Banque mondiale, de fortes taxes découragent le tabagisme juvénile.

Ce rapport a suscité des réactions, notamment à la Société canadienne du cancer où l’analyste des politiques, Rob Cunningham, a souligné que : « La Banque mondiale est une institution dont les opinions sont généralement prudentes et ses avis sur les questions économiques sont très crédibles. » Il a dit espérer que le ministre des Finances Paul Martin puisse être convaincu, par ce rapport, d’augmenter très bientôt les taxes sur le tabac.

Quant au président du Conseil canadien des fabricants des produits du tabac, Rob Parker, il qualifie ce rapport de « naïf » et croit plutôt que ni les augmentations de taxes, ni les autres mesures antitabac déployées par le gouvernement, n’ont eu d’effets sur l’industrie.

Pourtant, à maintes reprises, les compagnies de tabac ont fait mention dans leurs rapports annuels de l’impact négatif d’une politique de taxation dynamique sur leurs chiffres d’affaires.

Pas de boucane dans la cabane

La Société canadienne du cancer recommande aux entreprises de faire des journées de pratique en vue de l’entrée en vigueur de la Loi sur le tabac. Lors de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai, 81 entreprises, regroupant 5 700 travailleurs, ont ainsi pris part au concours Pas de boucane dans la cabane, organisé dans les régions Laurentides, Mauricie et Centre-du-Québec par le Programme Air pur de la Société.

L’activité consistait à interdire de fumer dans les entreprises, cela pour un seul jour seulement, alors que les ex-fumeurs étaient invités à faire part des trucs ayant facilité leur abandon du tabac. Cette journée de pratique a permis aux employeurs et aux fumeurs de développer des mécanismes d’adaptation et de résoudre quelques problèmes de parcours.

Denis Côté et Lucie Desjardins