Comportements méconnus d’un phénomène connu

2e Enquête sur les habitudes tabagiques des Québécois.
Même si le gouvernement surveille étroitement les habitudes tabagiques des Québécois depuis 1995, « certains aspects de ce phénomène demeurent très peu documentés », note l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Il y remédie avec sa deuxième Enquête sur les habitudes tabagiques des Québécois (EHTQ), « une étude portant sur des comportements méconnus face à un phénomène connu ».

Cette enquête de l’ISQ, dévoilée en mai dernier, présente plus précisément des données sur : l’usage du tabac de contrebande, les ménages qui acceptent qu’on fume à l’intérieur ou les habitudes des fumeurs selon les jours de la semaine. Toutes ces données, recueillies sur une période d’un an, prennent en considération plusieurs éléments démographiques ou sociologiques, dont l’âge, le sexe et les antécédents de tabagisme.

L’EHTQ nous apprend notamment qu’environ 19 % des Québécois âgés de 15 ans et plus ont fumé des cigarettes en 2011. Quatorze pour cent l’ont fait à tous les jours et 5 % à l’occasion. Le groupe des 65 ans et plus comportait la plus petite proportion de fumeurs réguliers (6 %); les 45-64 ans, la plus grande (17 %). Les 15-24 ans se situaient à mi-chemin (12 %).

On y apprend aussi que, règle générale, les hommes fument plus que les femmes. Pendant le week-end, par exemple, ces messieurs ont consommé 19 cigarettes par jour en 2011, en moyenne, contre 17 pour les femmes. Pire : pendant la semaine, 13 % des messieurs ont grillé 30 cigarettes ou plus au cours d’une seule journée, en moyenne. C’est presque trois fois plus que les femmes (5 %)! À l’inverse, une plus grande proportion de femmes ont consommé moins de 10 cigarettes par jour.

Quant aux cigarillos (petits cigares), ils n’ont attiré que 3,3 % des Québécois de 15 ans et plus. Curieusement, une partie des amateurs de petits cigares se considèrent toutefois comme… des non-fumeurs. Les plus gros consommateurs de cigarillos étaient des hommes de 15 à 24 ans : en 2011, pas moins de 8 % d’entre eux en ont fumé au moins à l’occasion.

La moitié des fumeurs veulent écraser d’ici 30 jours
Pas moins de 40 % des fumeurs réguliers et 68 % des fumeurs occasionnels avaient l’intention de rompre avec le tabagisme avant 30 jours.

La bonne nouvelle : en 2011, plus de la moitié (58 %) de tous les fumeurs envisageaient sérieusement d’abandonner le tabac au cours des six prochains mois. Parmi eux, 49 % considéraient même le faire au cours des 30 prochains jours!  Les fumeurs occasionnels étaient proportionnellement plus nombreux à considérer cette avenue : environ 70 % d’entre eux avaient l’intention d’écraser au cours des 30 prochains jours ou des six prochains mois.

Parmi tous les fumeurs qui pensaient à arrêter au cours des six prochains mois, la moitié croyaient qu’une aide pharmacologique (comme les timbres de nicotine) serait efficace. Environ 40 % estimaient que ce serait le cas du soutien d’un professionnel de la santé. Moins de 20 % jugeaient toutefois qu’une ligne téléphonique comme 1 866 JARRETE les aiderait à écraser.

La troisième édition de l’EHTQ comporte une autre bonne nouvelle : de moins en moins de Québécois tolèrent qu’on fume à l’intérieur de leur résidence. En 2011, 26 % des Québécois âgés de 15 ans et plus l’acceptaient, contre 30 % un an plus tôt. Les ménages où vivaient des enfants étaient encore moins permissifs : seulement 20 % acceptaient qu’on enfume leur résidence.

Enfin, l’EHTQ nous apprend qu’environ 10 % des fumeurs ont grillé des cigarettes de contrebande en 2011 contre 14 % en 2010. Il s’agit d’une baisse significative, selon l’ISQ. Étonnamment, seulement 20 % des consommateurs de tabac illicite l’achètent directement dans une réserve autochtone; près de 80 % se le procurent plutôt auprès d’amis ou de parents.

Mel Lefebvre et Anick Perreault-Labelle