Québec souhaite abaisser la prévalence – 18% d’ici 2012

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a profité des 6e Journées annuelles de santé publique, tenues à Québec du 18 au 21 novembre, pour lancer son nouveau Programme national de santé publique, axé sur les années 2003-2012.

Lors de l’ouverture des Journées, le ministre délégué Roger Bertrand a rappelé que le « virage prévention » devait absolument se faire. « La prévention constitue un bon investissement sur le plan financier, puisqu’un dollar investi dans certains programmes peut générer jusqu’à sept dollars d’économies. Mais elle est surtout rentable pour la santé des Québécois et des Québécoises, » a-t-il soutenu. En plus de convier le monde du travail et celui de l’éducation à faire leur part pour la promotion de la santé des individus, le ministre aimerait voir doubler les budgets de prévention, qui n’obtiennent présentement que 2,3 % de l’effort provincial en matière de santé.

Un sujet parmi tant d’autres

Bien que le tabagisme soit responsable de quelque 12 000 décès par année au Québec, soit environ le quart des décès, les 6e Journées, les communiqués ministériels et le Programme national sont pourtant discrets à son sujet. Il s’insère parmi les habitudes de vie affectant la santé, au même titre que l’hygiène de la bouche, l’activité physique et l’alimentation. Quant à l’ensemble des habitudes de vie, elles ne forment qu’un des multiples domaines de la prévention des maladies et des traumatismes, laquelle couvre aussi, entre autres, les maladies transmissibles sexuellement, les grossesses non désirées, la délinquance chez les adolescents, le suicide, les excès de drogues ou d’alcool, les abus physiques, la perte d’autonomie chez les personnes âgées, la santé mentale et les maladies contagieuses. Les spécialistes de santé publique s’intéressent aussi à la pollution, puisqu’elle cause des maladies respiratoires. De plus, ils appuient la lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale, pour faciliter la création d’ « environnements favorables à la santé ». En parcourant le Programme national de santé publique, pour chercher les rares passages sur le tabac, on ne peut que sympathiser avec les directeurs de santé publique, qui semblent avoir les deux tiers de la misère des Québécois sur leurs épaules.

Prévalence de 24 à 18 %

Rédigé sous la responsabilité du Dr Richard Massé, directeur national de santé publique, et de son adjoint Léonard Gilbert, le Programme national fait sienne l’évaluation courante de Santé Canada quant à la prévalence québécoise du tabagisme. Selon l’enquête fédérale, basée sur 2001 et dévoilée en juin dernier, on ne compterait plus que 24 % de fumeurs au Québec parmi les 15 ans et plus. Le Ministère souhaite abaisser cette proportion à 18 % d’ici 2012, ce qui représente une réduction de 0,6 % par année, ou quelque 35 000 fumeurs en moins chaque année. Il s’agit là d’une faible diminution, comparée à celle constatée depuis six ans au Québec qui était d’environ 1,5 % par année.

Le gouvernement indique aussi, sans chiffrer ses objectifs, vouloir réduire l’exposition à la fumée de tabac dans l’environnement, de même que l’usage du tabac chez les jeunes du secondaire. Il veut maintenir ses campagnes favorisant le « non usage du tabac » en plus de voir au respect de sa loi sur le tabac. En complément, le Ministère désire harmoniser et accroître les services reconnus d’aide à l’arrêt tabagique, qu’ils soient offerts par téléphone ou lors de consultations spécialisées en CLSC, et encourager l’intervention des médecins lors des examens de routine.

Recherche

En plus des programmes concrets sur le terrain, le domaine de la santé publique accorde une grande place aux activités de surveillance et à la recherche. Le congrès de novembre avait d’ailleurs pour thème « Construire sur du solide », allusion à la nécessité de baser les programmes retenus sur des données fiables. À cet égard, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), fondé en 1998, se voit attribuer des responsabilités accrues, en particulier en soutien à la recherche. L’INSPQ publie un bulletin bimensuel électronique, Les résonances de l’Institut, dont l’abonnement est offert gratuitement au www.inspq.qc.ca.

Les 6e Journées annuelles de santé publique ont attiré plus de 1 000 participants. Quelque 135 conférenciers, dont une dizaine de l’extérieur du Québec, ont animé 80 présentations, tables rondes et ateliers.

Denis Côté