Le gouvernement canadien invité à respecter ses engagements

Les organismes de santé impliqués dans la lutte contre le tabagisme ont manifesté deux fois leur impatience, en avril, devant les hésitations du gouvernement du Canada à respecter ses propres engagements.

Par un communiqué de presse diffusé le 6 avril, les organismes s’inquiètent particulièrement des coupures dans le budget du programme fédéral. « Les groupes de santé rappellent au premier ministre que les coupures dans le programme de contrôle du tabac menacent la santé publique », insistent-ils dans le titre de leur message. Des dirigeants de trois organismes sont cités.

« Le nouveau premier ministre a laissé passer trois décisions qui, peut-être involontairement, handicapent la stratégie fédérale antitabac, déplore le vice-président de l’Association pulmonaire du Canada, Louis Brisson. Le gouvernement a frappé le programme d’un gel de dépenses, d’un moratoire sur la publicité et d’une réallocation de budget. »

De son côté, le président de Médecins pour un Canada sans fumée, le Dr Atul Kapur, ne comprend pas les lenteurs de Santé Canada à déposer des projets de règlements contre les appellations trompeuses et contre les étalages envahissants. « Nous attendons toujours la réglementation promise pour protéger les enfants de la promotion des cigarettes près des comptoirs de bonbons des détaillants, dit-il. Aussi, cela fait deux ans et demi qu’est dépassé le délai que l’ancien ministre de la Santé, Allan Rock, avait accordé aux fabricants pour cesser l’utilisation des termes trompeurs, tels douces et légères. »

Quant à la directrice de la Fondation des maladies du cœur du Canada, Sally Brown, elle ne comprend pas le recul apparent de l’administration Martin. « Le gouvernement ne devrait pas renier son engagement à réduire l’usage du tabac, ni perdre foi dans le rôle qu’il doit assumer dans l’amélioration de la santé publique, considère-t-elle. Depuis que le programme fédéral a vu le jour en 2001, nous avons assisté à une baisse record de l’usage du tabac dans l’histoire du Canada. »

Pleine page dans The Hill Times

Par la suite, le 19 avril, la Coalition canadienne d’action contre le tabac a publié une annonce d’une page dans l’hebdomadaire The Hill Times d’Ottawa, reprenant des thèmes similaires. Cette Coalition comprend neuf des organismes les plus impliqués dans la lutte antitabac au pays.

Titrée « Promises Made. Promises Kept? » (Promesses faites. Promesses tenues?), l’annonce rappelle trois engagements majeurs du gouvernement canadien en matière de lutte contre le tabagisme, qui tardent à être remplis, ou qui semblent oubliés.

Premièrement, les groupes insistent pour que le gouvernement ratifie dès maintenant la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé. « Du fait que le Canada ne ratifie pas le traité, écrivent-ils, bien des pays ont l’impression que nous tournons le dos aux efforts globaux de contrôle du tabac. »

Ensuite, l’annonce revient sur les coupures dans le budget fédéral antitabac. « En avril 2001, y lit-on, le ministre des Finances de l’époque, Paul Martin, aux côtés du ministre de la Santé, a promis plus de 485 millions $ sur cinq ans pour la stratégie de contrôle du tabac. Cette promesse n’a pas été tenue à cause d’une série de coupures. Où est l’argent? »

Enfin, les organismes rappellent aux parlementaires et à leur entourage, les principaux lecteurs du The Hill Times, l’engagement du gouvernement, pris par l’ancien ministre Allan Rock, à mettre fin aux termes faussement rassurants des marques de cigarettes, tels douces et légères. « Pourquoi cette pratique trompeuse est-elle autorisée à se poursuivre », répètent-ils.

Les signataires de ce rappel au gouvernement étaient la Société canadienne du cancer, le Conseil canadien pour le contrôle du tabac, l’Association dentaire du Canada, l’Association pulmonaire du Canada, la Fondation des maladies du cœur du Canada, l’Association pour les droits des non-fumeurs, les Médecins pour un Canada sans fumée, et la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Forte de plus de 700 membres, la Coalition québécoise est la seule entité non pancanadienne à participer sur une base continue aux activités du regroupement national de pression et de coordination antitabac.

Denis Côté