La fumée secondaire n’irrite pas Imperial Tobacco

Imperial Tobacco affirme toujours poursuivre ses recherches en vue de développer des produits qui tiennent compte des risques pour la santé. C’est ce que révèle leur dépliant intitulé Position d’Imperial Tobacco sur le dossier du tabac.

En ce qui concerne la fumée de tabac dans l’environnement (FTE), la compagnie prétend, étude à l’appui, qu’il n’y a « aucune corrélation statistiquement significative entre l’exposition à la fumée de tabac ambiante et le cancer du poumon ».

Toutefois, les chercheurs de divers organismes prestigieux tels que l’Organisation mondiale de la santé, Santé Canada, l’Association médicale canadienne, le U.S. National Research Council, le U.S. Surgeon General, le U.S. National Institute of Occupational Safety and Health, la U.S. Occupational Safety and Health Administration, la U.S. Environmental Protection Agency et le Centre de recherche sur le cancer ont établi un lien entre l’exposition à long terme et les maladies du coeur et le cancer.

Tout laisse croire que Imperial Tobacco se refuse à reconnaître le consensus de la communauté médicale concernant les méfaits de la FTE et, d’une façon habile, nie les risques pour la santé. Pourtant, l’agence américaine U.S. Environmental Protection a classé la FTE parmi les agents cancérogènes de catégorie A, soit le niveau de dangerosité le plus élevé. C’est entre 16 % et 19 % que se chiffre l’augmentation du risque de cancer du poumon pour un non-fumeur vivant avec un fumeur, selon les résultats de cette agence américaine, de l’OMS et du Centre international de recherche sur le cancer.

Santé Canada évalue à plus de 300 les non-fumeurs qui décèdent chaque année d’un cancer du poumon associé à l’exposition de la fumée secondaire. Il faut ajouter à ce nombre, les décès par maladies du coeur qui sont dix fois plus élevés.

Selon des données californiennes transposées au Québec, au prorata de la population, « il y a entre 1100 et 1800 décès par année, chez les non-fumeurs, provoqués par la cigarette », a estimé Francis Thompson, ex-rédacteur en chef d’Info-tabac et maintenant analyste à l’Association pour les droits des non-fumeurs à Ottawa. Cependant, un facteur aggravant doit être considéré, soit celui qu’au Québec, il y a plus de fumeurs qu’en Californie, donc un risque d’exposition à la fumée secondaire plus élevé.

Les gens exposés à la FTE sont susceptibles, selon la durée de l’exposition, de souffrir d’irritations aux yeux, au nez, à la gorge, de maux de tête, d’étourdissements, de nausées, de toux, de fatigue. Ils risquent également de présenter des troubles de concentration, de voir leur rythme cardiaque s’accélérer et leur tension artérielle augmenter. Outre l’inconfort lié à l’odeur, l’exposition à la fumée peut aggraver les symptômes des personnes souffrant d’allergies ou d’asthme et provoquer ou amplifier les maladies infantiles.

De multiples études ont démontré que la FTE comprend plus de 4000 produits chimiques, certains reconnus des plus nocifs tels que la nicotine, le goudron, le monoxyde de carbone, le benzène, le chlorure de vinyle, l’ammoniac, le cyanure, l’arsenic, le formaldéhyde. Au moins cinquante de ces produits sont des cancérogènes connus. D’autres sont des agents mutagènes capables de changer la structure génétique des cellules.

Indépendamment du fait d’avoir manqué à son obligation d’informer le public sur les effets nocifs de l’exposition à la fumée ambiante, de toute évidence, Imperial Tobacco n’a proposé aucune solution qui soit adéquate afin d’enrayer les risques.

Outre l’usage du tabac confiné dans un fumoir possédant son système d’aération indépendant, aucun autre moyen n’est plus sûr que d’en supprimer sa source. Les filtres à air et autres systèmes de purification ne font pas le poids puisqu’ils « sont efficaces pour faire disparaître une partie des particules de fumée, mais non pour enlever celles qui se logent sur les aliments, les meubles, la peau et d’autres surfaces », a indiqué Santé Canada.

Le pneumologue André Gervais a précisé que selon le système de purification, « les gaz toxiques ne sont pas nécessairement éliminés malgré qu’une partie des particules de fumée est enrayée. Donc, cela crée l’illusion qu’il n’y a plus de gaz toxiques, ni danger ».

Les nouvelles mesures de la Loi sur le tabac concernant l’usage du tabac dans les lieux publics et les milieux de travail sont tout à fait appropriées, car elles permettront aux non-fumeurs d’être moins exposés à la fumée secondaire.

Lucie Desjardins