Nouvelles brèves

Mercuriade 2007 : le prix citron

Le 11 avril, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a récompensé les réalisations d’entreprises qui se sont distinguées dans le cadre des Mercuriades 2007. Et si un prix citron avait été décerné au comité organisateur de ce concours d’entrepreneuriat, nul doute que la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac se serait fait un plaisir de l’attribuer…

Il faut dire que l’événement – qui était en partie commandité par Imperial Tobacco Canada – était sous la présidence d’honneur de son chef de la direction, Benjamin Kemball. Jugeant déplorable que la FCCQ ait choisi comme président d’honneur le chef d’une entreprise qui tue un consommateur de ses produits sur deux, la Coalition considère inacceptable que le gouvernement du Québec cautionne ce choix par la présence du premier ministre Jean Charest à titre de parrain d’honneur.

« Pendant que le ministère de la Santé mène une lutte courageuse et acharnée contre l’épidémie industrielle la plus meurtrière de tous les temps, d’autres ministères n’ont aucun scrupule à appuyer un événement qui met en valeur une entreprise qui n’est plus fréquentable dans une grande partie du monde », a critiqué son coordonnateur, Louis Gauvin.

La Colombie-Britannique renforce sa loi

Alors qu’elle fut longtemps une pionnière canadienne en matière de protection des non-fumeurs, la Colombie-Britannique a amendé sa Loi sur le tabac pour rattraper le retard qui la sépare des autres provinces, le 29 mars. En vertu de cette modification législative – Tobacco Sales (Banning Tobacco and Smoking in Public Places and Schools) Amendment Act – il sera interdit de fumer sur le terrain des écoles dès septembre 2007 et dans la plupart des lieux publics à compter de 2008.

De plus, la vente de cigarettes ne sera plus autorisée dans les hôpitaux, universités, collèges et centres sportifs ou récréatifs. Enfin, dans les commerces où elle demeurera permise, les produits du tabac ne pourront plus être exposés à la vue des clients si des jeunes de moins de 18 ans sont admis.

Fermeture des fumoirs fédéraux

À la mi-mai, le ministre du Travail Jean-Pierre Blackburn annonçait que le gouvernement du Canada va amender un règlement, adopté en vertu de la Loi sur la santé des non-fumeurs, pour fermer les fumoirs aménagés dans les milieux de travail de juridiction fédérale. Des études sur la qualité de l’air ont démontré que le niveau de particules polluantes est 27 fois plus élevé à l’intérieur de ces fumoirs. Lorsqu’ils sont remplis à pleine capacité, il dépasse 245 fois celui de l’air extérieur, « une statistique qu’on ne pouvait ignorer », a précisé le ministre avant d’ajouter que le démantèlement de ces salles contribuera à améliorer la santé des fumeurs et du personnel d’entretien.

D’après la Loi sur la santé des non-fumeurs, qui date de 1989, les édifices fédéraux peuvent disposer de fumoirs. À l’heure actuelle, il y en a encore dans les installations aéroportuaires et les locaux de certaines sociétés d’État. Puisque le règlement prévu ne sera pas en application avant un an, le ministre Blackburn a encouragé les employeurs « à fermer leurs fumoirs dès que possible, sans attendre que la nouvelle réglementation n’entre en vigueur ». Il reste maintenant à voir si ces derniers répondront à l’appel.

Cancer du poumon

À la mi-avril, la Société canadienne du cancer dévoilait les statistiques annuelles sur cette maladie. Elle estime qu’en 2007, 41 000 nouveaux cas seront découverts au Québec; le cancer y tuera 19 500 personnes (soit plus de 50 par jour). À lui seul, celui du poumon, attribuable au tabagisme dans 85 % des cas, emportera 3 600 Québécois et 2 600 Québécoises. Fait nouveau : les femmes de 20 à 44 ans sont plus nombreuses que les hommes du même âge à recevoir un diagnostic de cancer du poumon et à succomber à la maladie.

Par ailleurs, la Société offre une nouvelle affichette favorisant les résidences sans fumée. Tenant par une ventouse se plaçant sur une fenêtre, l’enseigne indique « Oui à l’air pur » au recto et « Non à la fumée », au verso. En plus de protéger les non-fumeurs, l’initiative encourage les fumeurs à réduire leur consommation. Les intervenants peuvent en obtenir, pour distribution gratuite, au 1-888-939-3333.

Les taxes montent en Alberta

Depuis le 20 avril, les fumeurs albertains paient 5 $ de plus par cartouche de 200 cigarettes – ce qui équivaut à environ 0,63 $ par paquet de 25 – afin de combler leur dépendance à la nicotine. Pour le gouvernement, qui en a fait l’annonce lors du dévoilement de son budget, cette taxe dissuasive sur les produits du tabac (la première depuis mars 2002) rapportera 90 millions $ supplémentaires par an.

Persuadé que le prix élevé est le meilleur moyen de décourager l’usage du tabac, le directeur d’Action on Smoking and Health, Les Hagen, espère que cette mesure contribuera à réduire le tabagisme juvénile. Selon l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (hiver 2006), on compterait 20 % de fumeurs parmi les jeunes albertains de 15 à 19 ans.

La province n’est pas la seule à avoir augmenté ses taxes sur le tabac dernièrement. La Nouvelle-Écosse a haussé le tribut que les fumeurs doivent débourser pour acquérir 200 cigarettes de 2 $.

De toutes les régions canadiennes, c’est au Nunavut que les taxes sur le tabac sont les plus élevées et au Québec qu’elles sont les plus basses.

Inflammabilité : l’expertise canadienne

À la demande de la European Respiratory Society, le directeur du bureau québécois de l’Association pour les droits des non-fumeurs, François Damphousse, s’est récemment rendu à Bruxelles (Belgique) pour témoigner, devant une trentaine de membres du Parlement européen et d’organismes de santé, de l’expérience canadienne en matière de cigarettes à inflammabilité réduite.

Bien qu’il n’existe pas de cigarettes qui soient entièrement ignifuges et que le fait de ne pas fumer à l’intérieur de son domicile constitue le meilleur moyen d’éviter les incendies imputables au tabagisme, la rencontre s’est soldée par une meilleure compréhension des enjeux de la part des élus et des différents groupes présents.

Rappelons que depuis octobre 2005, les produits du tabac vendus au Canada doivent respecter une norme d’inflammabilité qui les rend moins susceptibles de provoquer des incendies. Six États américains disposent également de lois ou de règlements sur le potentiel d’allumage des cigarettes.