Succès médiatique de la Semaine sans tabac

La moitié des Québécois ont entendu parler de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac 2002, selon un sondage Léger Marketing réalisé fin janvier. Il s’agit là d’une hausse appréciable par rapport à la campagne de 2001, dont 43 % de la population avait eu écho. À vrai dire, il est surprenant que la récente semaine antitabac, du 20 au 26 janvier, ait échappé à l’autre moitié de la population tellement la couverture médiatique fut généreuse.

Organisatrice de cette campagne pour le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), Michelle Gosselin est enchantée de la collaboration des médias. « Toutes les catégories de médias ont contribué au succès de la Semaine. Beaucoup d’émissions de télé en ont parlé, les postes de radios ont diffusé gracieusement nos messages, une centaine de journaux hebdomadaires ont publié notre matériel et même plusieurs journaux quotidiens ont présenté des dossiers sur la cessation », résume-t-elle avec une fierté bien compréhensible. La contribution du Journal de Montréal et du Journal de Québec fut remarquable, tant par les dossiers complets de la journaliste Françoise Genest que par un cahier spécial de 12 pages proposé par la Fondation québécoise du cancer. Ces deux quotidiens populaires rejoignent à eux seuls plus du tiers des Québécois.

Les magazines hebdomadaires 7 jours et Le Lundi ont aussi fait la promotion de l’arrêt tabagique à l’intention de leur lectorat principalement féminin. Plusieurs émissions de télévision ont mis l’épaule à la roue, dont TQS AM, Salut Bonjour!, Deux filles le matin, Dans la mire et même Sexe et confidences qui, pendant une heure, a démontré que la cigarette était l’ennemie de la sexualité ! Comme il est devenu coutume, des sociétés d’autobus ont offert des espaces gratuits pour la promotion de la Semaine québécoise.

Le CQTS est reconnaissant du travail de ses deux porte-parole, l’humoriste Michel Mpambara et la comédienne Mireille Deyglun, lesquels ont accordé de nombreuses entrevues pour encourager les fumeurs à vaincre leur dépendance. Ayant enregistré des messages radiophoniques amusants sous le thème du « rire jaune », M. Mpambara fut recruté en particulier pour rejoindre les 18-25 ans. Ce groupe est reconnu prioritaire par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, principal bailleur de fonds de la Semaine avec une contribution de 215 000 $. Le ministère avait également demandé aux organisateurs du Défi « J’arrête, j’y gagne! » de viser particulièrement les 18-25 ans, lesquels sont tristement devenus de grands fumeurs, en partie à cause de la chute des taxes de 1994.

Lancement avec le Défi

La Semaine québécoise pour un avenir sans tabac fut lancée conjointement avec la 3e édition du Défi « J’arrête, j’y gagne! », le 18 janvier au Cégep du Vieux-Montréal. La conférence de presse incluait aussi l’annonce de la nouvelle ligne téléphonique « J’arrête », qui est désormais en opération à l’année longue. L’ex-ministre déléguée à la Santé Agnès Maltais a fait l’honneur de sa présence, expliquant l’appui enthousiaste du gouvernement québécois aux trois projets. Depuis que la semaine de sensibilisation antitabac est financée par Québec, soit depuis 1996, c’était la première fois qu’un ministre participait au lancement, ses prédécesseurs Jean Rochon et Gilles Baril n’ayant pas pu se libérer.

Contrairement à l’an passé, alors que l’événement avait attiré surtout des représentants des partenaires, on a compté une bonne dizaine de journalistes, en plus de quatre ou cinq cameramen. Les organisateurs ont préféré tout dévoiler en même temps, pour ne pas se faire concurrence et pour s’assurer d’une présence maximale des médias. La matinée fut intéressante, professionnelle et sympathique, quoique assez longue pour une conférence de presse. Toujours habile derrière le micro, le Dr Alain Poirier agissait à titre de maître de cérémonie. Il a tour à tour introduit les allocutions de Mario Bujold et de Marcel Boulanger, du CQTS, des deux porte-parole, de la ministre Maltais, du député fédéral Yvon Charbonneau, de Richard Mayrand pour le Groupe Jean Coutu, et enfin du Dr Gilles Pineau, coprésident d’Acti-Menu, organisateur du Défi. Malgré, ou à cause de cette abondance de discours et de dévoilements, la couverture de presse du jour fut assez dispersée.

Fait cocasse, le représentant du gouvernement canadien, Yvon Charbonneau, a révélé que la contribution fédérale de 350 000 $ au Défi « J’arrête, j’y gagne! » n’avait été approuvée officiellement que la veille au soir. Ainsi, Santé Canada n’a pas été en mesure, malgré son budget multiplié par cinq et dépassant maintenant les cent millions, de réitérer plus tôt son appui au retentissant succès du concours d’arrêt tabagique. Bien mal à l’aise de commenter ce fait, après avoir enfin réussi à compléter le financement total d’un million du Défi, le Dr Pineau ne veut surtout pas blâmer le ministère fédéral pour son hésitation…

Des inscriptions par Internet

Le Défi « J’arrête, j’y gagne! » atteindra probablement son objectif de 25 000 inscriptions, grâce à Internet. À une semaine de la date limite, le 28 février, les organisateurs ont déjà reçu 19 000 adhésions, soit 60 % de plus que l’an dernier au même moment. Pas moins de 68 % des participants ont envoyé leur formulaire de manière électronique, en passant par le site www.defitabac.qc.ca. Considérant que la plupart des inscriptions n’arrivent normalement qu’à la toute fin de février, il y a lieu d’espérer un record que le Dr Gilles Pineau n’ose pas chiffrer.

Les participants au Défi devront s’abstenir de fumer au moins du 1er mars au 11 avril. Peu après, un tirage déterminera une liste préliminaire de gagnants chez qui on vérifiera s’ils ont rempli ou non leur engagement. On organisera ensuite, fin avril, une cérémonie de remise de prix d’une valeur totalisant 50 000 $, dont une voiture Toyota Corolla.

Denis Côté