Nouvelles brèves

Un St-Hubert bien divisé

Aménagée au coût de deux millions $ et ouverte le 26 avril au Complexe Desjardins de Montréal, une rôtisserie St-Hubert est devenue l’un des premiers restaurants à respecter les futures dispositions de la loi québécoise sur la protection des non-fumeurs. On y trouve trois sections fermées, à aérations indépendantes, soit des espaces non-fumeurs totalisant 212 places (60 % des sièges), un resto-bar (enfumé) de 120 places et une petite salle fumeur pouvant accueillir 22 personnes.

Après quelques jours d’opération, ces divisions avant-gardistes ont semblé répondre aux goûts de la clientèle, puisque le directeur Daniel Nadeau n’a pas entendu de commentaires défavorables. « Nous fonctionnons à pleine capacité. Il est encore trop tôt pour conclure sur l’aménagement, mais tout semble bien aller », a-t-il déclaré. M. Nadeau trouve cependant que le gouvernement du Québec lui complique la vie, avec la loi : « Si le gouvernement avait complètement interdit le tabac dans les restaurants, dans les petits comme dans les grands, au lieu de partiellement, cela aurait été plus facile pour nous. »

Aide aux fumeurs en Outaouais

Sept CLSC ou centres hospitaliers de l’Outaouais offrent aux fumeurs des rencontres individuelles ou de groupes pour les aider à rompre avec leur habitude. Le programme individuel consiste en quatre rendez-vous d’une heure, répartis sur quatre semaines, alors que le programme de groupe offre six réunions de 90 minutes.

Les sujets abordés lors des rencontres sont la dépendance au tabac, les raisons et circonstances qui incitent à fumer, les médicaments de cessation, la date d’abandon, les symptômes ressentis, le soutien de la famille et des amis, la prévention de l’envie de fumer, la rechute, le maintien du poids et la gestion du stress. On peut se renseigner auprès de Christine Olivier au (819) 776-7656.

Fondation contre le tabagisme juvénile

Le sénateur libéral Colin Kenny a déposé au Sénat, le 5 avril, un projet de loi visant la création de la « Fondation canadienne de lutte contre le tabagisme chez les jeunes », laquelle serait financée par un prélèvement de 1,50 $ par cartouche de cigarettes, ce qui se solderait à 360 millions $ par année. Un projet similaire du sénateur Kenny, adopté au Sénat, n’avait pas passé l’étape des Communes en 1998, ayant été jugé irrecevable par le président de la Chambre.

Bien qu’elle découle du voeu exprimé par l’industrie du tabac de prévenir le tabagisme chez les mineurs, et qu’elle doive être financée par les fabricants, cette fondation indépendante serait administrée par des représentants du monde de la santé. L’action du sénateur Kenny, embarrassante pour le gouvernement, met en lumière le piètre financement de la lutte fédérale au tabagisme, qui n’est que de 20 millions $ pour tous les secteurs, incluant la défense des lois devant les tribunaux et leur mise en application. Malgré la faible taxation en Ontario et au Québec, le gouvernement canadien récolte déjà 115 fois cette somme en droits sur le tabac, soit 2,3 milliards $ par année.

Dans son récent budget, le ministre des Finances, Paul Martin, a refusé d’accéder à la demande du ministre de la Santé, Allan Rock, d’accroître substantiellement le budget de lutte au tabagisme.

L’Association pulmonaire déménage

L’Association pulmonaire du Québec vient de déménager dans des locaux plus vastes et confortables, au huitième étage de Place Dupuis, dans le centre-est de Montréal. Située à la porte de la station centrale de Métro Berri-UQÀM, Place Dupuis a d’ailleurs accueilli son locataire dans un récent environnement « 100 % non-fumeur », comme l’indique l’affichage. Le nouveau directeur général de l’APQ, Louis Brisson, peut donc prendre son café ou ses repas dans une aire alimentaire sans fumée.

L’adresse de l’Association pulmonaire du Québec est dorénavant le 800 boul. De Maisonneuve Est, bureau 800, Montréal H2L 4L8 (téléphone : (514) 287-7400; télécopieur : (514) 287-1978). Les lignes sans frais demeurent inchangées, soit 1-800 295-8111, ou 1-888 POUMON-9. Au cours des derniers mois, l’implication tabagique de l’APQ s’est spécialisée dans l’organisation de conférences, de kiosques et de sessions de groupes à l’intention de grandes entreprises. Quant à la ligne d’aide à la cessation Poumon-9, elle reçoit près de 300 appels par mois d’une durée moyenne de 30 minutes; l’âge moyen des bénéficiaires, constitués à 68 % de femmes, est de 41 ans.

19 millions $ en Ontario

Le budget de la Stratégie antitabac de l’Ontario a été doublé en 2000-01, passant de 9 à 19 millions $. À l’occasion de la Semaine nationale des non-fumeurs, en janvier dernier, la ministre de la Santé, Élizabeth Witmer, a annoncé l’octroi de nouvelles subventions totalisant 10 millions $ à une vingtaine d’organismes afin de renforcer le programme de lutte au tabac du gouvernement Harris.

La Fondation des maladies du coeur de l’Ontario a obtenu la responsabilité d’une campagne imprimée et télévisée d’éducation du public, dotée d’un budget de 3,2 millions $. Quant à la Société canadienne du cancer, elle disposera d’un million $ pour sa ligne téléphonique sans frais d’aide à la cessation. Pour sa part, réputé pour ses efforts d’interdiction du tabac dans les bars et les bingos, le Conseil anti-tabagisme de la région de Waterloo a obtenu 258 000 $ pour une campagne locale. D’autres organismes communautaires recevront un total de 2,7 millions $.

Cigarettes non-incendiaires

Le 17 avril, le Sénat de l’État de New-York a adopté un projet de loi forçant l’industrie du tabac à manufacturer ses cigarettes, à compter de 2002, de manière à ce qu’elles s’éteignent automatiquement lorsque non utilisées par le fumeur. Dans la ville de New York, des cigarettes mal éteintes ou abandonnées sont la cause d’incendies entraînant environ 30 décès par année.

Si ces cigarettes non-incendiaires (fire-safe cigarettes) devenaient la norme à l’échelle des États-Unis, plus de 1000 décès et 3000 autres brûlures graves pourraient être évités annuellement. L’adoption de règles nationales est l’objectif avoué des promoteurs de cette mesure, ce à quoi ne s’opposerait pas le géant Philip Morris. Le fabricant des Marlboro voudrait surtout éviter d’avoir à se plier à différentes normes selon les États, a indiqué un de ses porte-parole.

Guerre du tabac sur SRC

L’objectif de dénormalisation de l’industrie, adopté par Santé Canada, a reçu une aide fort appréciable de la Société Radio-Canada. La télévision d’État a adapté, en français, l’excellent documentaire The Tobacco Wars, réalisé l’an dernier par la BBC. Les 28 et 31 mars à 21h, les émissions Enjeux et Zone Libre se sont relayées pour résumer, en deux heures, l’histoire peu reluisante de l’industrie du tabac au vingtième siècle.

Quant au Réseau de l’Information de la SRC, disponible sur le câble ou par satellite, il a présenté la traduction intégrale du documentaire britannique, en rafale du 10 au 12 avril dans le cadre de l’émission Les Grands Reportages. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac avait envoyé un courriel à tous les députés du Québec, leur suggérant d’enregistrer la série et d’en prendre connaissance…

Nouveaux cendriers

La Loi sur le tabac entraîne une croissance du marché des cendriers extérieurs, dans lesquels les fumeurs sont priés de déposer leur cigarette avant d’entrer dans un immeuble sans fumée. Ces boîtes métalliques rappellent aux fumeurs le sérieux de l’interdiction et récupèrent une grande partie des mégots qui, autrement, seraient abandonnés par terre.

Jean-Claude Roy est le représentant québécois de la compagnie MFG, qui commercialise depuis peu le Smokestax. Ce cendrier extérieur est muni d’une longue fente où il est facile d’y jeter sa cigarette, qui s’éteindra d’elle-même une fois retombée dans un récipient sans air.

M. Roy explique qu’il est appelé à remplacer régulièrement les boîtes de la concurrence, qui sont boudées par les fumeurs parce trop compliquées d’utilisation, qui sont rapidement pleines ou encore rouillées après quelques mois. Disponible en dix couleurs, le Smokestax se détaille 390 $ pour le modèle mural ou 560 $ pour celui sur pied. On peut joindre M. Roy au 1-888 843-1842.

Pour les édifices qui ne peuvent se payer cette Cadillac des cendriers extérieurs, M. Roy propose un autre modèle à 149 $.

Respect des fumeurs ou des fabricants?

Une association d’ambition pancanadienne a été fondée à l’automne 1999 afin de promouvoir le droit des fumeurs à poursuivre leur habitude dans la liberté. Il s’agit de l’« Association pour le respect des droits des fumeurs » (ARDF), dont le siège social se situe à Lavaltrie, dans la circonscription provinciale de Berthier (représentée par le ministre responsable de la lutte au tabagisme, Gilles Baril).

Le 7 mars, l’Association émettait un communiqué de presse, qui n’a eu guère de retombées, intitulé « L’ARDF récuse les propos de (sic) ministre Baril ». On y lit notamment : « L’Association pour le respect des droits des fumeurs est là pour questionner, valider ou rejeter Lois, Projets, et Règlements concernant la consommation des produits du tabac vendus légalement. »

Le 27 avril, afin de faire connaître ses positions, l’Association a tenu une conférence de presse dans une petite salle enfumée d’un restaurant montréalais. Devant quatre journalistes, le secrétaire général Joseph-Émile Plante a révélé que l’ARDF comptait huit employés rémunérés à plein temps et qu’elle souhaitait être éventuellement appuyée par l’industrie du tabac. M. Plante a toutefois refusé de préciser qui finançait le lancement des activités, dont une tournée pancanadienne à bord d’une luxueuse roulotte motorisée et un site Internet bilingue très professionnel.

Réveillez-vous et écrasez!

Réveillez-vous, la revue bimensuelle des Témoins de Jéhovah, consacrait les neuf premières pages de son édition du 22 mars à la cessation tabagique. Au Québec, 75 000 exemplaires ont été distribués de porte à porte par les disciples de ce groupe religieux, de même que dans ses 125 églises. À l’échelle mondiale, le tirage combiné des versions de Réveillez-vous, en 82 langues, atteint 20 millions d’exemplaires.

Les textes sur la cessation, bien documentés et illustrés, abordent notamment les méfaits du tabac, la difficulté à arrêter, des conseils utiles lors du sevrage et des encouragements tirés de la Bible. Ils visent surtout le grand public, puisque les 25 000 Témoins de Jéhovah québécois sont eux-mêmes tous non-fumeurs, affirme Paul Rozon, du service des Relations publiques. C’est d’ailleurs l’une des conditions pour faire partie du mouvement, car il est inacceptable, en fumant, de saccager le don de vie qui vient de Dieu, a-t-il précisé.

« Pour cesser de fumer, le désir d’être accepté de Dieu est une motivation primordiale, qui s’ajoute aux bienfaits pour la santé. À ma connaissance, aucun Témoin n’a recommencé », atteste M. Rozon. En plus de donner un bon coup de main à la santé publique, les Témoins de Jéhovah démontrent, de manière éloquente, que le modèle des pairs et l’environnement cohérent sont des atouts déterminants pour la cessation.

Droits des psychiatrisés

Le Conseil pour la protection des malades a déposé une plainte, en décembre dernier, à la Commission des droits de la personne, alléguant que la Loi sur le tabac causait un préjudice aux personnes psychiatrisées, en interdisant la vente des cigarettes dans les hôpitaux. Selon le Conseil, ces patients internés, constitués à 70 % de fumeurs, voient leur droit de fumer entravé par la difficulté qu’ils auraient à s’approvisionner par l’intermédiaire du personnel ou de leurs proches. Cette alternative est proposée par le ministère, selon une lettre du Dr Richard Massé, sous-ministre adjoint à la Santé publique.

Le Conseil a également fait part de ses doléances au Curateur public, Pierre Gabriel, lequel n’a pas jugé opportun d’intervenir, expliquant qu’il n’avait pas reçu de plaintes des malades eux-mêmes.

Denis Côté