L’interdiction de fumer incite les fumeurs à écraser

Un grand nombre de fumeurs ont profité du renforcement à la Loi sur le tabac pour modifier leurs habitudes tabagiques. Pas moins de 59 % affirment avoir réduit leur consommation de cigarettes ou pris des mesures pour se libérer de leur dépendance depuis le 31 mai, et 20 % estiment que l’interdiction de fumer dans les lieux publics les a encouragés à cesser de fumer complètement.

C’est du moins ce qu’indique un sondage – réalisé par la firme Ipsos Reid, pour le compte du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) et de Pfizer Santé grand public – dont les résultats ont été dévoilés au début novembre.

Quelque 318 fumeurs du Québec et de l’Ontario, âgés de plus de 18 ans, ont été interrogés entre le 29 août et le 10 septembre 2006. Les auteurs de l’enquête précisent qu’« un échantillon de cette taille assure l’obtention de résultats précis à plus ou moins 5,5 %, 19 fois sur 20, par rapport aux résultats qui auraient été obtenus si toute la population canadienne adulte avait été sondée ».

« L’interdiction de fumer a réellement eu une influence positive sur l’usage du tabac, s’est réjouit le directeur du CQTS, Mario Bujold. Toutefois, les premiers mois de sevrage sont difficiles et les personnes qui tentent d’arrêter, tout comme celles qui songent à cesser de fumer, ont besoin d’encouragement et de soutien. »

On estime que seulement de 5 à 10 % des fumeurs, qui arrêtent de fumer sans aide, en ne se fiant qu’à leur volonté, sont toujours non-fumeurs au bout d’un an. Les symptômes de sevrage (20 %), la prise de poids (12 %), la présence d’autres fumeurs (3 %) et la pression sociale (3 %) constituent les principaux obstacles à la cessation identifiés par les répondants du sondage. Fait intéressant : l’interdiction de fumer n’a pas donné aux fumeurs l’impression d’être rejetés. Seulement 1 % ont dit se sentir isolés de leurs amis ou de leur famille. Dans 64 % des cas, les restrictions sur l’usage du tabac n’ont pas perturbé leurs habitudes sociales.

Le fait d’utiliser un traitement de remplacement de la nicotine permet aux fumeurs de doubler leurs chances de renoncer définitivement au tabac, a indiqué Myrèse Collin-Stewart, directrice du Centre Vivre mieux sans fumer. « En substituant chaque jour quelques cigarettes par un traitement de remplacement de la nicotine, explique-t-elle, les fumeurs peuvent diminuer progressivement leur consommation de tabac, ce qui améliore leur état de santé et atténue leurs symptômes de sevrage. »

Des données concluantes

Des statistiques obtenues par Info-tabac auprès de IMS Health – une firme qui analyse et fournit des données commerciales sur l’industrie pharmaceutique – indiquent que l’interdiction de fumer, dans les restaurants et les bars québécois, a eu une influence importante sur les ventes d’aides pharmacologiques pour cesser de fumer. En effet, les centres hospitaliers et les pharmacies auraient acheté pour près de 4 millions $ de produits de remplacement de la nicotine en mai 2006 (soit près du double de la moyenne mensuelle, excluant la période des fêtes); une situation qui n’a pas été remarquée dans le reste du Canada. Notons que les timbres transdermiques ont été le produit le plus populaire. Ils représentent, à eux seuls, plus de la moitié des médicaments vendus.

Impact des interdictions

Une étude rendue publique dans le cadre du 16e Congrès européen de pneumologie qui se tenait à Munich (Allemagne), au début septembre, révèle que les interdictions de fumer ont un impact positif quantifiable sur la santé. Réalisée par Maritta Jaakkola, des Universités de Birmingham (Royaume-Uni) et Oulu (Finlande), l’enquête portait sur 14 pays européens et les États-Unis. Elle conclut qu’en proscrivant l’usage du tabac des milieux de travail, on peut réduire de 8 % l’incidence des cancers du poumon et jusqu’à 30 % des cas d’asthme.

Josée Hamelin