Les logements sociaux sans fumée arrivent au Québec
Mai 2018 - No 130
Courants en Ontario et bientôt obligatoires aux États-Unis, les logements sociaux sans fumée feront leur entrée à Baie-Comeau début juin.
Pour un non-fumeur, il y a peu de choses plus désagréables que de respirer la fumée de tabac secondaire qui provient de chez son voisin. À Baie-Comeau, l’Office municipal d’habitation (OMH) a pris le taureau par les cornes : dès le 1er juin, les nouveaux locataires n’auront plus le droit de fumer ni de vapoter à l’intérieur de leur logement, ni sur le balcon. Les locataires existants, toutefois, bénéficieront d’un droit acquis et pourront continuer à fumer s’ils le souhaitent. « Considérant notre taux de roulement, notre parc immobilier devrait être complètement sans fumée d’ici quatre à sept ans », dit Michel Deschênes, directeur général de l’organisme nord-côtier.
Le nouveau règlement a été adopté à la suite de plaintes de locataires dont les voisins fumaient la porte ouverte. La crainte que la légalisation de la marijuana récréative engendre de nouveaux problèmes a aussi joué. Pour aider les locataires à composer avec le nouveau règlement, l’OMH songe à leur distribuer de l’information sur les services J’ARRÊTE et le SMAT. « À ma connaissance, cet OMH est le premier à adopter une telle mesure au Québec », dit François Damphousse, directeur du bureau du Québec de l’Association pour les droits des non-fumeurs. D’autres OMH se préparent aussi à aller de l’avant. Celui de Longueuil a déjà annoncé qu’il adopterait un règlement semblable d’ici 2020. « J’ai aussi reçu des questions à ce sujet de Lévis, de Magog, de Rimouski et de Sept-Îles, entre autres, énumère Chantal Pellerin, conseillère juridique au Regroupement des offices d’habitation du Québec. Les OMH agissent pour la santé des locataires, pour protéger les non-fumeurs et pour faciliter la remise en état de leurs logements. »
De plus en plus d’habitations à loyer modique optent pour des environnements sans fumée, à l’instar des condominiums ou des tours à logements plus luxueux. C’est le cas en Ontario, où de nombreux gestionnaires de logements sociaux interdisent déjà l’usage du tabac. À Waterloo, un sondage mené en 2009 auprès de résidants de ce type d’habitation montre que la majorité d’entre eux (75 %) ne permettent pas de fumer à l’intérieur et que plus de la moitié (57 %) aimeraient qu’une partie de leur complexe immobilier soit sans fumée. Aux États-Unis, les quelque 1,2 million logements sociaux chapeautés par le département fédéral du Housing and Urban Development (HUD) seront sans fumée à partir du 1er août 2018. Là-bas, le règlement s’applique à tout le monde, incluant les locataires existants. « Les gestionnaires d’immeubles ne sont pas obligés d’opter pour un environnement 100 % sans fumée du jour au lendemain, dit toutefois François Damphousse. Ils peuvent commencer par un projet pilote ou interdire l’usage du tabac dans les nouveaux immeubles seulement. » L’important est de permettre au plus grand nombre de respirer un air plus pur, même à la maison.
Anick Labelle