Légère hausse de taxes au Québec et en Ontario

Inchangée depuis juin 2002, la taxe québécoise est donc passée de 18,10 $ à 20,60 $ par cartouche, ce qui représente une charge supplémentaire de 0,8 ¢ par cigarette pour les fumeurs. L’emballage de 200 cigarettes, qui coûtait 59,97 $, se détaille maintenant à 62,65 $ en moyenne (toutes taxes comprises). Le prix des autres produits, tels le tabac en vrac et les bâtonnets préformés, a également monté.

Le ministre Séguin a considéré le prix des produits du tabac comme un facteur déterminant dans la décision d’arrêter de fumer. Il signale que cette hausse « contribuera à réduire le tabagisme, notamment chez les jeunes ».

Quoi qu’ils l’aient bien accueillie, les groupes antitabac québécois qualifient de « modeste » la hausse actuelle, eux qui réclamaient une augmentation minimale de 10 $ par cartouche. Ils sont toutefois satisfaits que le gouvernement Charest ait considéré la taxe sur le tabac comme une imposition différente des autres. Le Parti libéral s’était, en effet, engagé à ne pas alourdir la charge fiscale des contribuables.

Suite à l’annonce du ministère des Finances, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac demande que la majeure partie des revenus, issus de cette hausse, soit consacrée à la lutte contre le tabagisme. « Le Québec a connu une baisse rapide de son taux de tabagisme parce qu’il a su conjuguer plusieurs mesures de réduction, explique son coordonnateur, Louis Gauvin. Maintenant, il faut maintenir les programmes en place et investir plus d’argent dans la prévention, car il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour éradiquer cette épidémie. »

En Ontario

Chez nos voisins ontariens, c’est le 25 novembre que la taxation sur les cigarettes a augmenté de 2,50 $. La taxation provinciale pour 200 cigarettes est passée de 17,20 $ à 19,70 $, portant le prix moyen de la cartouche à 61,69 $. Pour le ministre des Finances de l’Ontario, Greg Sorbara, cette hausse n’est que la première étape d’un processus qui élèvera les taxes de sa province de 10 $ la cartouche, rapporte le Globe and Mail. Ce qui permettrait de réduire l’écart interprovincial.

Dans les autres provinces

Malgré ces récentes hausses de taxes, le Québec et l’Ontario détiennent toujours le record des plus bas prix au Canada. Leurs cartouches de cigarettes devraient coûter entre 12 et 13 $ de plus pour rejoindre la moyenne canadienne. C’est dans les Territoires du Nord-Ouest que le tabac se vend le plus cher – 85,55 $ pour 200 cigarettes, incluant une ponction provinciale de 42 $.

L’industrie crie « à la contrebande »

Comme à chaque fois que les gouvernements renforcent les taxes, les fabricants de cigarettes ont, de nouveau, dénoncé les augmentations. « Depuis que les taxes ont été haussées à des niveaux excessifs […] Imperial Tobacco a réitéré son inquiétude auprès des gouvernements concernant les risques de contrebande », argumente la principale compagnie canadienne de tabac, dans un communiqué.

Directeur du bureau québécois de l’Association pour les droits des non-fumeurs (ADNF), François Damphousse ne s’inquiète pas, outre mesure, d’une éventuelle hausse de la contrebande. « Actuellement, on estime que la contrebande occupe moins de 10 % du marché canadien, un taux qui est tolérable et peu alarmant lorsque l’on considère qu’elle atteignait 25 % au plus fort de la crise des années 1990 », dit-il.

De son côté, la compagnie JTI-Macdonald a voulu toucher une corde sensible en affirmant que les fumeurs à faibles revenus sont pénalisés par les hausses de taxes. Or, une étude américaine du National Bureau of Economic Research, portant sur le marché canadien, révèle que les fumeurs à faibles revenus sont les plus susceptibles de modifier leur consommation de tabac, suite à une augmentation des taxes – soit en réduisant le nombre de cigarettes qu’ils fument ou en cessant de fumer.

 Josée Hamelin