La cigarette augmenterait le tour de taille
Juin 2024 - No 168
Une récente étude a démontré une association entre le tabagisme et l’obésité abdominale. Qu’en est-il au juste?
Des chercheurs américains et danois ont démontré dernièrement que les individus qui fument tendent à présenter une accumulation plus importante de gras au niveau de l’abdomen que celles qui ne fument pas. Les résultats de leurs analyses statistiques, basées sur les données de 1,2 million d’Européennes et d’Européens, ont été publiés dans le journal Addiction.
Plus de gras abdominal chez les personnes qui fument
L’étude a notamment révélé la présence d’un lien entre le tabagisme et l’obésité abdominale. En d’autres mots, la quantité de gras dans l’abdomen – et donc le tour de taille – tend à augmenter chez les individus qui fument, et ce, indépendamment de facteurs comme la consommation d’alcool et le statut socioéconomique.
Fait intéressant : malgré l’atteinte d’un poids santé sur la balance, la personne aux prises avec une dépendance à la nicotine demeure plus susceptible de présenter une obésité abdominale que celle qui ne fume pas.
Le tabagisme et un tour de taille élevé représentent tous les deux des facteurs de risque au développement de maladies cardiovasculaires et autres maladies chroniques. Par exemple, on reconnait aujourd’hui que la cigarette favorise l’obésité abdominale, laquelle rend une personne plus susceptible de développer un diabète de type 2 . Dans ce contexte, la cessation tabagique se veut un pas de plus vers l’amélioration de la santé. Pourtant, plusieurs hésitent à se défaire de leur dépendance de peur de prendre du poids. Cette croyance, soutenue jadis par l’industrie du tabac, comme le montrent d’anciennes publicités, dont celle de Lucky Strikes en 1920, s’avère difficile à dissiper, encore aujourd’hui.
Cessation tabagique et gain de poids : mythe ou réalité ?
Avant d’associer l’arrêt tabagique à une prise de poids, quelques précisions s’imposent.
D’abord, toutes les personnes qui entreprennent une démarche de cessation tabagique ne verront pas leur poids fluctuer de la même façon. Une méta-analyse a démontré qu’après 12 mois, les individus qui cessent de fumer prennent en moyenne 4,67 kg (10,27 lb). Or, l’augmentation pondérale n’est pas systématique. Selon une étude prospective menée au Brésil, plus de la moitié des personnes ayant écrasé (64,6 %) avaient soit maintenu leur poids, soit gagné moins de 5 % de leur masse corporelle après 12 mois d’abstinence*. Durant cette même période, seulement 35,4 % des individus avaient gagné plus de 5 % de leur poids initial.
Ensuite, il importe de considérer le risque cardiovasculaire de la personne qui décide de cesser de fumer. Une méta-analyse publiée en 2021 dans le journal Nicotine & Tobacco Research a démontré que, de manière générale, le fait d’arrêter de fumer réduit significativement le risque cardiovasculaire d’un individu. Ce qui surprend néanmoins dans les observations des auteurs est que la prise de poids associée à l’arrêt tabagique n’augmenterait pas le risque cardiovasculaire. Au contraire, elle serait plutôt associée à un effet cardioprotecteur. Des études plus poussées seront toutefois nécessaires pour bien comprendre les tenants et aboutissants de cette association.
Si vous désirez cesser de fumer, mais qu’une prise de poids vous inquiète, sachez que certaines mesures pourraient contribuer à modérer l’impact de votre démarche sur la balance. Une revue Cochrane a notamment mis en lumière l’efficacité possible des thérapies de remplacement de la nicotine (TRN) et de la pratique régulière d’activités physiques pour limiter le gain de poids chez les personnes qui arrêtent de fumer. Dans tous les cas, rappelez-vous que l’arrêt tabagique constitue le geste le plus important qu’une personne qui fume peut poser pour améliorer sa santé!
*Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2008, le poids moyen d’une femme de 162,1 cm est d’environ 66,8 kg (147 lb) et celui d’un homme de 175,8 cm, 81,6 kg (180 lb). Une prise de poids de 5 % représenterait donc environ 3,34 kg (7,35 lb) pour une femme et 4,08 kg (8,97 kg) pour un homme de poids moyen.
Katia Vermette, réd. a.