Fumer, ça pollue!

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Le tabac n’est pas uniquement nocif pour la santé : il est aussi nocif… pour l’environnement.

L’usage du tabac affecte plus que la santé des fumeurs et celle de leurs proches : il perturbe aussi l’environnement. De sa culture à sa consommation, il pollue le sol, l’air et l’eau.

Des pesticides s.v.p.

Dès sa plantation, Nicotinia tabacum a des effets nocifs sur la nature. D’une part, comme toutes les cultures industrielles, celle du tabac requiert des fertilisants et des pesticides d’origine chimique. D’autre part, « le tabac, qui est une plante particulièrement fragile, en requiert davantage », dit Alan Watson, professeur au Département des sciences végétales de l’Université McGill. Aux États-Unis, par exemple, en 2007, les champs de tabac n’ont accaparé que 0,1 % des terres cultivées. Mais ils ont nécessité presque 1 % de tous les pesticides vendus, en valeur, selon l’United States Department of Agriculture, l’équivalent américain du ministère de l’Agriculture.

En nombre absolu, les mégots représenteraient le déchet le plus courant. Plusieurs villes, dont Toronto et Vancouver, ont publiquement exprimé leur volonté d’en libérer leurs rues.

Sécher le tabac laisse lui aussi une trace dans l’environnement. Selon une étude de l’International Forest Science Consultancy (maintenant LTS International), faire sécher un kilo de tabac requiert, en moyenne, 7,8 kilos de bois. Un procédé gourmand en ressources qui favorise la déforestation et entraîne des gaz à effet de serre.

Des millions de mégots

L’acte de fumer produit aussi son lot de répercussions sur l’eau et l’air. Comme la combustion du bois, celle du tabac produit des particules fines. Griller une cigarette émet jusqu’à 332 particules faisant moins de 2,5 microns (millionième de mètre) dans un mètre cube d’air, selon des tests commandités récemment par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Or, en plus de nuire à la santé, ces particules sont l’un des ingrédients de base du smog.

Fumer engendre aussi un mégot. Banal? Pas du tout. Les mégots représenteraient le déchet le plus courant au monde. Ils sont si communs que la compagnie américaine TerraCycle en a ramassé plus de 10 millions depuis 2012, au Canada et ailleurs, en collaboration avec les cigarettiers. La compagnie transforme ces mégots en palettes de plastique et redore un peu l’image… de l’industrie du tabac.

Malheureusement, la plupart des mégots ne connaissent pas une fin aussi utile. En 2012, les bénévoles d’Ocean Conservancy ont ramassé plus de deux millions de ces cadavres de cigarettes sur environ 32 000 kilomètres de côtes à travers la planète, incluant le Canada. Les côtes sont ainsi jonchées de mégots parce que ceux que rejettent les fumeurs d’une pichenotte sur le trottoir sont emportés vers les égouts puis les rivières et les océans, selon l’environnementaliste canadien David Suzuki.

Un déchet toxique

Or, ces déchets sont plus qu’inesthétiques. D’abord, ils durent. Composés de cellulose acétate, une forme de plastique, ils peuvent mettre jusqu’à 18 mois à se dégrader. Ensuite, ils contiennent de nombreux composés toxiques, dont la nicotine (un pesticide puissant), l’éthylphénol et des métaux lourds. Une fois le mégot abandonné sur le sol, les poisons qu’il contient migrent jusqu’à l’eau, un peu comme un poche de thé qui s’infuse dans une tasse. Les mégots ont un autre défaut : mal éteints, ils causent des feux de forêt. Au Québec, les articles de fumeur en causent une centaine chaque année, estime la Société de protection des forêts contre le feu.

Enfin, les cigarettes électroniques dont on parle tant depuis ces derniers mois ont elles aussi un impact environnemental : leur batterie en fait des déchets électroniques. On doit donc en disposer comme on le fait d’un déchet dangereux pour éviter de polluer les nappes phréatiques. Bref, fumer est loin d’être un geste « vert »!

Anick Perreault-Labelle