Les cigarettiers investissent dans le cannabis

Profitant de la légalisation du cannabis récréatif au Canada, les cigarettiers ont commencé à investir dans le cannabis… médical.

La rumeur selon laquelle les cigarettiers se préparent à investir dans l’industrie du cannabis court depuis les années 1970. Or, s’ils s’intéressent à ce psychotrope depuis des décennies, ce n’est que depuis deux ou trois ans qu’ils y investissent publiquement. De plus, ces investissements (dont les montants demeurent généralement secrets) se limitent pour l’instant à des entreprises de cannabis médical. À ce jour :

  • Le cigarettier britannique Imperial Brands a investi dans Oxford Cannabinoid Technologies, une entreprise de biotechnologie anglaise qui examine le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes
  • Le tabaculteur américain Alliance One International et sa filiale canadienne ont investi dans deux producteurs canadiens de cannabis : Canada’s Island Garden et Goldleaf Pharm
  • Le cigarettier américain Philip Morris International a investi 20 M$ US dans Syqe Medical, une compagnie israélienne qui développe un inhalateur de cannabis

Des indices laissent croire que le manufacturier de produits du tabac américain Altria se prépare aussi à se lancer dans ce marché. Le président de la compagnie a déclaré en entrevue que « le cannabis demeure illégal selon la loi fédérale [américaine] et que nous avons l’intention de nous conformer à la loi », ajoutant toutefois aussitôt qu’Altria « [explore] présentement les options, tout en étant [consciente] de la possibilité que le cannabis ne soit plus illégal. » (notre traduction) Selon le Globe & Mail, la compagnie négocierait présentement avec le producteur ontarien de cannabis Aphria.

Cette relative réserve des cigarettiers ne rassure pas tout le monde. Certains craignent qu’à terme les multinationales du tabac favorisent l’usage du cannabis grâce à des techniques éprouvées permettant d’augmenter le caractère toxicomanogène (addictif) d’un produit, ou encore de leurs connaissances pointues en marketing. Les groupes de santé les surveillent donc avec attention. Ils examinent aussi de près comment la loi fédérale, les lois provinciales et les règlements municipaux sur le cannabis et ceux sur le tabac s’harmoniseront afin d’encadrer ce nouveau marché et de protéger au mieux la santé publique. Une affaire certainement à suivre.

Anick Labelle