Mobilisation des parents américains contre le tabagisme dans les films

Un guide pour sensibiliser les parents aux effets du tabagisme à l’écran a été lancé par Stanton Glantz, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco, dans le cadre de la Conférence de Washington.

Avec cet outil, le chercheur espère convaincre les grands studios hollywoodiens d’adopter une cote qui permettrait d’identifier les films renfermant des scènes de tabagisme, comme c’est déjà le cas pour la violence ou la nudité. Intitulé Screen Out! : A Parent’s Guide to Smoking, Movies and Children’s Health, le guide sera bientôt distribué partout aux États-Unis.

Plusieurs études démontrent que les adolescents qui voient leurs idoles fumer au grand écran courent beaucoup plus de risques d’expérimenter la cigarette. Selon le pédiatre James Sargent, de la Faculté de médecine du Collège de Dartmouth au New Hampshire, de 30 à 50 % des jeunes fumeurs actuels ont été influencés par des scènes de tabagisme lorsqu’ils ont commencé à fumer. Chaque année, le cinéma contribuerait à encourager 390 000 jeunes Américains à en faire autant.

C’est parce que les campagnes internes de sensibilisation menées par des groupes de réalisateurs et de comédiens n’ont pas porté fruit que Stanton Glantz a choisi de s’adresser directement aux studios de production par le biais des parents. « La Motion Pictures Association, qui est responsable du système de classification des films, nous a avisés que nos recherches ne l’intéressent pas, a relaté le professeur Glantz. Ce qui lui importe, c’est ce que pensent les parents ». Puisque des sondages réalisés auprès de certains d’entre eux ont révélé un intérêt pour que les films où figurent des scènes tabagiques soient identifiés, le guide a été créé pour les aider à s’exprimer. Il renferme notamment des fiches d’information et des modèles de lettres à envoyer aux studios.

Après une montée en flèche au début des années 90, la présence du tabac à l’écran aurait décliné légèrement au cours des dernières années. « Toutefois, cette baisse n’est observée que pour les films de catégorie R, que beaucoup moins de jeunes visionnent, a précisé Cheryl Healton, présidente de l’American Legacy Foundation, qui endosse officiellement l’outil. Pour les films destinés aux jeunes – ceux qui sont cotés G, PG et PG-13 – la présence est plutôt stable. »

Smokefree Movies Action Network

Le guide Screen Out! fait partie d’une campagne à plusieurs volets menée depuis 2001 par Smokefree Movies Action Network (SMAN), le réseau mis sur pied par Stanton Glantz. Puisque les États-Unis dominent l’industrie mondiale du cinéma, les adolescents d’autres pays sont aussi incités à fumer après avoir vu un film comportant des scènes de tabagisme. Le SMAN souhaite donc que les mesures suivantes deviennent conditionnelles à l’importation de films américains : ajout du tabagisme aux critères de classification (« R ») des films; intégration de messages antitabac ; mention certifiant que personne n’a été rémunéré pour les scènes de tabagisme contenues dans la projection.

Introduite en 2003, la législation antitabac de l’Inde, qui inclut une interdiction de fumer dans les films, a mérité un prix Luther L. Terry lors de la conférence. « Tout comme le diabète ou l’hypertension sont des facteurs de risque pour les crises de coeur, l’exposition au tabagisme à l’écran l’est pour le tabagisme juvénile », a déclaré son ministre de la Santé et du Bien-être familial, le Dr Anbumani Ramadoss.

Sur nos écrans

Une section du site Web de l’organisme Médecins pour un Canada sans fumée est dédiée à la manière dont le cinéma dépeint le tabagisme. Pour sa part, le Conseil québécois sur le tabac et la santé fera de cette problématique le thème des Commandos oxygène à compter de l’automne. « Notre but sera de sensibiliser les jeunes au fait qu’ils peuvent être influencés par le cinéma », a expliqué la responsable du projet, Linda Couture.

Julie Cameron