Mieux connaître et soigner la MPOC

Chaque année, 10 000 Canadiens meurent de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Le 16 novembre, lors du dévoilement de son Rapport d’évaluation national, l’Association pulmonaire du Canada (APC) a lancé un appel à l’action pour que les personnes qui souffrent de MPOC aient accès aux meilleurs traitements disponibles et que leur maladie soit mieux prise en charge.

Maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) : Rapport d’évaluation national 2005 a été réalisé pour faire connaître la maladie et mettre en lumière les forces et les faiblesses du système de santé canadien. Fruit de la plus importante étude canadienne à avoir été menée sur le sujet, ce rapport d’une quarantaine de pages a été rendu possible grâce au soutien financier des compagnies Pfizer et Boehringer Ingelheim Canada.

Qu’est-ce que la MPOC?

La maladie pulmonaire obstructive chronique empêche l’air d’entrer et de sortir librement des poumons. Ses principales formes sont la bronchite chronique et l’emphysème – la première étant une inflammation des voies respiratoires produisant un mucus et la seconde, une détérioration des tissus pulmonaires créant des poches où l’air demeure emprisonné.

Principalement causée par le tabagisme (90 % des cas), la MPOC provoque l’essoufflement et une limitation des activités. Pour les personnes atteintes, des tâches aussi simples que de faire l’épicerie ou vaquer à des travaux domestiques peuvent devenir un véritable cauchemar.

Des faits et des chiffres

La MPOC est la quatrième cause de décès en importance au Canada, après les maladies du cœur, les cancers et les troubles cardiovasculaires. On estime que plus de 714 000 Canadiens en souffrent, mais puisque la maladie est nettement sous-diagnostiquée, cette donnée devrait être revue à la hausse.

De toutes les principales causes de décès, la MPOC est la seule dont le taux de mortalité croît continuellement. Avec le vieillissement des baby-boomers, qui ont vécu alors que les taux de tabagisme atteignaient des sommets, on peut supposer que la situation n’est pas sur le point de s’améliorer.

À peine 45 % des Canadiens ont déjà entendu parler de la maladie pulmonaire obstructive chronique et seulement 17 % de son acronyme. À titre comparatif, l’Alzheimer, le cancer du sein et le sida sont connus de 97 à 99 % de la population.

« Une personne doit être renseignée sur sa maladie, sinon elle ne sait pas pourquoi elle prend ses médicaments, elle les prend de manière inadéquate et ne reconnaît pas les symptômes annonçant une crise, explique le directeur de l’Association pulmonaire du Québec (APQ), Louis Brisson. À cause du manque d’information, des gens qui souffrent de MPOC doivent se rendre à l’urgence deux ou trois fois par année. »

La spirométrie

Selon la Société canadienne de thoracologie (SCT) – la branche médicale de l’APC – la spirométrie constitue le meilleur moyen de diagnostiquer la MPOC. Ce test respiratoire permet de calculer la quantité d’air que peuvent retenir les poumons, de même que celle qui est expirée dans un temps donné. Bien que la plupart des médecins (74 %) aient accès à des spiromètres, le rapport de l’APC indique que seulement 35 % d’entre eux l’utilisent comme outil de diagnostic.

Les lignes directrices

En 2003, la SCT a publié les lignes directrices visant à mieux prévenir et traiter la MPOC. Dans ce guide des « meilleures pratiques » figurent entre autres l’arrêt tabagique, l’éducation, l’intervention médicale et la rééducation respiratoire.

Selon M. Brisson, les médecins connaissent les lignes directrices, mais ils ne les appliquent guère. Au Québec environ 65 % d’entre eux sont très à l’aise avec la gestion de la MPOC. Toutefois, 56 % affirment être incapables de prescrire les meilleurs traitements disponibles en raison des conditions actuelles de remboursement, qui les obligent à remplir un formulaire de médicament d’exception.

Bulletin des provinces

Dans son rapport, l’Association pulmonaire a attribué des notes – à la manière d’un bulletin scolaire – à chacune des provinces. Celles-ci ont été évaluées sur l’importance qu’elles accordent à la MPOC, la sensibilisation du public, l’accès à la spirométrie, les habitudes de diagnostic et de traitements des médecins. Le Québec se classe troisième (C), derrière le Manitoba (C+) et l’Ontario (B-). Tandis que la plupart ont obtenu la note de passage, le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve – Labrador échouent. Cependant, ce bilan devrait bientôt s’améliorer puisque plusieurs provinces élaborent actuellement des stratégies pour mieux prévenir et traiter la maladie.

APQ

L’Association pulmonaire du Québec dispose d’une équipe d’inhalothérapeutes formés pour répondre aux questions des personnes souffrant de MPOC. Pour en savoir davantage sur la maladie et ses traitements, on peut les joindre au 1-800-295-8111.

Josée Hamelin