Québec et Canada : décevants budgets

L’Organisation mondiale de la Santé l’a encore rappelé l’été dernier : hausser les taxes sur le tabac est l’une des façons les plus efficaces de lutter contre le tabagisme. Malheureusement, en mars 2016, les gouvernements du Québec et du Canada ont chacun déposé des budgets n’incluant aucune hausse de ces taxes. Une décision incohérente selon les groupes de santé, à l’heure où les comptes publics sont dans le rouge et le tabagisme est responsable de 30 % de tous les cancers.

À l’issue de son dernier budget, le Québec conserve donc le titre peu enviable de la province où les taxes sur le tabac sont les moins élevées au pays : à peine 29,80 $ pour une cartouche, contre 36,91 $ en Ontario et… 67,20 $ au Manitoba. Pourtant, au Québec, augmenter les taxes sur les cartouches de cigarettes d’à peine 4 $ inciterait 50 000 fumeurs à se libérer du tabac, calculait le ministère des Finances lui-même dans le budget qu’il a présenté en 2013-2014. À l’heure actuelle, cela représente environ 3 % de tous les fumeurs de la province. Cette année, l’Ontario a été plus audacieux, en décidant d’indexer sa taxe sur le tabac sur le taux d’inflation pendant cinq ans à partir de 2017.

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Le budget déposé par le Québec déçoit à un autre égard : il n’exclut pas les cigarettiers d’un rabais tarifaire sur l’électricité destiné aux manufacturiers qui procèdent à des investissements majeurs pour bonifier ou améliorer leurs opérations. Pour la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, c’est « incohérent » d’adopter « l’une des meilleures lois antitabac au monde » tout en offrant un avantage fiscal à une industrie qui tue chaque année 10 000 Québécois – et qui conteste cette même loi en cour.

Enfin, le budget canadien n’augmente pas les taxes sur le tabac. Par contre, il augmente de deux à cinq millions de dollars la caution que les fabricants et importateurs de produits du tabac doivent déposer à l’Agence du revenu du Canada.

Anick Labelle