La ligne j’Arrête et le SMAT : des services complémentaires

Qui sont les fumeurs et ex-fumeurs récents qui font appel à la ligne j’Arrête ou au Service de messagerie texte pour arrêter le tabac (SMAT)? Ces deux services attirent des usagers avec des caractéristiques spécifiques et des points en commun, montrent deux études de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Bien des fumeurs ont du mal à se libérer du tabac sans une aide extérieure. Heureusement, de nombreux services sont là pour les aider, comme la ligne j’Arrête et le SMAT. L’INSPQ brosse le portrait de ceux qui utilisent ces services dans deux études distinctes publiées en 2015 (première et deuxième études). Bien que leurs usagers aient plusieurs similitudes, ils présentent aussi quelques particularités, montrant que la ligne j’Arrête et le SMAT répondent à des besoins à la fois complémentaires et spécifiques.

La ligne j’Arrête : des usagers plus âgés
Info-tabac 111 ligne j'Arrete
À la ligne j’Arrête, les interventions ont toujours comme point de départ les préoccupations du fumeur qui appelle.

Depuis 2002, du lundi au vendredi, la ligne j’Arrête offre ses services par téléphone, par courriel et par clavardage. Pour établir le portrait de ceux qui y téléphonent, l’INSPQ a retenu 2681 personnes. Celles-ci avaient appelé à la ligne pour la première fois entre août 2013 et juillet 2014 et avaient cessé de fumer depuis 30 jours ou moins, ou voulaient le faire au cours des six prochains mois.

Les usagers qui appellent la ligne j’Arrête ont 49 ans, en moyenne. Pas moins de 40 % d’entre eux ont plus de 55 ans. Mentionnons aussi que 20 % d’entre eux n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaire, ce qui équivaut à la moyenne des fumeurs. Parmi ceux qui contactent la ligne, pas moins de 70 % ont déjà essayé d’arrêter de fumer – pas moins de trois fois, en moyenne. La plupart souhaitent se débarrasser de leur dépendance pour des raisons de santé (52 %) ou financières (20 %). Enfin, près du quart de la clientèle souffre d’un problème psychologique qui pourrait jouer sur sa cessation tabagique, comme l’anxiété ou la dépression.

Le SMAT
Info-tabac 111 SMAT
Le SMAT envoie des textos sur la cessation tabagique qui ne sont ni moralisateurs ni assommants afin de séduire les jeunes. Le service est gratuit et s’y inscrire ne prend que quelques minutes.

Lancé en 2012, le SMAT est beaucoup plus récent. En gros, il envoie des messages textes sur la cessation tabagique pendant six mois aux fumeurs et ex-fumeurs récents qui s’inscrivent sur le site Web www.smat.ca. Ces messages, expédiés automatiquement ou en réponse à certains mots clés envoyés par l’usager, comportent des informations, des astuces et des encouragements. Les clients du service peuvent aussi clavarder ou parler avec un intervenant de la ligne j’Arrête (dans les séances de clavardage, ce dernier est toutefois uniquement désigné en tant que spécialiste en cessation tabagique).

Bien que n’importe quel fumeur puisse s’inscrire au SMAT, ce service a d’abord été pensé pour attirer les jeunes de 18 à 24 ans. Maintenant, ce sont plutôt 18 à 34 ans qui sont visés. La raison en est bien simple : en plus d’aimer envoyer des messages textes, ces jeunes adultes ont un taux de tabagisme particulièrement élevé (29 % contre 20 % pour l’ensemble des Québécois). Par contre, ils font rarement appel aux services traditionnels d’aide à la cessation.

Pour savoir qui le SMAT arrivait effectivement à joindre, l’INSPQ a retenu les 2008 personnes qui s’y sont inscrites entre mars 2013 et février 2014 et qui avaient cessé de fumer depuis trois mois ou moins ou souhaitaient le faire au cours des six prochains mois.

Des participants plus jeunes

Premier constat : le SMAT rejoint bien une population plus jeune que la ligne j’Arrête. En moyenne, ils ont 34 ans. En fait, plus de la moitié d’entre eux (57 %) ont moins de 35 ans. Un sur quatre a même entre 18 et 24 ans.

Au total, près du quart des usagers ont persévéré pendant six mois pour compléter le programme, même s’ils pouvaient y mettre fin en tout temps. Près de la moitié des participants ont aussi clavardé (43 %) ou parlé (30 %) avec un intervenant de la ligne j’Arrête. Enfin, presque les deux tiers de ceux qui se sont désabonnés du SMAT avant la fin du programme l’ont fait dans les 10 jours suivant leur inscription. Ces 10 premiers jours semblent donc critiques, note l’INSPQ, qui suggère de « réfléchir à de nouvelles stratégies pour soutenir davantage les clients durant cette période difficile, telles que promouvoir le clavardage et d’autres services de soutien à l’arrêt tabagique. »

Info-tabac 111 SMATCréé en 2012; 2008 fumeurs observés; Âge moyen : 34 ans
Des services qui se ressemblent

Bien qu’ils s’adressent à des publics différents, la ligne j’Arrête et le SMAT partagent plusieurs caractéristiques. Les deux services sont bilingues, gratuits et confidentiels, gérés par la Société canadienne du cancer – Division du Québec et financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Les utilisateurs de ces services ont aussi plusieurs points en commun. D’abord, ce sont surtout utilisatrices. Les femmes y sont même surreprésentées : elles comptent pour 45 % des fumeurs québécois, mais pour 57 % des clients de la ligne j’Arrête et 59 % des clients du SMAT. Ceux qui entrent en contact avec ces deux services sont aussi plus dépendants au tabac que la moyenne des fumeurs québécois. Ils fument généralement plus tôt leur première cigarette de la journée et en fument davantage au cours de celle-ci. Par contre, une majorité d’entre eux trouvent important ou très important de cesser de fumer. D’ailleurs, 90 % des usagers de la ligne j’Arrête et 41 % de ceux du SMAT souhaitent arrêter dans les 30 prochains jours. Parmi les clients du SMAT, 53 % avaient même déjà cessé au moment de s’inscrire au service! De nouvelles études de l’INSPQ, à venir, nous diront quelle proportion d’entre eux y sont arrivés – et seront demeurés non-fumeurs pendant au moins six mois.

Info-tabac 111 ligne j'ArrêteCréée en 2002; 2681 fumeurs observés; Âge moyen : 49 ans
Une ligne à optimiser

La ligne j’Arrête a reçu 21 000 appels d’août 2013 à juillet 2014. La majorité des fumeurs qui l’ont appelée (44 %) l’ont fait après avoir vu le numéro de la ligne (1 866-jarrete) sur l’emballage d’un produit du tabac, démontrant à nouveau l’importance et l’efficacité des mises en garde. La plupart des autres usagers (41 %) étaient dirigés à la ligne par des professionnels de la santé, souvent à la suite d’un partenariat entre la ligne et un établissement de santé. Les usagers restants en ont entendu parler sur le site internet j’Arrête (5,2 %), par un proche, dans un cabinet médical ou à travers une publicité télévisée.

En considérant seulement les fumeurs qui avaient cessé de fumer depuis moins de 30 jours ou envisageaient de le faire au cours des six prochains mois, l’INSPQ calcule que, en 2013-2014, seulement 0,18 % des fumeurs du Québec ont parlé avec un intervenant de la ligne j’Arrête. Ailleurs au Canada, les lignes d’assistance à l’arrêt du tabac joignent 0,5 % des fumeurs en moyenne. Aux États-Unis, la moyenne est encore plus élevée, soit 1,32 %. Bref, le taux d’utilisation de la ligne j’Arrête au Québec se trouve à l’extrémité inférieure de la distribution, indiquant qu’une amélioration de ce taux est atteignable, estime l’INSPQ. Des heures d’ouverture allongées permettraient probablement de traiter davantage d’appels. Déjà accessible du lundi au vendredi, la ligne sera bientôt offerte aussi le samedi pour soutenir les participants du Défi J’arrête, j’y gagne!, entre autres.

Anick Labelle