Boycott de l’Opération Carte d’identité – Zone scolaire

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac demande à ses membres et aux autres organismes communautaires de boycotter l’actuel programme de l’industrie qui prétend contribuer à la réduction des ventes de tabac aux mineurs.

Entièrement conçue, financée et propagée par le Conseil canadien des fabricants des produits du tabac, l’Opération Carte d’identité Zone scolaire invite les détaillants, situés près des écoles, à refuser de vendre du tabac aux moins de 18 ans. Ayant obtenu l’appui de chambres de commerce et de députés du Saguenay, première région québécoise rejointe, cette campagne consiste en des annonces dans les journaux, des consignes aux marchands et de l’affichage dans les points de vente.

« Ce programme n’est rien d’autre qu’un exercice de relations publiques dénué de tout bénéfice pour la santé publique, il ne réduira en rien le tabagisme chez les jeunes », prévient toutefois Louis Gauvin, porte-parole de la Coalition. Par le biais d’un communiqué de presse et d’un envoi postal à des centaines de groupes communautaires, l’organisme entend faire la lumière sur les objectifs réels des fabricants.

« Faire confiance à l’industrie du tabac pour réduire le tabagisme chez les jeunes, c’est confier au loup la garde des moutons, illustre M. Gauvin. L’adhésion au programme mis au point par l’industrie est sur une base volontaire et ne comporte aucun mécanisme crédible de vérification. Ces programmes d’éducation pour les détaillants se sont toujours avérés inefficaces; dans le meilleur des cas, les effets sont temporaires »

La Coalition déclare être davantage en faveur d’inspections systématiques et de solides sanctions contre les dépanneurs pris en défaut, cela par des autorités gouvernementales.

Danger dans la cour d’école

L’intérêt de l’industrie du tabac pour la prévention du tabagisme juvénile n’est pas exclusif au Canada. Cette nouvelle stratégie, assez courante dans les pays développés, a régulièrement pour effet de semer la confusion parmi les autorités sanitaires et les groupes opposés au tabagisme. Comment réagir à cette collaboration inquiétante de compagnies qui, en réalité, acquièrent la grande majorité de leurs nouveaux clients à l’adolescence? Les organismes britanniques Action on Smoking and Health et Cancer Research Campaign viennent de rendre public un rapport sur le sujet, intitulé DANGER! PR in the Playground, ou Danger : les relations publiques dans la cour d’école en résumé français.

Après avoir étudié minutieusement des documents internes de l’industrie, les chercheurs ont conclu que ses principaux objectifs sont simplement de redorer son image et de promouvoir le message, sans conséquences pour elle, que fumer est une « affaire d’adulte ». Cette pratique est rusée, puisqu’elle « aligne les sociétés sur l’opinion publique et politique, laquelle a tendance à exprimer simultanément sa volonté de protéger les enfants et de ne pas empiéter sur la “liberté” des adultes », estiment-ils.

Les campagnes de prévention soutenues par les fabricants présentent souvent le tabac comme un fruit défendu, réservé aux adultes. Ceci a pour effet de banaliser le tabagisme chez les jeunes de plus de 18 ans, et de le rendre attrayant pour les adolescents. Donc, rien pour réduire les ventes de cigarettes.

Beaux joueurs, les auteurs du rapport recommandent ceci à l’industrie du tabac : « Cessez de faire systématiquement opposition aux mesures basées sur les faits et qui, elles, feraient la différence (en réduisant réellement le tabagisme), soit l’augmentation des taxes, l’interdiction globale de la publicité, les programmes visant à aider les adultes à arrêter de fumer, les interdictions de fumer dans les lieux publics et au travail, et les initiatives antitabac dirigées par des jeunes. »

Denis Côté