Nouveau financement pour la Formule 1, le tennis masculin et le Festival Juste pour rire

Trois événements québécois importants se départissent du financement des compagnies de tabac tout en connaissant le succès. Bientôt, le Grand Prix de Formule 1, les Internationaux de tennis masculin du Canada et le Festival Juste pour rire, tous trois de Montréal, seront appuyés par de nouveaux commanditaires principaux.

Tel qu’annoncé à l’automne dernier, le Grand Prix de Formule 1 voit, dès cet été, sa commandite principale de Player’s remplacée par celle d’Air Canada. L’appui de Player’s était de l’ordre de 4 millions $ par année.

Les organisateurs du Festival Juste pour rire emboîtent le pas et, dès cet été, Loto-Québec remplacera Craven A à titre de commanditaire principal de leur événement. Toutefois, le fabricant de cigarettes restera associé à un élément du Festival, soit la série Cabaret Craven A, ce qui lui permettrait, à défaut de réglementations fédérale ou provinciale, d’annoncer cette marque autant qu’il le désire.

Quant aux Internationaux de tennis masculin du Canada, ils seront financés, à partir de l’an 2000, par l’entremise de la société de marketing suisse ISL, laquelle a acquis pour dix ans, en retour de 1,2 milliards $ US, les droits de commandite, de télédiffusion et d’Internet des tournois des neuf villes de la série Super 9. Cette commandite remplace celle d’Imperial Tobacco qui consistait au versement des bourses aux joueurs, soit 3,2 millions $ pour l’année 1997.

Cette entente mettra un terme à l’association entre le tennis masculin et du Maurier dès la fin du tournoi de cet été. « Pour le tournoi féminin 2000, du Maurier sera là pour la dernière fois, nous laissant un an de répit afin de trouver une solution », a déclaré le directeur de Tennis Canada à Montréal, M. Legendre, à La Presse.

Programme de compensation

En février 1998, en prévision de l’adoption de la Loi sur le tabac, le ministre des Finances Bernard Landry avait annoncé la création d’un fonds spécial de 12 millions $ par année visant à encourager les organisateurs d’événements à se départir de leur commandite du tabac.

Le gouvernement québécois pourrait sentir l’engouement pour ce programme de compensation, si toutefois les organisateurs d’événements ne continuent pas à trouver d’autres commanditaires que les compagnies de tabac. En effet, dans le rapport annuel d’Imasco, Imperial Tobacco a annoncé qu’« elle cessera presque toutes ses activités de commandite après le 1er octobre 2000, à moins que des modifications ne soient apportées à la loi ».

Selon notre compilation basée sur les déclarations des organisateurs des événements aux médias, le total des subventions versées par les fabricants de cigarettes en l’an 2000 serait au maximum d’environ 7,5 millions $. Ceci est très loin des 30 millions $ souvent rapportés dans les médias, lesquels doivent inclure toute la publicité superflue des marques de cigarettes dans les points de vente, sous prétexte de commandites.

Publicité superflue

Tout au long de l’hiver et du printemps, le Québec a été envahi par de la publicité de marques de cigarettes associée à des commandites. Presque pour aucune de ces publicités, la promotion ne servait à annoncer un événement particulier se déroulant au Québec. Par exemple, la publicité de l’Équipe Player’s, omniprésente, fait valoir une activité se déroulant surtout aux États-Unis.

Chez Rothmans, Benson & Hedges, on a annoncé abondamment une petite série de concours humoristiques pour les jeunes de 19 à 25 ans, appelée la Relève Craven A Juste pour rire. La publicité de cette série, notamment dans les points de vente et dans les transports en commun, dépasse de beaucoup les besoins du concours. Une stratégie similaire a été employée chez RJR-Macdonald avec la course de motoneiges de Chibougamau.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac et Info-tabac ont dénoncé ces abus de publicité aux autorités du ministère de la Santé et des Services sociaux. Une réglementation à la Loi sur le tabac serait souhaitée afin de mettre fin à de telles situations. Des recommandations quant aux commandites ont été déposées au bureau du ministre Baril.

Denis Côté