Vaste plan d’action antitabac bientôt lancé par le ministre Baril

Par le biais d’une entrevue accordée à André Duchesne de La Presse, parue le 5 mars, le ministre délégué à la Santé, Gilles Baril, a révélé qu’il entendait lancer très bientôt un vaste plan d’action pour consolider la lutte québécoise au tabagisme.

Selon La Presse, les trois principaux éléments de ce plan seraient une hausse des taxes, des poursuites contre les fabricants de cigarettes et le lancement d’une nouvelle campagne de prévention. Le ministère aurait émis un appel d’offres auprès d’entreprises de marketing afin de structurer une campagne publicitaire « particulière et originale » sur les effets du tabagisme.

Au cabinet du ministre, l’attaché de presse Thierry Audin nous a confirmé que M. Baril rendra bientôt public un plan d’action, tout en faisant connaître de nouvelles mesures susceptibles de renforcer l’acceptation et le respect de la Loi sur le tabac. Une conférence de presse serait alors convoquée « à tout moment d’ici l’été, peut-être la semaine prochaine », a déclaré M. Audin.

Respect de la loi

Il semble que la Loi sur le tabac commence à être assez bien respectée dans les lieux de travail, si l’on en juge d’après un sondage Tendances 2000 de Léger & Léger, publié dans Le Journal de Montréal du 22 mars. À la question « Est-ce que les gens dans votre milieu de travail respectent la nouvelle loi au sujet de la cigarette? », 54 % des 500 adultes interrogés ont répondu oui, 19 % ont dit non et 25 % ne travaillaient pas; 2 % n’ont pas répondu.

Les hommes (24 %) plus que les femmes (14 %) affirment que la loi n’est pas respectée dans leur milieu de travail. Cette différence doit s’expliquer par les types d’emplois traditionnellement exercés par les femmes (dans les magasins, les bureaux, le secteur de la santé, etc.), dans lesquels on est plus réfractaires à la fumée.

En distribuant les personnes qui travaillent et ont répondu, on arrive à un taux de respect de 74 % contre 26 % pour le non-respect. Bien que le nombre de répondants ne soit pas élevé, ce genre de sondage omnibus donne un aperçu spontané et assez honnête de l’opinion, car il couvre plusieurs sujets et n’est pas commandité par une organisation impliquée en tabagisme.

Même si le taux de désobéissance à la loi serait encore assez élevé, à 26 %, on constate aisément que la protection des non-fumeurs a fait un bond de géant au Québec en quelques mois à peine. Selon les rares sondages déjà effectués à ce sujet par le passé, moins de la moitié des travailleurs profitaient de lieux sans fumée avant la Loi sur le tabac.

Il est probable que l’entrée en vigueur des sanctions pénales, de même que l’arrivée de l’été, seront deux facteurs qui entraîneront beaucoup d’autres employeurs à interdire la cigarette au travail au cours des prochains mois.

500 000 fumeurs veulent arrêter

Un autre sondage Tendances 2000 de Léger & Léger, cette fois publié dans Le Journal de Montréal du 17 janvier, arrive à un résultat encore plus spectaculaire en faveur de la loi. À la question « Avez-vous l’intention d’arrêter de fumer suite à l’adoption de la nouvelle loi réglementant l’usage du tabac dans les lieux publics? », pas moins de 27 % des fumeurs ont répondu oui, 70 % ont dit non, et 3 % ne le savaient pas.

Même si elle n’était fondée que sur environ 155 répondants (les 31 % de fumeurs parmi 500 adultes interrogés), cette question donne l’ampleur du potentiel de la loi en faveur de la réduction du tabagisme. Si effectivement 27 % des fumeurs québécois rompaient avec leur habitude, leur nombre chuterait d’environ 500 000 et leur proportion de 33 à 24 %. De surcroît, de nombreuses personnes qui ont répondu « non » à la question pourraient également désirer arrêter de fumer, mais en étant motivées par d’autres raisons que l’entrée en vigueur de la loi.

Deux nouveaux outils

En janvier, le Service de la lutte au tabagisme a rendu disponibles deux nouveaux outils à l’intention des gestionnaires de lieux visés par la Loi sur le tabac. Au cahier de modalités d’application, au dépliant pour le public et à l’affiche d’interdiction, viennent de s’ajouter un cahier de conseils sur l’implantation et des carnets de 15 billets d’avertissement. Ces billets de courtoisie signalent aux fumeurs qu’ils se trouvent dans une zone d’interdiction et leur rappellent le bien-fondé de la loi. On peut commander ces outils par téléphone, au (418) 646-9334, ou par télécopieur au (418) 646-1680.

Pas de plaintes par Internet

Info-tabac avait placé à la page d’entrée de son site Internet une boîte aux lettres par laquelle il était possible d’acheminer une plainte pour non-respect de la loi au ministère de la Santé.

Nous avons été avisés que les plaintes reçues par courriel se devaient d’être validées par un appel téléphonique à un agent du ministère. Sur son site Internet, le Service de la lutte au tabagisme prévient même de ne pas lui envoyer de plaintes ou de requêtes de renseignements par courriel, mais d’utiliser plutôt le bon vieux téléphone, en composant le numéro sans frais 1 877 416-8222, ou pour la région de Québec le (418) 646-9334.

Denis Côté