Unir les forces contre le tabagisme

Pour parler de tabac aux jeunes adultes, la Société canadienne du cancer a joint son talent pour organiser des événements aux connaissances terrain des directions de santé publique et à l’expertise des centres d’abandon du tabagisme. Cette collaboration a atteint une population habituellement difficile à joindre.

Alors que le taux de tabagisme diminue progressivement au Québec, il demeure élevé chez les jeunes adultes. Cela est encore plus vrai quand ces derniers se destinent à certains métiers comme la vente, la manutention ou le transport. Pire : dissuader ces jeunes de fumer n’est pas aisé. Les campagnes de communication classiques les touchent peu : plusieurs d’entre eux, imprégnés d’une certaine pensée magique, croient qu’ils pourront se libérer facilement de leur dépendance au tabac.

Le Nico-Bar arrive toutefois à les intéresser. Cet événement clés en main est présenté dans les centres de formation professionnelle et les centres d’éducation aux adultes. À la fois ludique et théâtral, le Nico-Bar informe les jeunes tout en évitant les discours moralisateurs. En gros, il recrée l’ambiance d’un bar où les élèves avalent des cocktails au goût horrible dont les ingrédients simulent les toxines de la fumée de tabac. Des intervenants en cessation tabagique sont aussi disponibles pour parler avec ceux qui le souhaitent. Depuis novembre 2017, le Nico-Bar a sensibilisé des centaines de jeunes tout en permettant aux organismes impliqués de resserrer leurs liens ou d’en développer de nouveaux.

L’instigatrice du projet, la Société canadienne du cancer (SCC), travaille en étroite collaboration avec les directions de santé publique (DSP) et les centres d’abandon du tabagisme (CAT) d’une dizaine de régions. « La participation de la DSP nous est très précieuse parce qu’elle connaît les réalités régionales, tandis que la présence des intervenants du CAT nous assure des interventions de qualité pour les jeunes et à la possibilité d’un suivi, au besoin », explique Dominique Claveau, directrice, Prévention du cancer et promotion de la santé à la SCC.

Dans les Laurentides, l’événement a séduit le Centre de formation continue des Patriotes. « La formation que nous dispensons est plus que pédagogique, explique Manon Plante, technicienne en éducation spécialisée. Nous souhaitons équiper les jeunes pour qu’ils réussissent leur projet de vie. » Ces derniers ont donc accès à des cours, mais aussi à des ateliers sur le budget, la violence conjugale, l’anxiété ou les saines habitudes de vie. L’activité clés en main du Nico-Bar s’est donc parfaitement intégrée à leur formation.

Au Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, la DSP et le CAT étaient tout aussi enthousiastes. « Les centres de formation pour adultes nous réclamaient des activités sur le tabagisme, mais nous avions peu de chose à leur proposer, explique Dre Claire Jutras, de la DSP. Le Nico-Bar nous a permis de leur amener un projet stimulant et de créer des liens avec de nouveaux milieux. Toutes les écoles que nous avons contactées ont accepté notre offre! » L’événement a aussi renseigné la Dre Jutras et son équipe sur les perceptions des jeunes sur le tabagisme, leur permettant de constater que la plupart d’entre eux veulent arrêter de fumer et qu’il est utile d’aller à leur rencontre. Enfin, grâce à cet événement, le CAT a joint une clientèle qui fréquente rarement ses installations. En somme, ce projet a permis à des organismes de remplir leur mission, de renforcer leurs liens avec leurs partenaires et de travailler avec des jeunes à risque. Difficile de faire mieux!

Anick Labelle