Une semaine pour libérer l’air de la fumée secondaire

Après avoir prôné les bienfaits de l’arrêt tabagique pendant six ans, la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac s’est attaquée aux dangers de l’exposition à la fumée secondaire.

Avec pour slogan « Libérez l’air de la fumée secondaire! », la campagne 2005, qui se tenait du 16 au 22 janvier, a su conscientiser la population au moment où le ministre de la Santé s’apprête à déposer un projet de loi afin d’interdire l’usage du tabac dans les restaurants et les bars de la province.

Une fumée loin d’être secondaire

Si la plupart des gens, y compris l’industrie du tabac, s’entendent pour dire que la fumée secondaire en incommode plus d’un, plusieurs personnes semblent ignorer qu’elle tue aussi. Chaque année au Québec, plus de 350 non-fumeurs décèdent de maladies causées par l’exposition à la fumée des autres, rappelle le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) qui coordonne la Semaine.

Qu’on l’appelle fumée de tabac dans l’environnement (FTE), fumée secondaire ou encore fumée de tabac ambiante (FTA), cette émanation toxique se compose essentiellement de la fumée expirée par le fumeur et de celle qui est générée par la combustion de sa cigarette.

« Parce qu’elle est produite à une température inférieure, la fumée secondaire contient deux fois plus de nicotine et de goudron que la fumée qui est respirée par le fumeur lui-même », a indiqué Denis Drouin, directeur de la promotion de la santé et du bien-être au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSSQ), lors du lancement de la campagne. Afin de sensibiliser le plus de gens possible à cette réalité, la conférence de presse avait lieu à la place centrale du Complexe Desjardins de Montréal. Cette tactique a atTiré l’attention de plusieurs curieux, passants et commerçants.

Porte-parole de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac depuis maintenant cinq ans, Mireille Deyglun a elle-même vaincu sa dépendance au tabac, il y a huit ans. « Si j’avais su, il y a 10 ou 15 ans, que la fumée secondaire était aussi nocive, sinon plus, que celle que l’on inhale en fumant, j’aurais arrêté de fumer bien avant cela, a-t-elle déclaré. Le thème de cette année rejoint tout le monde, car même les fumeurs ne voudraient pas revenir à l’époque où tous les milieux de travail étaient enfumés. » La comédienne a par ailleurs invité les fumeurs à réfléchir au fait que leur liberté de fumer se termine là où commence celle des autres.

Bien manger sans fumée!

Comme nouveauté cette année, la journée Bien manger sans fumée! invitait les propriétaires de restaurants à déclarer leur établissement sans fumée le 20 janvier. Les organisateurs de l’événement peuvent être fiers de leur initiative car plus de 600 restaurateurs, des quatre coins de la province, ont répondu à l’appel. Afin d’encourager la population à fréquenter ces lieux exempts de fumée, le site Internet de la Semaine offrait la liste des restaurants participants.

Heureuse de prendre part à la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, l’Association des restaurateurs du Québec a collaboré à la réussite de cette activité, tel qu’en témoigne son vice-président aux affaires publiques, François Meunier. « Je crois que la journée Bien manger sans fumée! a permis aux restaurateurs de démontrer qu’ils se soucient de la santé de leurs clients et de leurs employés, a-t-il indiqué. De plus, ce fut pour eux une bonne occasion de tester la réaction de leur clientèle à l’égard de l’interdiction de fumer dans les lieux publics qui sera proposée par le ministre Couillard. »

La formule 2005

Un des défis rencontrés par les responsables de la Semaine 2005 fut de trouver des personnalités publiques acceptant de témoigner contre la fumée de tabac dans l’environnement. « S’il y a un consensus social sur l’arrêt tabagique, c’est plus difficile pour des personnes qui veulent se faire aimer de tout le monde, y compris des fumeurs, de dire qu’elles sont indisposées par la fumée de tabac », a révélé Alain Vinet, président de l’agence Pub point com qui a conçu la campagne.

Malgré cet obstacle, 14 personnalités du milieu artistique et trois professionnels de la santé ont accepté de dénoncer publiquement les dangers de la fumée secondaire. Une vingtaine de capsules de 30 secondes ont ainsi pu être produites. Contrairement aux années précédentes, où les témoignages étaient enregistrés en studio, c’est au Troquet du Coin, un restaurant montréalais participant à la journée Bien manger sans fumée!, qu’ont été livrés ceux de cette année.

Une fois de plus, les réseaux télévisuels (TVA, LCN, TQS, SRC, RDI, ARTV, CFCF et Météomédia) ont été nombreux à contribuer à la visibilité de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, notamment en diffusant, à prix modiques, les messages sur la fumée secondaire aux heures de grande écoute.

Quelque 60 000 affiches et 650 000 affichettes de portes ont été produites afin promouvoir la Semaine et ses activités. De plus, dans plusieurs municipalités, des « panobus » reprenant le visuel de l’affiche, invitaient les gens à libérer l’air de la fumée secondaire.

La Semaine sur le Web

Incorporé à celui du CQTS, le site de la Semaine regorgeait d’informations. Les internautes ont pu tester leurs connaissances sur la fumée secondaire ou consulter le calendrier des activités organisées dans chacune des régions du Québec. Une section consacrée aux non-fumeurs offrait des trucs pour dire aux fumeurs que leurs émanations dérangent, tandis que des ressources pour écraser étaient proposées aux fumeurs.

D’importants collaborateurs

C’est grâce au soutien du MSSSQ et à l’appui de plus de 120 partenaires que le succès de la Semaine québécoise ne cesse de croître. Même si l’arrêt tabagique était une cause fort louable, le thème de cette année marque un pas de plus vers un avenir sans tabac.

Mission accomplie!

S’ils étaient impatients de connaître l’impact de leur campagne 2005 sur la population québécoise, les organisateurs de la Semaine peuvent maintenant sabler le champagne. Un sondage Léger marketing réalisé auprès de 1002 individus révèle que 81 % des Québécois ont entendu parlé de la Semaine. De plus, 77 % d’entre eux ont été capables d’identifier (de manière assistée) le slogan « Libérez l’air de la fumée secondaire! ». Enfin, 62 % des répondants fumeurs ont avoué que la campagne les amené à prendre conscience que la fumée pouvait avoir un effet sur les autres.

Josée Hamelin