Trop de gens acceptent de se déplacer dans des voitures enfumées

Bien que les fumeurs soient minoritaires (23 %) au sein de la société québécoise, la plupart d’entre eux fument en voiture, et ce, même lorsqu’il y a d’autres occupants à bord. Souvent incommodés par la fumée secondaire en automobile, les non-fumeurs, qui subissent et tolèrent de tels agissements, ne refusent que rarement de monter dans des véhicules enfumés…

L’automne dernier, le Centre option-prévention T.V.D.S. (un organisme sans but lucratif voué à la prévention des toxicomanies, de la violence, des drogues et du sida) a fait appel à la firme Écho sondage afin d’évaluer la proportion des résidents de la région de Montréal affectés par la fumée secondaire dans les véhicules (FSV). Début octobre, 2 667 répondants francophones, dont 708 fumeurs et 1 959 non-fumeurs, ont été sondés. Puisque ces derniers représentent assez fidèlement la population québécoise, les résultats peuvent être extrapolés à l’ensemble de la province. Au cours des trois mois qui ont précédé l’enquête, une personne sur trois s’est retrouvée dans une voiture enfumée. Chez les 18-24 ans, c’est presque les deux tiers des répondants (64 %).

La majorité des fumeurs allument en voiture

Alors que la plupart des lieux de travail et un nombre croissant d’endroits publics interdisent l’usage du tabac à l’intérieur, il semble y avoir un retard important en ce qui concerne la fumée secondaire dans les automobiles. Dans la grande région de Montréal, 69 % des fumeurs qui possèdent une voiture avouent y fumer tandis que 78 % des adeptes de la nicotine allument lorsqu’ils se déplacent dans un autre véhicule.

Parmi les individus qui fument dans leur auto, 70 % le font en présence de non-fumeurs et 40 % en présence d’enfants. Si la moitié des fumeurs affirment s’abstenir de fumer lorsqu’on leur demande, 44 % prétendent que rien ne pourrait les en empêcher dans leur voiture. Outre leur dépendance à la nicotine, aucun prétexte particulier ne pousse les gens à allumer en auto. Toutefois, le trafic, le stress et les longues distances à parcourir seraient des incitatifs à fumer davantage.

Malgré ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas pour protéger leur santé ou celle de leurs proches que certains fumeurs (31 %) choisissent de ne pas fumer dans leur automobile. La principale raison (46 %) qui les motive est la mauvaise odeur laissée dans le véhicule. Le respect des non-fumeurs (18 %), les risques d’accidents (8 %), l’espace trop restreint (8 %) et le fait qu’il y ait des enfants à bord (6 %) s’ajoutent ensuite à la liste des arguments évoqués.

Embarrassés d’être non-fumeurs…

Même si 93 % des non-fumeurs savent que la fumée concentrée dans les véhicules automobiles est nocive pour leur santé, ils sont très tolérants envers les consommateurs de tabac. Les deux tiers des personnes qui ne fument pas ont répondu « ne jamais refuser » de voyager dans des voitures enfumées, et ce, même si 60 % d’entre elles se disent incommodées par la FSV. Au moins un non-fumeur sur quatre éprouve de la difficulté à réclamer que quelqu’un s’abstienne de fumer. Il n’est donc pas étonnant que le quart des non-fumeurs laissent fumer les gens qui leur en demandent la permission.

Rouler sans fumer!

En janvier, le Centre T.V.D.S. a lancé une vaste campagne de « marketing social » afin de sensibiliser la population du grand Montréal aux dangers de la fumée secondaire en voiture. Depuis, des milliers d’assainisseurs d’air et des panneaux géants font la promotion du slogan de la campagne « Pour vous et pour les vôtres, rouler sans fumer! » À cela se sont ajoutées, début mars, quatre publicités radiophoniques (trois francophones et une anglophone) diffusées sur différentes chaînes de la région métropolitaine.

« Si nous avons choisi d’aborder le thème de la fumée secondaire en voiture, explique la directrice du Centre T.V.D.S., Manon Lacroix, c’est parce que c’est un volet qui n’avait, à ma connaissance, jamais été exploité auparavant. » Conçu par l’agence Pub point com, Rouler sans fumer! est un projet-pilote réalisé grâce à la participation financière de Santé Canada et à l’expertise tabagique de la Direction de santé publique de Montréal.

La campagne montréalaise s’est terminée à la fin mars, après quoi, les panneaux géants seront affichés dans la région de Québec. Alors qu’un sondage évaluera la notoriété de Rouler sans fumer! en avril, le deuxième volet de la campagne devrait donner aux fumeurs de la région de Montréal des trucs pour s’abstenir de fumer en auto, dès cet automne. Selon les résultats obtenus, il se pourrait bien que le concept soit élargi à l’ensemble du Québec.

Josée Hamelin