Régime sans tabac dans les prisons fédérales dès le 30 avril

Le Service correctionnel canadien compte interdire de fumer dans les 58 prisons de juridiction fédérale, non seulement à l’intérieur des bâtisses, mais aussi dans les cours extérieures, à partir du 30 avril 2008. Cette mesure était prévue depuis le 31 janvier 2006, alors qu’entrait en vigueur une interdiction de fumer partout à l’intérieur des bâtiments, jusque dans les cellules. Les prisons fédérales logent au Canada environ 12 500 personnes condamnées à une peine supérieure à deux ans.

L’application d’une interdiction totale de fumer dans des lieux de détention pourrait susciter du scepticisme chez les Québécois, après une tentative en ce sens ratée par le gouvernement provincial en février dernier.

Recul du gouvernement du Québec

Le 8 février, le ministre de la Sécurité publique a annulé l’application d’un règlement en vigueur depuis le 5 février 2008 qui interdisait de fumer partout à l’intérieur et dans la cour des prisons sous juridiction provinciale. Les 18 prisons provinciales du Québec logent plus de 4 000 personnes condamnées à une sentence de deux ans ou moins, ou accusées d’un crime et en attente d’un procès. Une fois reconnus coupables, les financiers véreux à la Vincent Lacroix, les gangsters à la Mom Boucher, ou les meurtriers à la Robert Pickton ne sont donc pas incarcérés dans des prisons provinciales, contrairement à ce que laissaient croire des caricatures et des opinions de lecteurs publiées dans des journaux cet hiver.

Huit autres provinces canadiennes interdisent déjà de fumer dans les prisons sous leur juridiction, jusque derrière les barreaux des cellules, mais autorisent souvent le tabagisme sur le terrain extérieur des lieux de détention. Les agents de la paix en milieu carcéral, qui doivent pouvoir visiter tous les recoins d’une prison, sont donc censés jouir d’une protection contre la fumée, une protection qui serait similaire à celle maintenant prévue dans d’autres environnements de travail.

En janvier, des agents de la paix travaillant dans les centres de détention québécois avaient cependant exprimé des craintes que le règlement du ministère de la Sécurité publique soit pratiquement inapplicable. Depuis des années, les syndicats de gardiens déplorent le surpeuplement de plusieurs établissements carcéraux québécois et le manque criant de personnel. Quant aux défenseurs des droits des détenus, ils ont dénoncé le côté excessif du nouveau règlement.

Le recul du gouvernement du Québec a donné l’impression de répondre à une émeute de détenus, liée à l’application de la nouvelle politique, et survenue le 7 février au centre de détention d’Orsainville, à Québec.

Pour ses partisans, une interdiction de fumer sur les terrains extérieurs comme à l’intérieur des prisons aurait l’avantage d’alléger la tâche des gardiens, lesquels doivent présentement empêcher le tabac qui est permis à l’extérieur d’être apporté et fumé à l’intérieur en cachette. Les personnes condamnées à vivre derrière les barreaux, mais qui ne veulent pas se rendre malades, seraient vraiment plus à l’abri de la fumée que maintenant.

Pierre Croteau