Peu d’organes sont épargnés par le tabac

Presque tous les organes du corps humain sont affectés par l’usage du tabac, signale le plus récent rapport du médecin en chef (Surgeon General) des États-Unis, publié le 27 mai dernier. « Nous savions depuis des décennies que fumer était mauvais pour la santé, a affirmé le médecin en chef Richard H. Carmona, lors du lancement. Ce nouveau rapport conclut que c’est encore pire que nous le pensions, car les toxines contenues dans la fumée de cigarette se propagent dans tous les endroits où le sang circule. »

Nommé par le président des États-Unis pour un mandat de quatre ans, le Surgeon general est le principal conseiller de la Nation américaine sur les enjeux de santé publique. Son premier rapport sur le tabagisme date de 1964. Il liait alors l’usage du tabac à seulement trois maladies : les bronchites chroniques, le cancer du poumon et celui du larynx chez l’homme.

Quarante ans et 27 rapports plus tard, les recherches du Dr Carmona et de ses collaborateurs l’associent à la leucémie, aux cataractes, aux pneumonies et aux cancers du col de l’utérus, du rein, du pancréas et de l’estomac; des maladies qui semblent, à prime abord, n’avoir aucun lien avec le tabac.

Long de 960 pages, The Health Consequences of smoking est une véritable bible d’informations qui a mis plus de trois ans à voir le jour. Le Dr Carmona espère que les nouveaux renseignements qu’il contient motiveront les gens à cesser de fumer et convaincront les jeunes de ne jamais commencer.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Depuis la parution du 1er rapport du Surgeon General sur le tabac, plus de 12 millions d’Américains sont morts de maladies attribuables au tabagisme. De tous ces décès, 4,1 millions sont imputables aux cancers, 5,5 millions aux maladies cardiovasculaires, 1,1 million aux maladies respiratoires et 94 000 aux mortalités infantile et fœtale.

Chaque jour aux États-Unis, près de 4 000 jeunes allument leur première cigarette, peut-t-on lire dans le rapport 2004. Pendant ces mêmes 24 heures, 1 200 personnes meurent de maladies causées par le tabac. À elle seule, la fumée des autres est responsable de 38 000 décès par an (soit 100 par jour).

En termes de dépenses, le tabagisme coûte plus de 157 milliards $ par année à nos voisins américains. Cela représente 75 milliards $ en soins médicaux directs, 82 milliards $ en coûts indirects liés à la perte de productivité et 366 millions $ en soins néo-natals.

Arrêt tabagique

Alors que la majorité des fumeurs optent pour des marques « douces » ou « légères », les croyant moins nocives pour la santé, le Dr Carmona est formel : « Il n’y a pas de cigarette sécuritaire. La science est très claire à ce sujet, la seule manière d’éliminer les risques du tabagisme sur la santé, c’est de cesser complètement de fumer ou encore de ne jamais commencer. » À ce propos, le rapport actuel rappelle que le fait d’arrêter de fumer a un impact immédiat et à long terme sur la santé des fumeurs.

Présent lors du lancement, le secrétaire du Département de la Santé et des Services Sociaux, Tommy G. Thompson, a manifesté sa volonté de s’attaquer à la principale cause de mortalité évitable aux États-Unis. « Nous devons réduire le tabagisme dans ce pays et partout dans le monde », a-t-il déclaré. Le Service de santé publique américain (U.S. Public Health Service) s’est fixé d’ailleurs des objectifs précis. D’ici 2010, il souhaite que le tabagisme régresse de 22 % à 16 % chez les jeunes du secondaire (high school) et de 23 % à 12 % chez les adultes, ce qui permettrait, à long terme, de prévenir le décès de 7,1 millions de personnes.

Un rapport abrégé

Afin de sensibiliser le grand public aux problèmes de santé engendrés par la cigarette, une version abrégée et vulgarisée du rapport a été produite. Abondamment illustré, ce document de 36 pages est disponible, en anglais, au www.surgeongeneral.gov. Une présentation interactive permet également de visualiser les effets du tabac sur une dizaine d’organes du corps humain.

Josée Hamelin