Objectif : 1,5 million de fumeurs en moins d’ici 2011

Fier du succès de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme, qui a permis de réduire l’usage du tabac de 23 à 19 % depuis 2001, le gouvernement du Canada a récemment décidé de revoir ses objectifs. Au cours des quatre années à venir, il espère entre autres persuader 1,5 million de fumeurs de renoncer à la cigarette, ce qui revient à abaisser la prévalence à 12 % d’ici 2011.

« Il est très ambitieux de vouloir atteindre un taux de tabagisme de 12 %, mais ce n’est absolument pas irréaliste, a affirmé le ministre de la Santé, Tony Clement. Compte tenu des progrès importants que nous avons accomplis au cours des dernières années, je suis certain que nous pouvons atteindre cet objectif grâce au renouvellement de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme. »

Il faut savoir que la Californie – qui a longtemps été considérée comme un modèle – a réduit sa prévalence de 23 à 17 %, après s’être dotée d’un audacieux programme antitabac en 1988. Toutefois, à partir de 1995, les gains sont devenus plus difficiles puisque l’État a mis 10 ans pour diminuer son taux de tabagisme de trois points de pourcentage (14 % en 2005).

Pour revenir au Canada, le gouvernement veut aussi diminuer le ratio de jeunes fumeurs de 15 à 17 ans de 15 à 9 % et faire passer la proportion de Canadiens quotidiennement exposés à la fumée secondaire de 28 à 20 %, toujours d’ici 2011. En plus de ces visées, il entend examiner la possibilité d’adopter de nouvelles politiques, poursuivre la mise en oeuvre de la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé et continuer à surveiller de près la contrebande.

S’ils se réjouissent que le gouvernement soit déterminé à réduire le tabagisme, plusieurs spécialistes de la lutte antitabac craignent que cette bonne intention ne soit pas accompagnée des ressources nécessaires à sa réalisation. « Santé Canada doit apprendre de ses erreurs passées, a déclaré le Dr Andrew Pipe, qui présidait la dernière Conférence nationale sur le tabagisme ou la santé (en faisant allusion aux nombreuses coupures subies par le budget fédéral). Les organisations non gouvernementales sont capables de beaucoup, mais seules, elles ne peuvent faire avancer les choses. »

Alors que la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme devait initialement bénéficier d’un investissement de 480 millions $ pour les années 2001 à 2006 (on estime qu’environ 160 millions auraient été amputés), Santé Canada et ses partenaires prévoient allouer 288 millions $ à la réduction du tabagisme d’ici 2011. Ses quatre grands volets demeureront la prévention, l’abandon, la protection contre la fumée secondaire et la réduction des préjudices.

Un bilan positif

Mise sur pied en 2001, la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme est un plan global et intégré ayant pour but de réduire la morbidité et la mortalité imputables à l’usage du tabac. Échelonnée sur une période de 10 ans, elle avait pour mission initiale : de réduire la prévalence du tabagisme à 20 %, de faire passer le ratio des détaillants refusant de vendre du tabac aux mineurs de 69 à 80 %, de diminuer le nombre de cigarettes vendues de 30 %, de faire en sorte qu’un moins grand nombre de personnes soient exposées à la fumée secondaire dans les lieux publics et d’étudier comment imposer des changements aux produits du tabac afin de les rendre moins dangereux.

En 2004, soit sept ans avant la date prévue, l’objectif concernant la prévalence était atteint. L’année suivante, c’était celui sur la vente aux mineurs. À la fin de 2005, les provinces et territoires (à l’exception du Yukon) disposaient pratiquement tous de règlements limitant l’usage du tabac dans les endroits publics, et ceux qui n’en avaient pas encore prévoyaient en adopter. Quant aux ventes de cigarettes, le gouvernement estimait, en 2004, qu’elles avaient régressé de 22 %. Enfin, pour ce qui est de la dangerosité des cigarettes, le Canada adoptait en 2005 un règlement pour diminuer leur potentiel incendiaire.

Josée Hamelin