Nouvelles brèves

Poursuites contre les cigarettiers

Après la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario, c’était maintenant au tour de l’Alberta d’annoncer le 25 octobre le lancement d’une action judiciaire contre les compagnies de tabac afin d’obtenir un dédommagement pour les dépenses supplémentaires en soins médicaux et autres soins de santé accordés aux victimes du tabagisme actif ou passif. L’Alberta réclamera environ 10 milliards de $.

À force d’arrestations et de saisies, la contrebande du tabac aurait baissé à moins de 20 % du marché au Québec, selon l’ADA.

Au Québec, le lancement de la poursuite par le ministère public est retardé par la contestation judiciaire par les grands du tabac de la Loi sur le recouvrement du coût des soins de santé et des dommages-intérêts liés au tabac. Adoptée unanimement par l’Assemblée nationale en juin 2009, cette loi vise notamment à rendre admissible devant les tribunaux une preuve épidémiologique des méfaits du tabac. Le 2 novembre dernier, la Cour supérieure a confirmé le droit de l’industrie de contester la Loi, en dépit de sa similarité avec une loi de la Colombie-Britannique reconnue valide par la Cour suprême. Les cigarettiers ont prétendu jusqu’ici que la nouvelle loi québécoise enfreint le droit à un procès équitable garanti par la Charte [québécoise] des droits et libertés… de la personne.

Ventes taxées à la hausse

Pour un cinquième trimestre consécutif, Philip Morris International, propriétaire de Rothmans Benson & Hedges, a mentionné à ses actionnaires que la croissance de son volume de ventes au Canada est due aux mesures prises par les gouvernements depuis le milieu de 2009 pour réduire la contrebande des cigarettes.

D’autre part, sous le titre « La contrebande recule de façon importante ! », dans l’édition de novembre-décembre de sa revue RADAR, l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), groupement à ne pas confondre avec l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA), rapporte que, selon des confirmations reçues des compagnies de tabac, « la contrebande du tabac ne représenterait plus 40 % mais bien 19 % des cigarettes mises en marché au Québec ».

Pierre-Alexandre Blouin, le vice-président aux affaires publiques de l’ADA, ne crie pas pour autant victoire et souhaite « maintenir la pression sur les réseaux illégaux », par diverses mesures qui ont donné des résultats. L’ADA, qui a notamment appuyé depuis ses débuts le programme VITAL de lutte contre les ventes illégales de tabac, se réjouit des effets significatifs du programme à Laval, à St-Jérôme et sur l’île de Montréal. L’ADA souhaite la pérennisation des escouades policières anti-contrebande et que le gouvernement du Québec étudie la possibilité d’étendre VITAL à d’autres villes importantes, notamment à Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Québec et Saguenay.

Non-fumeurs majoritaires

À la mi-avril 2008, quand le règlement des pénitenciers fédéraux canadiens autorisait encore les détenus à posséder du tabac et à fumer dans la cour des prisons, 31 % des détenus se déclaraient non-fumeurs, selon le Service correctionnel du Canada.

À partir de juin 2008, il a été interdit de posséder du tabac et de fumer aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de tous les établissements de détention fédéraux, cette mesure ayant été précédée d’une offre répétée de services psychologiques et d’aides pharmacologiques aux fumeurs, afin de les aider à rompre avec leurs dépendances.

À la mi-septembre 2010, 55 % des détenus se déclaraient non-fumeurs. Si cette statistique n’atteint pas 100 %, même alors que les soi-disant fumeurs ne peuvent plus fumer, c’est parce que la population carcérale change. Comme on pouvait s’y attendre, plusieurs détenus qui étaient là en juin 2008 ont purgé leur peine et ont été libérés, ou sont décédés. Vingt-huit mois plus tard, leurs cellules sont occupées par d’autres individus condamnés plus récemment et dont plusieurs se déclarent encore fumeurs.

De Facto met le paquet
Une des grenades bien emballées de la nouvelle campagne De Facto

À l’écran apparaît une grenade à main, comme le public est habitué d’en voir dans des films de guerre ou des jeux vidéo, mais « habillée » de différents costumes, tournant comme un dessert dans une vitrine; puis la même arme dégoulinante de chocolat fondu; puis toujours la même grenade peinte aux couleurs d’un jouet d’enfant. Le tout est suivi par ces phrases nues, en noir sur blanc : « Bien emballés, tout aussi meurtriers. », puis « L’industrie du tabac vend ses produits dans des paquets au look attrayant pour les jeunes » et « Des produits qui provoquent la mort de plus de 5 millions de personnes chaque année dans le monde ». En parallèle, pendant les mêmes 40 secondes, le téléspectateur ou l’internaute entend un air lugubre au piano, puis le cliquetis d’une goupille retirée et le bourdonnement d’un moniteur d’activité cardiaque après la mort, accompagnés dans certaines versions par une voix hors champ qui raconte l’histoire dans ces mêmes mots apparaissant à l’écran.

Voilà ce que donne à voir et à entendre un message de la campagne De Facto de dénormalisation de l’industrie du tabac, en cours sur les écrans de télé depuis le 20 octobre, après des années de purgatoire imposées à cette initiative du Réseau du sport étudiant du Québec.

Le Dr Fernand Turcotte, professeur émérite de médecine sociale et préventive de l’Université Laval, croit que l’annonce De Facto « vient combler un créneau qu’il fallait combler » dans le discours contre le tabac, d’une manière « adaptée à la culture des adolescents et des jeunes adultes ». « Génial et percutant », dit François Damphousse de l’Association pour les droits des non-fumeurs.